Cabinet de lecture : Annik Bianchini nous donne son avis |
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Dans son dernier livre, Jean-Pierre Winter fait une analyse fine des enjeux de la transmission de la vie et de l’homoparentalité, et nous apporte des éléments de réflexion sur le sujet. L’auteur explique comment le désir des couples homosexuels de “fabriquer” un enfant grâce à la procréation médicalement assistée bouleverse toutes nos représentations de la parenté et de la filiation. Jean-Pierre Winter ne remet pas en cause les capacités pédagogiques ni l’amour que des homosexuels sont à même de mettre au service d’enfants dont ils auraient la charge. Ni la sincérité de leur désir maternité-paternité. Simplement, il nous rappelle que la validation légale de la “famille”homosexuelle ne doit pas être de l’ordre de l’évidence mais qu’elle peut avoir des conséquences négatives dans la construction des enfants et d’une société puisque cette revendication se fonde sur un mythe : celui du couple homosexuel procréatif. Ce n’est pas le couple qui fera l’enfant, mais un trio, étant donné que concrètement, le couple homosexuel ne peut pas avoir d’enfant. Jean-Pierre Winter soulève ainsi la violence du refus du réel. |
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Jean-Pierre Winter est psychanalyste et a une formation de philosophe. Il a fait des études de philosophie et de droit. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont “Les hommes politiques sur le divan” (Calmann-Levy, 1995). Jean-Pierre Winter préfère le mot de “parenté” à celui “d’homoparentalité”. Il rappelle ainsi certaines distinctions lexicales et sémantiques importantes pour dénoncer les abus de langage : la différence entre “parenté” et “parentalité”. Le mot “parentalité” met en effet l’accent sur la dimension éducative et affective de la relation parents-enfant. Alors que le mot “parenté” établit le lien biologique. Or l’auteur indique qu’ il ne s’agit pas seulement d’élever des enfants mais bien d’établir une filiation. Qu’est-ce que la différence des sexes pour le psychanalyste ? Pourquoi est-elle si importante dans la construction du psychisme et pour son fonctionnement ?, Jean-Pierre Winter nous met ici en face de conséquences troublantes du rejet d’“altérités fondamentales”, telles que la différence des sexes (celle dont nous sommes issus), opérée par le couple homosexuel : “Le déni de la différence la plus universelle et la plus lourde de conséquences : la différence des sexes, sous-tendant le déni de la différence entre la vie et la mort”. Les militants de la cause homosexuelle souhaitent que soit inscrit dans le marbre une loi les reconnaissant comme couple parental à part entière, au nom de la démocratie et de l’égalité des droits. “La question est alors de savoir s’il est souhaitable de donner force de loi à ces stratégies de contournement. Faut-il légaliser la mise en acte d’un fantasme qui pourrait s’avérer néfaste, même s’il paraît en adéquation avec les bouleversements scientifiques et politiques de notre société ?”, s’interroge Jean-Pierre Winter. Dans le même ordre d’idées, précise-t-il, “il est fait état aujourd’hui d’un nombre de 50 000 à 150 000 enfants vivant dans des foyers polygames, sans que personne ne songe pour autant à légaliser la polygamie”. Qu’en est-t-il aussi de la souffrance et de l’angoisse de ceux qui ont été confrontés à de tels manques de père ou de mère ? Cet essai, osé et décoiffant, invite à prendre le temps de réfléchir à toutes les dimensions du problème. Annik Bianchini |