Eric Didier Moi, je laisse faire, je regarde les étincelles

Cinq Conférences sur la psychanalyse d'enfants Editions Petite Capitale, 2011, 126 pages, 15€

Cabinet de lecture : Annik Bianchini nous donne son avis

Psychanalyste, membre du Cercle Freudien et du Salon Œdipe, journaliste, Annik Bianchini Depeint collabore à “Actualité en France”, la revue d’information du ministère des Affaires étrangères et européennes. Elle a enseigné au Centre culturel français de Rome. Ses publications sont orientées, par priorité, sur les auteurs et les événements alliant connaissance et recherche, dans le domaine de la psychanalyse et des sciences humaines.

Ces Cinq Conférences sur la psychanalyse d’enfants ont été prononcées par Eric Didier, en 2010, à l’université du Sichuan à Chengdu, en Chine, sur une invitation du Pr Huo Datong. Elles réjouiront ceux qui aiment la psychanalyse quand elle réinvente la dynamique du transfert.  Huo Datong avait fait une psychanalyse en France avec Michel Guibal.  Les deux analystes, français et chinois, se trouvent  aujourd’hui passeurs de la psychanalyse et de l’enseignement de Jacques Lacan en Chine.

Psychiatre de formation, Eric Didier est actuellement un des rares psychanalystes hommes à conduire des cures d’enfants. Elève de Françoise Dolto, dont il a suivi les séminaires, il a longuement exercé dans des institutions de soins pour enfants et adolescents de la région parisienne.

Françoise Dolto lui a dit un jour : “«Eric Didier, vous êtes psychanalyste». Au moment où elle l’a dit, je l’ai cru, sans savoir pourquoi, et puis j’ai très vite compris  qu’on pouvait n’être psychanalyste  que par intermittence, par moments; qu’on peut être psychanalyste pour un patient et pas pour un autre, qu’on pouvait être psychanalyste à une séance et puis pas à la séance suivante; qu’on pouvait être psychanalyste, entendre extrêmement bien un jour et rien comprendre le lendemain…”

Ces cinq conférences se lisent comme un roman. Elles fourmillent de récits cliniques, de trouvailles techniques et de répliques savoureuses aux questions des étudiants.

Question d’un étudiant : “Tu as raconté une histoire où Michel Guibal a invité un clochard à parler, et ensuite une histoire avec un petit garçon qui invite une petite fille  à voir le feu d’artifice d’un train qui déraille. Qu’aurais-tu fais face à ce petit garçon ?
Eric Didier : Moi, je laisse faire, je regarde les étincelles.
Pr Huo Datong : Tu n’aurais pas invité le petit garçon à parler, à dire pourquoi il voulait faire ça ?
Eric Didier : C’est compliqué comme question, c’est très personnel…”

Ces cinq conférences apportent ici la preuve que  la psychanalyse est encore capable de dénouer bien des fausses paroles familiales et sociales qui paralysent le désir des enfants.

“«Alors, ce matin tu vas voir ton pingouin ?», dit le père. A quoi le petit garçon me raconte qu’il a répondu  du tac au tac : «Un pingouin c’est un pingouin et un docteur c’est un docteur.» ”

Face à un auditoire neuf, ayant presque tout à découvrir de la psychanalyse, le propos du livre est alerte, clair, plus proche de l’expérience clinique que de la théorie.

“Voilà mon rêve à présent. Un adolescent arrive. Je ferme la porte de mon cabinet et il me dit : «Bonjour mon petit lapin !» Dans le rêve, je suis furieux… Et puis au réveil, ça me faire rire… Voilà ce que je pense du rêve : c’est que d’abord, quand on fait un rêve – je vous conseille de penser à ça – le rêveur est absolument chacun des personnages du rêve, tout ce que dit un personnage à l’autre, c’est le rêveur qui le dit, on est même peut-être tous les objets qu’il y a dans un rêve. Donc, «Bonjour mon petit lapin», c’est moi qui le dit. Le rire est celui de la délivrance…”

Le livre existe en deux versions, française et bilingue français/chinois (traduction de Jiang Yu et Michel Guibal). La version bilingue n’est pas distribuée et doit être commandée directement à l’éditeur.

Annik Bianchini

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