José Attal, préface de Jean Allouch La passe à plus d’un titre

La troisième proposition d'octobre de Jacques Lacan l'Unebévue éditeur, 2012, 95 pages, 20€

Cabinet de lecture : Annik Bianchini nous donne son avis

Psychanalyste, membre du Cercle Freudien et du Salon Œdipe, journaliste, Annik Bianchini Depeint collabore à “Actualité en France”, la revue d’information du ministère des Affaires étrangères et européennes. Elle a enseigné au Centre culturel français de Rome. Ses publications sont orientées, par priorité, sur les auteurs et les événements alliant connaissance et recherche, dans le domaine de la psychanalyse et des sciences humaines.

La question de la passe a, dès son origine, divisé les disciples de Jacques Lacan.

“Jusqu’à ce nouvel ouvrage de José Attal, on n’avait pas su prendre acte d’une difficulté à laquelle eut affaire Jacques Lacan dont lui-même parla fort peu, sinon point du tout. Ce silence ne l’évacue certes pas mais a peut-être contribué à ce que ceux qui tentent de lire Lacan et de rendre compte de leurs lectures n’y aient jusque-là guère pris garde. Dans l’impossibilité où il se trouvait aussi bien de passer outre que de la résoudre, Lacan s’en tira comme il put, plus ou moins bien…”, explique Jean Allouch dans la préface. Jean Allouch observe qu’en reliant un  dispositif institutionnel à une théorisation en constante variation, Lacan prenait le risque de susciter des débats sans fin, chacun pouvant se référer à tel ou tel moment de la théorie que lui-même avait conçue.

Le projet de Jacques Lacan, avec la passe, était de transformer complètement la structure des institutions psychanalytiques.

José Attal retrace, dans cet ouvrage, l’historique des différentes versions produites successivement.

Un des intérêts majeurs de ce livre repose dans l’indication qu’en novembre 1973, il s’est produit quelque chose de particulièrement intéressant à l’endroit de la supposée transmissibilité de la psychanalyse, ce que José Attal qualifie de nouveau départ. “Les deux premières Propositions d’octobre 67 sur le psychanalyste de l’Ecole, qui étaient censées régler cette transmission, s’avèrent être antithétiques l’une l’autre, et apparaît, formulée en 1973, ce qu’il faut bien nommer  une troisième Proposition d’octobre 67”.

Comment se définissent et apparaissent les titres “analystes de l’école” et “analystes membres de l’école”, AE et AME ? Que doit-on comprendre par non-analyste ? Pour José Attal, le non-analyste est quelqu’un d’analysé et qui est praticien de l’analyse. Donc un analyste. Mais qui ne se prend pas pour un psychanalyste. Et la passe, c’est le passage à l’analyste et au non-analyste, deux hétérogénéités prises ensemble.

“La nouvelle proposition, troisième Proposition d’octobre 1967, s’organise autour du fait que la passe n’a rien à voir avec l’analyse, et que celle-ci étant intransmissible, elle oblige chaque analyste à la réinventer en s’autorisant de lui-même et par là de quelques autres”, écrit l’auteur. La formule “L’analyste ne s’autorise que de lui-même” se transforme ici et s’adjoint le complément  de “quelques autres”.

Qu’est-ce que témoigner ? Le dernier paragraphe de l’ouvrage évoque le témoignage en tant que lieu de l’expérience même de la passe. Ce n’est pas de soi que l’on témoigne mais par soi, selon José Attal. “Il y a du psychanalyste, dont par exemple moi je suis le témoignage”, disait Lacan. Conclusion, la passe, ça n’a rien à faire avec l’analyse.

Annik Bianchini

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