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Sur la couverture du livre ne figurent que le titre et le nom de l’auteur. Il n’est qualifié ni de roman ni de récit, ni de témoignage, ni d’autobiographie, ni d’essai ou je ne sais quoi d’autre. D’un roman, il garde tout de même une sorte d’intrigue discontinue, émaillée de scènes, de souvenirs, qu’il nous appartient de construire au fur et à mesure de notre lecture. Surgissent d’ailleurs parfois chez le lecteur des questions comme : « Qu’est-t-elle en train de nous dire ? Où en sommes- nous ? Qui est qui ? Quand cela a-t-il lieu »? Comme lorsque nos souvenirs circulent à l’aveugle.
Si l’on devait ramasser les problématiques abordées dans un désordre fécond, conforme au choix d’une chronologie subjective et non logique, elles seraient celles de l’exil, des langues et de l’origine, considérées sans fatalité, donc propres à donner lieu à élaborations nouvelles ayant valeur de création.
A dessein, je n’ai pas raconté ce livre. Toute tentative de ce genre aurait risqué de se livrer à un découpage stérile qui en aurait cassé le mouvement. Le raconter n’aurait fait que substituer le temps chronologique à la temporalité subjective, essentielle ici. Raconter pour que tout le monde comprenne, mais raconter quoi et comprendre quoi ? Pourtant, on a le sentiment d’en savoir plus lorsque l’on posé le livre. Il est donc sans doute l’un de ceux qui illustrent ce curieux phénomène : un livre nous donne la possibilité d’en savoir plus sans pouvoir dire de quel savoir il s’agit exactement. Risquons ce mot : un savoir sur la vie. Claude Spielmann (Novembre 2013) |