Annik Bianchini nous donne son avis Jean Allouch « La psychanalyse est-elle un exercice spirituel? » Réponse à Michel Foucault

Editions Epel, 2007, 104p.

 

Reconnaître en la psychanalyse une certaine figure de la spiritualité, lui proposer un lieu, tel est l’objet du présent ouvrage. L’auteur, Jean Allouch, est psychanalyste à Paris. Il a publié “Ombre de ton chien”, Discours psychanalytique”, “Discours lesbien”, “Ça de Kant, ça de Sade”, “Le Sexe du maître”, “L’Érotisme d’après Lacan”.
Dès les premières lignes du livre, Jean Allouch se réfère à Michel Foucault : “L’action de Michel Foucault visait au-delà de la pensée. Quel qu’en soit le terrain, ses interventions étaient indissociablement théoriques et politiques. La remarque, faite après bien d’autres, dont Gilles Deleuze, apparaît aujourd’hui simplement banale. Mais surtout ces interventions, affaire de style, étaient averties de leurs propres limites et proches en cela de celles de la psychanalyse”. Car la psychanalyse aussi importait à Michel Foucault.

En 1982, dans son premier cours sur l’Herméneutique du sujet, Michel Foucault adressait aux psychanalystes une proposition effective. Il avait agi de la même façon en 1969 et Jacques Lacan avait sur-le-champ relevé le gant en lui répliquant par sa théorie sur la discursivité. Cette fois-ci, le défi est plus radical : il met en cause le statut même de la psychanalyse dans l’histoire, la culture et l’épistémè. Cette nouvelle intervention part d’un constat : la psychanalyse n’est pas une science mais une “forme du savoir”, un “délire dont on attend qu’il porte une science”, selon Lacan à l’époque.

En récusant qu’elle soit une psychologie, un art, une religion, une magie, et même une science, Lacan n’aurait-il d’ailleurs pas laissé la psychanalyse dans une position d’instabilité et de flottement, ne sachant plus ce qu’elle est ni où elle est ?

La psychanalyse n’a pas su, indique Foucault, se penser “dans le tranchant historique de l’existence de la spiritualité et de ses exigences”. Et partant de là, elle s’est éloignée de ce que pourtant elle est : une expérience spirituelle qu’il définie comme la recherche, la pratique, l’observation par lesquelles le sujet opère sur lui-même, à travers un autre, les transformations nécessaires pour avoir accès à la vérité. Seul Lacan, note Foucault, a participé à ce rapprochement. Son introduction dans le champ freudien des termes “vérité” et “sujet” révèle le déplacement à demi silencieux qu’il réalisait, la psychanalyse glissant du psy au spy, du psychologique au spirituel.

L’ouvrage pose trois questions fondamentales : quel crédit donner à cette généalogie de la psychanalyse que bâtit Michel Foucault ? Qu’en est-il de la spiritualité chez Lacan ? Et chez Freud ?

Annik Bianchini

 

 
       

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