Chrestomathie
Que contient cette chrestomathie d’Allouch ? Vingt et un textes qui – dès 1983 et jusqu’en 2022 – portent sur les multiples croisements entre le frayage analytique de Jacques Lacan et le parcours philosophique de Michel Foucault. Croisements en proximités et éloignements, voire crispations parfois, Lacan allant jusqu’à reprocher à Foucault lors d’une conférence à Nice en 1974 de ne pas avoir fait d’analyse (avec qui… ?), Foucault de son côté reprochant à la psychanalyse d’être une « technologie de l’aveu », ce qui pour ce nietzschéen libertaire est intolérable.
« Foucault, une pensée sans aveu », a écrit François Ewald à son propos. Pour autant, dès l’Histoire de la folie à l’âge classique (1961) les compliments de Lacan ne manquent pas, non plus que pour Naissance de la clinique (1963). Ce que Jean Allouch ne manque pas de rappeler, lui qui prit pour point de départ dans ses écrits la conférence de Foucault du 22 février 1969 « Qu’est-ce qu’un auteur ? » à la Société française de philosophie. Une conférence à laquelle Lacan assiste, intervenant brièvement pour dire son accord avec ce qui a été dit. En 1983, dans la revue de psychanalyse Littoral, Jean Allouch republie cette conférence en sollicitant l’accord de Foucault : un acte.
On se souvient de sa déclaration du 13 janvier 1998, selon laquelle « la position de la psychanalyse, dis-je, sera foucaldienne ou la psychanalyse ne sera plus ». Ce dire d’Allouch qui sut être un critique de Lacan mais aussi de Foucault est ici déplié dans ses conséquences pour le champ freudien sur plus de 350 pages.

Isabelle Châtelet, membre de l’association de psychanalyse Encore.
Guy Casadamont, membre de l’École lacanienne de psychanalyse.
