Gisèle-Harrus-Révidi

"Qu'est-ce que l'hystérie?" Petite Bibliothèque Payot, Réédition revue et corrigée 2010, 187 p., 7,50€

Cabinet de lecture : Annik Bianchini nous donne son avis

Journaliste, Annik Bianchini Depeint a enseigné au Centre culturel français de Rome. Elle collabore régulièrement à “Actualité en France”, la revue d’information du ministère des Affaires étrangères et européennes. Ses publications sont orientées, par priorité, sur les auteurs et les événements alliant connaissance et recherche, notamment dans le domaine des sciences humaines et de la psychanalyse.

Depuis Hippocrate et Galien jusqu’à Freud, l’hystérie est une gageure à la pensée scientifique car il demeure impossible de la faire entrer  dans un cadre définitif. Tout essai de définition stricte de l’hystérie restant ainsi voué à l’échec.

L’hystérie est un concept relevant tant de la langue populaire que du discours médical.  De toutes les époques, il n’y en eut aucune où le sujet ne fut abondamment traité.  Sous ce vocable existe une multiplicité de théories, qui ont beaucoup évolué  en fonction des époques, des cultures, des pays. C’est pourquoi Gisèle Harrus-Révidi   explique que traiter de l’hystérie est  avant tout traiter de l’histoire de ce qui fut longtemps considéré  comme une maladie féminine, puis s’avéra mal universel, avant de disparaître des manuels de psychiatrie sous l’influence des Américains.Cependant, observe l’auteur, il faut lui reconnaître une aptitude exceptionnelle à générer problématiques et savoirs.

C’est en effet autour de l’hystérie que se sont vectorisés certains progrès scientifiques de la médecine et des sciences humaines, contribuant ainsi, par exemple,  à la différenciation entre maladies organiques et maladies  mentales. Et si l’hystérie a permis à la neurologie  d’avancer,  elle a aussi donné naissance à la sexologie, et surtout à la psychanalyse.

Gisèle Harrus-Révidi, psychanalyste et universitaire, est l’auteur de plusieurs ouvrages  aux Editions Payot, dont “Psychanalyse de la gourmandise” et “Parents immatures et enfants adultes”. 

Comment va l’hystérie aujourd’hui ? Elle est toujours aussi folle. Elle est enfermée dans ses châles et ses tissus épais. Et comme toujours, elle se prétend volontaire, active. Elle est artiste, se fait photographier. Depuis 1992, l’OMS la reconnaît comme pathologie à part entière.

 “L’hystérie est toujours là, manifestation de vie, parfois dans un théâtralisme outrancier, parfois avec une apparence mortifère mais elle ne se reconnaît pas elle-même. Son rôle est essentiel, celui d’insuffler des modèles conscients et inconscients, pérennes ou labiles”, observe l’auteur.

Qu’est-ce donc que l’hystérie ? Quelle est son histoire ? Quelles notions renferme-elle ? Quel est son sens aujourd’hui ? Autant de questions auxquelles répond  ce petit ouvrage clair et synthétique.

Annik Bianchini

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