Cabinet de lecture : Annik Bianchini nous donne son avis |
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Que faire des personnes atteintes ? Comment les soigner ? Derrière les attaques lancées contre la psychanalyse se profile le débat sur la conception de la clinique et, plus fondamentalement encore, sur la conception de l’individu. Le présent essai propose une politique pour la folie reposant sur la pratique psychiatrique, articulée et pensée du point de vue de la psychanalyse, et montre comment transposer l’expérience analytique dans le champ clinique des psychoses. Guy Dana est né à Alexandrie. Après des études de médecine et de philosophie, |
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Partant des principes directeurs de la psychanalyse, l’idée tenace de cet ouvrage est que ces principes, dès lors qu’ils s’articulent autour de la clinique des psychoses, sont porteurs d’une politique. A terme, en aménageant en conséquence le cadre analytique, la politique qui se dessine déplace les enjeux qui, aujourd’hui, pèsent sur le champ social dans son entier et sur la psychiatrie en particulier : déshumanisation, exigence de rendement et instrumentalisation de nos peurs, industrialisation de la santé. Dans la première partie de ce livre, l’auteur détaille les trois piliers fondamentaux de la psychanalyse : l’association libre, le conflit psychique et le transfert, où l’enjeu est de conquérir un nouvel entendement, de lever le ou les interdits de pensée, et d’éprouver la notion d’espace psychique. Il donne à entendre quelque chose au niveau de la parole, du silence, de l’espace entre les mots qui constitue l’expérience même de l’analysant. Ecoutons-le : “C’est un espace d’élaboration qui fait défaut. Cet espace peut-il se conquérir et à quelles conditions ? Autrement dit, comment rendre opérant le couple que forment ensemble espace et langage alors que règne le chaos ?” Dans une deuxième partie, Guy Dana avance des réponses à ces questions : “L’espace, quand il est structuré par un ensemble institutionnel, fait naître un langage. C’est en traitant le couple espace-langage comme une pâte à modeler que l’intervalle, le tiers, ou encore l’originaire redeviennent pensables, permettant d’approcher un peu mieux l’influence, le chaos ou l’effondrement”. Il montre, et l’idée est novatrice, que les impasses qui se rencontrent dans le traitement des psychoses sont aussi des balises pouvant ouvrir un nouvel horizon. Ce qui permet de soutenir l’hypothèse d’une hospitalité pour la folie. L’inventivité de la psychanalyse, revisitée à partir de Freud, Lacan et Winnicott, est l’antidote, pense-t-il, qui permet de proposer et d’initier de façon précise une autre approche de la folie et de la souffrance humaine. Car la responsabilité des psychanalystes reste déterminante, à condition de ne pas renoncer à faire preuve d’une solidarité indispensable ni d’abandonner cet espace de la cure qui est la leur. Ce livre de près de 300 pages, d’un style très personnel, s’adresse aux professionnels de la santé comme aux acteurs du monde politique, mais aussi à toute personne confrontée à cette problématique dans son entourage ou dans sa famille. Annik Bianchini |