Giovanni Sias « Fuga a cinque voci »

L’anima della psicoanalisi e la formazione degli psicoanalisti Antigone Edizioni, octobre 2008, 154 p.

Cabinet de lecture : Annik Bianchini nous donne son avis

Journaliste, Annik Bianchini Depeint a enseigné au Centre culturel français de Rome. Elle collabore régulièrement à “Actualité en France”, la revue d’information du ministère des Affaires étrangères et européennes. Ses publications sont orientées, par priorité, sur les auteurs et les événements alliant connaissance et recherche, notamment dans le domaine des sciences humaines et de la psychanalyse.

   

A partir de cinq arguments (vérité, parole, alphabet, masque, objet), qui s’affleurent, se rapprochent, se séparent, s’intriquent et se poursuivent tout au long du livre, comme dans une fugue à cinq voix, Giovanni Sias cherche à expliquer les origines de la pratique analytique et propose, en se basant sur sa propre expérience, les modalités de la formation du psychanalyste. “Quella che scrivo è la mia personale esperienza. Altri possono, percorrendo le vie della loro pratica, introdurre esperienze inedite. Sono esperienze che hanno valore solo se non sono da « esportazione », écrit-il.

Dans la lignée d’une tradition intellectuelle italienne et méditerranéenne, et dans le prolongement d’un travail commencé dans un ouvrage précédent : “Inventario di psicoanalisi”, l’auteur touche au cœur d’une question essentielle : qu’est-ce que l’âme de la psychanalyse ?

Il en ressort une pensée originale qui, après l’époque des grands théoriciens comme Jacques Lacan, ouvre à nouveau le discours sur les chefs de file des théories psychanalytiques (car ce n’est pas la psychanalyse qui est en crise, mais bien plutôt certains analystes), sur les modes de transmission de la psychanalyse, et d’une façon plus générale, de la culture. La lecture des textes classiques, la tragédie grecque, la poésie, le théâtre sont, pour l’auteur, la voie privilégiée d’accès à la formation du psychanalyste. Sachant que c’est sur le divan que l’on devient analyste.

Giovanni Sias, psychanalyste, historien de formation, exerce en Italie, à Milan et à Florence). Il est l’auteur de nombreuses publications, parmi lesquelles Cinq propos sur la psychanalyse (Erès, 2001), Inventario di psicoanalisi (Bollati Boringhieri, 1997). Après la loi italienne sur les psychothérapies approuvée il y a environ quinze ans, maintenant seules existent, en Italie, les psychothérapies, auxquelles on reconnaît un statut scientifique, critère qui légitime leur usage dans un lieu privé ou institutionnel. La psychanalyse n’étant jamais nommée, elle n’existe donc pas.

Il s’agit, aujourd’hui, de reconnaître la spécificité de la psychanalyse -qui résulte de la reconnaissance de l’inconscient-, par rapport à la médecine, aux neurosciences et aux psychothérapies. Giovanni Sias nous invite à penser cette discipline, de même que la création artistique, poétique et littéraire, seules à même, selon lui, de restituer la dimension tragique de l’existence humaine.

Dans le présent ouvrage, Giovanni Sias définit les conditions d’existence de la psychanalyse, en partant de la centralité de l’analysant et de son expérience : “La pratica della psicoanalisi è quella dell’analizzante, che articola la propria domanda ed elabora il suo posto e la sua presenza nella scissura aperta da quella stessa domanda e che mai più si richiuderà”… “Sono sempre più convinto della giustezza della proposizione di Schnitzler, da me usata come esergo all’Inventario di psicoanalisi, dieci anni fa :« Non è nuova la psicoanalisi, ma Freud »…

Après une étude sur les rapports entre la psychanalyse, la médecine et la philosophie, l’auteur arrive à la proposition d’une nouvelle alliance entre la psychanalyse et la philosophie. “Senza filosofia, niente psicoanalisi, e neppure è possibile alcuna esperienza, meglio sarebbe dire formazione psicoanalitica. Perche, lo ripetiamo, l’esperienza psicoanalitica è formazzione e educazione all’etica”.

Un ouvrage original et novateur, non encore traduit en langue française, qui pousse à s’interroger sur sa pratique d’analyste, toujours en cours, et sur la forme de l’existence de la psychanalyse, qui est aussi sa substance, son langage.

Annik Bianchini

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