Cabinet de lecture : Annik Bianchini nous donne son avis |
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Ecrire Stéphane Mallarmé, « L’Action restreinte », dans Quant au livre. |
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Jacques Lacan a creusé le nœud comme Stéphane Mallarmé a creusé le vers. Qu’est-ce que la théorisation du nœud borroméen, chez Jacques Lacan, apporte et change à la pratique du psychanalyste et à la conception de la cure analytique ? Dans la continuité de son livre Au risque de la topologie et de la poésie, Elargir la psychanalyse (Editions Erès, 2011), l’auteur poursuit la même question, il creuse comme le mineur de fond, dans le noir, dans le noir de la cartouche d’encre. Il s’agit pour lui de provoquer une réflexion et un débat sur la méthode borroméenne – ses principes, ses axiomes, ses hypothèses -, et sur ses conclusions. Psychiatre de formation et psychanalyste formé par Jacques Lacan, Michel Bousseyroux exerce la psychanalyse et l’enseigne à Toulouse. Il est membre de l’Ecole de psychanalyse des Forums du Champ lacanien (EPFCL). Il a dirigé la revue Trèfle de 2000 à 2002, et fondé avec Didier Castanet, en 2003, la revue de psychanalyse L’En-je lacanien, dont il est le directeur. Le nœud, le réel du nœud que Lacan a fait sien pour repenser la psychanalyse, doit son nom à la famille des Borromeo, issue de Lombardie, qui, sur ses armoiries, à partir du XVè siècle, symbolise sa triple alliance avec les Sforza et les Visconti, par trois anneaux enlacés de façon telle que, si on en coupe un, n’importe lequel, les deux autres sont libres. Dans le présent ouvrage, l’auteur cherche, au fur et à mesure de l’exploration des nœuds borroméens, des réponses et des solutions. Des réponses du borroméen, quant à ce qui le fait rater et le répare, il en a été obtenu par le cas de James Joyce, notamment en ce qui concerne son rapport à son corps. Lacan le Borroméen, comme Joyce le Symptôme. Joyce a en effet été un tournant dans la pensée de Lacan. Jacques Lacan cherche, au cours du séminaire sur Joyce, comment l’interprétation opère au niveau du réel du nœud. Le Réel, le Symbolique, l’Imaginaire, ces « trois » qui ne sont pas de Freud, émergent par et pour le discours analytique, là où c’est le symptôme, son quatrième rond, qui les noue. Dans le chapitre 3, Michel Bousseyroux rappelle que la thèse centrale du deuxième chapitre du Séminaire Encore de Jacques Lacan, est que le signifiant est cause de la jouissance. Il soutient, dit-il, devant Jakobson, que le signifiant, sa fonction, c’est de nous faire jouir. Le signifiant est donc cause de la jouissance. « L’incidence du signifiant comme cause de jouissance est à reconnaître dans la grammaire sous l’aspect de cause formelle. » L’écriture intéresse au plus haut point ce qui se passe dans une analyse. Ecriture qui vient du dire de l’analyse, où se loge l’action de l’analyste. C’est de l’écriture qu’il s’agit aussi avec le nœud, car le nœud, il faut l’écrire pour comprendre quelque chose. La question est de savoir comment ça se noue et se renoue, dans une analyse, et dans une vie. Jacques Lacan a dit qu’il y a du poétique dans lalangue, et donc qu’un poème en est le contenu latent, comme dans le rêve. « La poéthique de l’interprétation analytique creuse, termite silencieux, le nœud du dire pour que la parole donne sa reson. », remarque l’auteur. L’analyse est à entendre ici comme un traitement ayant le pouvoir de transformer les structures, transformation qui peut advenir au hasard d’une nomination nouante, concept fondamental de la théorie borroméenne, dont cet ouvrage explore la fonctionnalité dans la clinique. Annik Bianchini |