Christian Fierens

"LOGIQUE DE L’INCONSCIENT" Lacan ou la raison d’une clinique Editions L’Harmattan

 

Richard Abibon à lu …
Psychanalyste, Docteur en psychologie.
Livres publiés: « De l’autisme » Topologie du transfert dans l’exercice de la psychanalsye, EFEditions
Sous le pseudonyme de Léon Parkeur « La bouteille à l’ancre » (roman) EFEditions.

(En fin d’article Reponse de Chistien Fierens à Richard Abibon)

On trouve parfois des bûcherons scieurs de langue de bois. Christian Fierens est de ceux-là. Avec les planches, il nous reconstruit du concept solide comme un parquet de chêne. Je ne suis pas forcément d’accord avec lui sur tout, et d’ailleurs nous allons en discuter. Mais au moins, nous avons du pain sur la planche.

A commencer par le concept fondamental du lacanisme, le signifiant. C’est un vocable devenu tellement commun dans les écoles de psychanalyse et dans la littérature, qu’on ne sait plus ce qu’il veut dire. Il fait partie de meubles, et personne ne songe à le brûler pour maintenir le four en température, tandis que le concept se fait porter pâle, ici.

Alors Christian Fierens se demande tout bonnement ce que ça veut dire, le signifiant, mais pas seulement le signifiant : le diagnostic dit structural, les schémas de Lacan, la forclusion du Nom du Père, les 4 discours, le temps logique, les formules de la sexuation vont passer au crible de son tamis critique. Autrement dit, il nous refait « les 4 concepts fondamentaux » sous un autre angle d’attaque. Si Lacan revisitait les concepts freudiens, Christian Fierens retourne aux concepts lacaniens, et ça ne laisse pas de bois.

Je voudrais d’abord dire mon accord global à son propos qui est pourtant rare de nos jours, notamment lorsqu’il s’agit de diagnostic dit structural et de forclusion. Ils sont devenus les schibboleths du lacanisme. On entend et on lit beaucoup de choses autour de ceci : avant d’engager toute analyse, il faudrait « savoir à qui on a à faire », c’est-à-dire avoir su distribuer l’impétrant dans les trois catégories dite structurales : névrose, psychose et perversion. Cette répartition n’est même pas de Freud. Elle n’est que le titre donné par un éditeur bien intentionné à un recueil d’articles du père de la psychanalyse. Il n’est pas dit que ça ait été le propos de Lacan non plus. Il suffit de parcourir son œuvre en répertoriant ses emplois du mot « structure » : la plupart du temps, il s’agit de la structure du langage, et il faut se rappeler que le terme vient de Lévi-Strauss, chez lequel il signifie structure du mythe, mise en rapport de tous les éléments d’un ensemble. Il ne renvoie à aucune catégorie, mais au langage dont se servent les sociétés pour écrire leur fondement (le mythe) leur fonctionnement religieux (le rite) et leur système de parenté (notamment le mode d’échange des femmes).

Névrose, psychose et perversion ne sont que des modalités de la structure du langage commune à tous, et ces modalités coexistent chez tous, à des degrés divers chez chacun. Et chacun des mécanismes de défense correspondant à ces modalités de la structure (Verdrängung, Verneinung, Verwerfung) sont des modalités du refoulement. Continuer à faire du diagnostic, alors qu’on est psychanalyste, revient à ne pas s’être aperçu de la rupture épistémologique qu’a inaugurée la psychanalyse par rapport à la médecine. J’irais même à peine plus loin que Christian Fierens dans cette voie en laissant tomber les termes de clinique et de patient, que je laisse volontiers à la médecine. Le médecin diagnostique (dia : à travers : gnostique : un savoir) un patient (qui souffre et patiente – passif) au sein d’une clinique et éventuellement, il guérit. Le psychanalyste ne fait pas de diagnostic et a une pratique de l’insu (un non-savoir) dans le transfert avec un analysant (qui souffre et analyse – actif), qui en éprouve éventuellement un soulagement. Ici se pose la question des rapports de la théorie et de la pratique que Christian Fierens aborde à la fin de son ouvrage en termes de clinique. Mais n’anticipons pas, et avançons pas à pas dans la critique au sens kantien du terme, référence qu’il ne renierait pas puisque Kant revient souvent à l’appui de ses propos.

Qu’est-ce que le signifiant?

Sans doute faut-il toujours introduire une déformation dans un discours afin d’en prendre suffisamment de distance pour en même temps que l’entendre, le critiquer. C’est particulièrement lisible lorsqu’il s’agit d’un schéma. Grâce à un simple changement de sens des flèches du schéma L Christian Fierens nous le restitue dans une limpidité inconnue jusqu’alors. Le voici en regard du schéma L de la page 53 des « Ecrits » :

Si Lacan centrait tout sur le moi qui perçoit, se plaçant donc de ce point de vue, Christian Fierens oriente tout vers l’autre, ce qui est un point de vue freudien. On reconnaît en effet dans ce schéma celui proposé par Freud à Fliess dans sa lettre 52, moyennant quatre torsions qui permettent un double parcours : direct, de la perception à la motricité, c’est le langage de la connaissance, celui de la conscience aussi (imaginaire) ; indirect, passant par l’inconscient, il s’agit encore du langage, mais de celui qui aboutit aux rêves, aux lapsus, aux symptômes et aux actes manqués (symbolique).

Christian Fierens cite en note JM Vappereau (Etoffe, p. VIII) qui avait proposé avant lui un rabattement du schéma de la lettre 52 de Freud à Fliess sur le schéma L. Je trouve dommage qu’il ne l’ait pas reproduit dans son propre ouvrage, car c’est de la vision multiple que peut surgir le relief de la compréhension.

Schéma de la lettre 52 de Freud à Fliess

On notera que, bien que démuni de flèches, le schéma F de JM Vappereau implique un sens, imposé par le schéma de départ de Freud qui contraint aussi à un changement de sens par rapport au schéma L. Le problème n’est pas ici de trouver le bon sens, mais d’avoir le bon sens de trouver son miel dans chacune des figures qui s’éclairent l’une de l’autre.

* – en faisant partir toutes les flèches de A, Lacan mettait l’accent sur une origine qui serait le langage, inaugurant une ligne du signifiant bifide, droite d’un côté (Aàa) sur lequel on peut installer en effet les signes de perception de Freud, tordue de l’autre par le passage dans un inconscient qui n’est pas seulement localisé à l’Autre mais bien intermédiaire entre le sujet S (où il reconnaît le Es, le ça de Freud) et l’Autre.

* – en imprimant seulement quatre torsions au schéma de Freud, Vappereau nous montre comment la perception rejoint la conscience, selon les indications de Freud lui-même. L’accent est mis sur la continuité de la ligne signifiante dont le double usage se remarque plutôt au niveau du croisement inconscient-conscient. Comme chez Freud, tout part de la perception et non de l’Autre comme chez Lacan. Mais ne faut-il pas l’aide l’Autre pour percevoir quoi que ce soit, ne serait-ce que sa propre image au miroir ? et que serait l’Autre sans l’appui perceptif qui nous permet d’entendre ce qu’il dit, de voir ce qu’il nous montre ? Comme le schéma se referme sur lui-même on peut aussi supposer que tout part de la conscience. En fait on commence à percevoir la circularité nécessaire à l’appréhension globale de ce qu’on cherche à cerner. Si, chez Lacan, le moi reste le point de rencontre des deux parcours, accentuant sa fonction de synthèse, chez Vappereau aussi, on peut lire si l’on veut, cette synthèse sur le moi (c’est ainsi que je l’ai entendu en parler) mais son schéma la laisse en suspens quelque part entre le moi et l’autre.

* – en introduisant la motricité comme point de synthèse des deux parcours, dont l’un est inversé par rapport au schéma L de Lacan, Christian Fierens emphatise non seulement l’acte, qui est prolongement de la perception, mais aussi la parole, qui est un acte, selon Freud lui-même : elle met en jeu les muscles phonatoires, comme tout acte visant à s’assurer une maîtrise sur le monde extérieur, dont l’autre fait partie. Il nous fait surtout bien saisir en quoi le langage de la raison commune (perceptionà motricité) diffère du langage de l’inconscient tout en s’y articulant. Si l’aboutissement des deux langages se situe dans l’autre, c’est bien qu’il n’y a ni moi sans autre, ni sujet sans Autre. Ce n’est qu’en mettant en œuvre le rapport à un autre de la réalité que pourra se mettre en jeu le rapport au grand Autre révélant la dimension inconsciente de toute relation.

Chaque façon d’écrire amène donc son lot d’interprétations permettant de relativiser la pertinence d’un seul schéma. En l’occurrence, si nous n’étions pas encore convaincus de la vanité des interrogations sur l’origine, ce parcours des écritures ne peut que nous en assurer. Il n’y a aucune raison de faire dogme de quelque écriture que ce soit et il faut rendre hommage aux chercheurs qui, en proposant une petite modification de la lettre initiale, nous donnent à lire autre chose, favorisant le débat et l’invention future.

Je pourrais étoffer l’appareil critique d’un vêtement supplémentaire en regrettant le pointillisme de chacun de ces schémas. En effet, ils représentent des concepts différents par des graphismes semblables, ici, des points. La différence de chacun de ces points ne tient pas à sa réalité graphique, mais à sa nomination qui reste extrinsèque au schéma. Ce pourquoi ce ne sont pas, selon moi, des schémas topologiques. J’appellerais ainsi les seuls schémas qui, par le réel de l’écriture, décrivent les concepts qu’ils sont chargés de représenter. Il me semble que c’est ce qu’a cherché Lacan par l’introduction de la topologie dans son enseignement, sans jamais avoir été très explicite à ce sujet, ni y être vraiment parvenu. 

Par exemple, nous avons ici une ligne décrivant la fonction signifiante : AàS, (perceptionàmotricité) et une autre décrivant son produit (aàa’). L’autre et le moi, ce dernier étant formaté sur l’image de l’autre, sont des produits de la fonction langagière. Les écrire de la même façon efface cette différence entre la fonction et les objets qu’elle produit, induisant de multiples malentendus. En algèbre, le rôle d’une fonction f, c’est la mise en rapport de deux variables x et y : y = f(x). Traduit graphiquement, cela signifie que la fonction décrit en intension tous les objets produits par cette mise en rapport, qui sont les extensions de cette fonction. Cette fonction s’écrit alors d’une courbe qui réunit tous les points objets répondant à la définition y = f(x). Cette courbe, quant à elle, occupe une certaine surface, dessinant ce que j’appellerai une lettre, notamment si elle se recoupe. Voici définie de manière logico-mathématique les différences entre le point (zéro dimension, objet), la ligne (une dimension, la fonction en fonctionnement) et la surface (deux dimensions, fonction considérée comme un objet, produit de la fonction). Ceci peut se lire plus concrètement dans le cadre de notre discipline comme suit : la fonction signifiante se laisse écrire comme une ligne à une dimension conformément à la proposition de Saussure constatant très justement l’accrochage du signifiant au temps et à son déroulement linéaire. Chaque point de cette ligne se situe dans cette différence diachronique, fort bien repérée par Christian Fierens comme au fondement du signifiant, seule différence attribuable à la conception lacanienne du signifiant, en l’opposant à la différence synchronique « qui ne définit que des individus (et non de vrais sujets) »(p.39).

Ainsi j’appellerai signifié cette surface découpée par la courbe linéaire du signifiant en tant qu‘elle se recoupe. Son autre face, venue au jour du fait de cette découpe, sera appelée signification et rendra compte de l’inconscient tel qu’il se révèle lorsqu’on retourne cette rondelle par un nouveau parcours de son bord signifiant, l’interprétation. La topologie, appuyée sur une répartition claire des dimensions, nous permet de différencier graphiquement, en distinguant bord, surface et trou, ce qu’il en est des différences conceptuelles. Le signifiant, ici compris comme fonction signifiante sera le bord (à une dimension) qui a découpé dans une surface une rondelle permettant d’isoler ces deux objets, un signifié et une signification, morceaux de surface (à deux dimensions) circonscrites par le signifiant. 

Sans ce recours à la topologie, il me semble qu’on est contraint à des contorsions de définitions complexes et peu fiables. Et c’est ce que j’ai cru lire dans les louables tentatives de Christian Fierens pour tenter de nous sortir des ambigüités laissées par Lacan. Lacan lui-même y a été sensible sur la fin de sa vie en nous laissant croire dans « Lituraterre », qu’il avait toujours fait cette distinction claire entre la lettre et le signifiant. Ce n’est évidemment pas le cas. Cependant il apporte là un éclaircissement tardif qui nous permet de revisiter son œuvre avec des outils conceptuels un peu plus clairs.

Christian Fierens semble être resté dans cette confusion de la lettre et du signifiant qui a traversé toute l’œuvre de Lacan. Mais comme il a été sensible à la difficulté conceptuelle entraînée par cette confusion qu’engendre l’usage du terme « signifiant » à tout propos, il tente une différenciation au sein même de l’emploi du terme en opposant la différence diachronique à la différence synchronique. Si je l’ai bien compris (ce qui n’est pas évident, compte tenu de la difficulté), j’appellerais signifié cette différence synchronique dans le signifiant, et je réserverais l’appellation de signifiant à ce qui fait différence diachronique, car le temps est nécessaire à l’énonciation – que Fierens appelle de son côté, toujours si j’ai bien compris, le discours – : il faut bien avoir le temps d’aligner les signifiants les uns derrière les autres, tandis que le signifié s’inscrit dans la mémoire comme une lettre dans le marbre, trouvant son fondement dans la différence synchronique. Cette distinction me semble trouver sa fondation non seulement dans Saussure, mais encore dans le Freud de « l’Esquisse ». Dans cet ouvrage en effet, Freud découvre logiquement la nécessaire différence entre des neurones dits de perception, qui doivent laisser passer la quantité dans la diachronie, et les neurones dits de mémoire, qui, au contraire, doivent la conserver dans la synchronie. A partir de là, une distinction peut se faire entre la mémoire consciente et la mémoire inconsciente, ce qu’il parviendra à conceptualiser clairement dans son article « L’inconscient », au sein de sa « métapsychologie » de 1915. La différence entre les deux types de mémoire tiendra alors en ce que la mémoire consciente conserve un lien entre représentations de mots et représentations de choses (la première face de la rondelle, autrement dit, la lettre, le signifié) la mémoire inconsciente contient les représentations de choses (signification, Autre face de la surface, autrement dit : la lettre volée) qui ont perdu leurs liens avec les représentations de mots c’est-à-dire les signifiants (on ne peut pas retourner la rondelle). 

C’est sans doute de ne pas s’être appuyé sur cette distinction fondamentale chez Freud : entre représentation de chose et représentation de mot, que Lacan, jetant tout le poids sur le signifiant comme nom substitutif de la représentation de mot, a été obligé de l’employer dans des registres différents, justifiant Fierens de trouver cette distinction entre diachronie et synchronie pour tenter de sortir de la confusion dont un simple retour à Freud aurait pu faire l’économie. Sans doute aurait-il pu s’aider d’un recours à une topologie qui transcrit graphiquement les différences conceptuelles au lieu d’écrire les différences conceptuelles en usant de la nomination différente de lieux graphiquement similaires.

J’en reviens donc à mon point de départ et aux divers schémas qui ponctuent l’histoire de la psychanalyse depuis celui de Freud dans la lettre 52. Dans cette dernière, Freud nomme différemment des points de son schéma graphiquement semblables. Alors même qu’il avait compris la nécessité de neurones aux qualités différentes (perception, mémoire), il ne trouve pas la qualité graphique qui va rendre compte de cette distinction conceptuelle fondamentale. Tout au plus produit-il une tentative dont il ne fait pas explicitement état dans son texte, en introduisant des différences dans le nombre des petites croix qui marquent les différents lieux. Trois pour la perception, le préconscient et le conscient, quatre pour les signes de perception et l’inconscient. Cette différence graphique s’efface dans tous les schémas ultérieurs, y compris celui du chapitre 7 de la Traumdeutung. Les chiffres romains I, II et III surmontent cependant les lieux d’inscription (SP, ICS, PCS) distinguant radicalement ces trois lieux des deux lieux où l’on quitte l’écriture pour la parole (conscient, motricité) et l’écoute (perception).

Ce qui me semble justifier une différence graphique fondamentale entre une et deux dimensions : l’écriture, c’est-à-dire la lettre, implique toujours deux dimensions, tandis que la parole, c’est-à-dire le signifiant, n’en nécessite qu’une, la ligne du temps. La fameuse double inscription freudienne, c’est cela : en représentation de chose d’une part (deux dimensions) en représentation de mot d’autre part (une dimension qui fait le bord de l’autre inscription), sachant que cette dernière bénéficie de deux versants, l’une comme écriture en tant que bord de la surface (car le souvenir de ce qu’on entend reste en mémoire), l’autre sans écriture, pur signifiant, énonciation sans dimension, trou, dont on ne peut savoir quelque chose qu’en tant que bord du trou. 

Ainsi pourrait se dessiner une autre écriture du schéma L, dans laquelle la ligne Aà S serait ligne, à une dimension, et deviendrait surface pour soutenir l’opposition aàa’. Je dis bien « deviendrait », car il s’agit d’une différence prenant place dans le cadre de la continuité que présentifie le schéma L. Or qu’est-ce qui présente une continuité paradoxale entre surface et coupure, sinon justement la bande de Mœbius ? Je crois que Lacan a eu cette intuition en étoffant son schéma L pour le transformer en schéma R. Si L est tout en lignes, R est tout en surfaces, et c’est seulement en 66, lors de l’édition des « Ecrits » que Lacan a proposé cette idée de refermer le schéma R en bande de Mœbius, lui restituant d’un manière plus complexe son rapport aux lignes du schéma L.

Le sale R du schéma

C’est là où je me situe en désaccord avec Christian Fierens, qui critique vertement le schéma R en basant sa théorisation préférentiellement sur le schéma L. J’agrée cependant au fondement de sa critique, qui est le suivant : le schéma R ajoute au schéma L ce que Christian Fierens appelle des « supports nominaux » :

(J’ai restitué le sens attribué par Lacan aux flèches du schéma L ; elles sont inversées en a’àa et a’àA dans l’ouvrage de Christian Fierens. Il n’y a pas de flèches dans le schéma R original)

M  : le « signifiant » de la mère comme objet primordial
P  : le « signifiant » du Nom-du-Père (Christian Fierens écrit que Lacan à écrit cela, mais Lacan a écrit : « P comme la position en A du Nom-du-Père » (Ecrits, p. 553)) sans préciser « signifiant du Nom-du-Père ».
I  : le « signifiant » de l’enfant en tant que désiré. (Fierens écrit que Lacan à écrit cela, mais Lacan a écrit : « I comme l’idéal du moi » (Ecrits, p. 553))

Christian Fierens critique ici avec raison l’emploi par Lacan du terme « signifiant ». Car s’il s’agit de la mère et qui plus est en « aboutissement de la succession des figures imaginaires Si, Sa1, Sa2, San, SM » (écrit Lacan), il est difficile de ne pas y lire un signifié, au vu de la définition du signifiant par le même Lacan : un signifiant représente un sujet pour un autre signifiant. Ce ne saurait être un aboutissement, mais une chaîne qui sans cesse ouvre sur de nouveaux signifiants. Peut-être Lacan a-t-il voulu signifier que l’objet primordial, comme tout objet, finalement ne peut être aperçu que par le biais du signifiant. N’empêche, cela signifie de toute façon que l’objet ne pouvant être atteint, le signifiant ne se constitue pas en aboutissement, car l’objet primordial, même si l’on court après dans la succession des signifiants qu’on produit en analyse, se caractérise, (toujours selon le même Lacan) de sa fondamentale absence auquel le signifiant doit sa dynamique. L’attribution d’un « support nominal » (la mère) comme dit Christian Fierens, en tant qu’il nomme un aboutissement, gomme ce qu’avait de révolutionnaire l’invention du signifiant et son écriture dans la circularité croisée du schéma L. « Le signifiant qui est vraiment signifiant n’est jamais spécifié par son objet » (Fierens, p.83). J’ajoute personnellement que, pour donner une cohérence à l’articulation des concepts lacaniens entre eux, il me semble qu’il faut se servir du point d’aboutissement de Lacan dans son travail historique d’élaboration. Et alors, dans cette perspective, il ne reste que la possibilité d’appeler lettre au lieu de signifiant, et de surcroit lettre volée, cet objet primordial qui toujours se dérobe à la saisie, meilleure définition de ce qui est d’ailleurs inscrit au schéma R d’un petit a sous ce grand M. 

Le même raisonnement vaudrait pour P et I si Lacan avait écrit « signifiant ». Toutefois, même si Lacan ne l’a pas écrit, il n’en reste pas moins que l’inscription du Père en A donne un support nominal à la fonction symbolique, et induit le lecteur dans une chute vers la figure imaginaire du pater familias, au même titre que l’image du moi m se précipite vers son idéal I. Tout ceci pourrait nous ramener à la référence œdipienne en termes de papa-maman-bébé, alors que toute la nouveauté de Lacan a été de nous sortir de cette référence pour resituer la question plus largement dans l’accession au langage. L’objet primordial n’y est plus la mère, mais la Chose, la fonction du Nom-du-Père n’a plus rien à voir avec le père, mais avec la fonction symbolique, et le sujet n’est plus l’enfant comme individu, mais l’exercice de la fonction langagière par celui qui s’en saisit.

En bref, je dirais, dans mon vocabulaire topologique, que ce que repère Christian Fierens dans le passage du L au R, c’est un passage de la coupure à la surface, du signifiant comme bord de la coupure à la lettre (signifié) comme aboutissement d’une coupure se refermant sur elle-même. Or il suffit de le dire ainsi et de relire la note ajoutée par Lacan en 66 pour se rendre compte que le mouvement de fermeture en bande de Mœbius qu’il propose sur le schéma R n’est autre que la prise en compte de cette ambigüité fondamentale de la lettre et du signifiant qui s’interpolent l’un l’autre dans le paradoxe du 1 = 2 : deux dimensions, sur la bande de Mœbius équivalent logiquement à une dimension, ce qui revient à dire cette absurdité pourtant logique : la coupure, c’est la surface. Il n’est pas étonnant qu’il ne soit pas facile de repérer dans l’œuvre de Lacan cette différence entre lettre (2 D) et signifiant (1D), et que lui-même s’y soit un peu perdu parfois. C’est la structure même du propos qui veut ça, car nous ne pouvons parler, en usant du signifiant, qu’à partir des lettres que nous avons mises en mémoire, et nos paroles aussitôt dites ne cessent pas de s’écrire sous forme de lettres.

Ce jeu perpétuel entre une et deux dimensions, c’est aussi celui qui ne peut que se jouer entre un support nominal, c’est-à-dire un signifié, et les signifiants qui ne peuvent que le produire par leur mouvement dynamique. Mais en se situant dans un autre vocabulaire, Christian Fierens en vient à écrire : « Ce schéma R comme support pour le schéma L paraît réactionnaire par rapport à l’avancée de Lacan. Il présente le symbolique comme lié au support de l’imaginaire, comme si le dire pouvait être supporté par la réalité. » (p. 85). Or, oui, à mon sens le symbolique est lié au support de l’imaginaire, de la même façon qu’un trou est lié à son bord et qu’on ne saurait concevoir aucun trou sans bord. De même encore, oui, le dire est bel est bien supporté par la réalité, à moins que ce ne soit l’inverse. Le dire construit la réalité en s’appuyant sur cet impossible qu’est le réel, qui en fait le cadre exclu. La réalité, c’est ce sur quoi on parvient à se mettre d’accord en usant du dire. Par exemple qu’on ne peut pas traverser les murs, qu’on n’échappe pas à la mort, etc. Ce faisant, nécessairement, le dire ouvre les possibles en fonction des contingences.

Considérant le schéma R comme une régression, Christian Fierens en vient à situer le graphe dans la continuité d’avec le schéma L. Or, je ferais au graphe la même critique qu’à tous les schémas pré-topologiques de Lacan. Il emploie le même code graphique pour écrire des concepts totalement différents. Ainsi, dans le graphe, A, qui est une fonction, est écrit de la même façon que s(A) qui est le signifié, c’est-à-dire le produit de cette fonction. d, le désir, qui est décrit comme un trou dans le parcours signifiant qui s’inaugure comme bifide à la rencontre du A, est écrit finalement sur le même mode que le fantasme, qui est une surface venant boucher ce trou. Par ailleurs, comment s’y repérer dans la jungle des schémas de Lacan, si dans le schéma optique, il confie au miroir, qui est l’opérateur fonctionnel, cette appellation de A, tandis qu’il la retranscrit en surface au schéma R, comme si cette surface dépendait de la fonction trouure de P ?

Pourtant Christian Fierens analyse fort bien le recollement mM et iI que Lacan suggère dans sa note de 66. Il en déduit même une question fort intéressante, qui met en regard le narcissisme et le stade du miroir, selon qu’on recolle la bande centrale du schéma par ses grands côtés (MI, mi- stade du miroir) ou par ses petits côtés (iM, mI- narcissisme)(p. 113-114). Il y repère que les points M et I perdent dans cette opération leur surface de signifié (je retraduis dans mon vocabulaire topologique) et redeviennent des signifiants. En effet l’opération de raboutage revient à situer ces quatre points sur le bord de la bande de Mœbius, sans que plus rien ne les distingue. Comme telle, cette opération s’assimilerait d’ailleurs à la suppression d’une dimension (y), voire de deux (x et y) si elles ne réapparaissaient pas subrepticement dans la combinatoire y = ax , mais en créant la 3ème dimension virtuelle, z :

 

 




Ceci nous donne – je passe encore une fois à ma topologie – une écriture du passage de la lettre (l’écriture du rectangle non tordu, 2D) au signifiant (le bord de la bande de Mœbius, 1D = x) et à l’énonciation (0D = z, le trou non écrit dans lequel elle s’inscrit, marqué de l’angle a de la perte de l’objet primordial). Ce qui reviendrait à un retour complexe au schéma L. Cela devrait suffire à Christian Fierens pour réhabiliter le schéma R. Mais en fait, non, car cette opération suppose aussi, selon lui, de laisser tomber les angles S, et A, P du quadrangle (p.116). Autrement dit, en passant de la surface à la coupure, on reviendrait bien au signifiant, mais en laissant tomber le symbolique, ce qui est un peu paradoxal.

C’est, me semble–t-il, faute d’avoir suffisamment dialectisé les schémas l’un par l’autre, et plus largement resitués dans l’ensemble de l’œuvre de Lacan. On retrouve là d’ailleurs le problème de la lettre et du signifiant, car, à tout appeler « signifiant », on ne peut plus comprendre ces différences de lieux qu’articule le schéma R, si on veut bien le resituer comme charnière entre les schémas L et I.

Ainsi, dans une première lecture, je n’ai pas pu comprendre les critiques que Christian Fierens adressait au schéma R, car il argumentait en référence au schéma L, sans aucune référence ni au schéma I (l’examen du schéma I vient plus tard), ni aux théorisations largement ultérieures de Lacan sur, d’une part la différence entre le lettre et le signifiant, d’autre part son identification du trou avec le symbolique. En effet, c’est seulement à la fin de sa vie que Lacan laisse tomber l’homogénéisation des concepts RSI qu’il leur avait donné en accrochant chacune de ces trois lettres à un rond du nœud borroméen. Topologiquement, rien ne distingue un rond d’un autre. La nomination extrinsèque R, S, I, des trois ronds entraînait ainsi une confusion qu’on a encore aujourd’hui beaucoup de mal à dépasser. S’en apercevant sur le tard, Lacan produit une nouvelle définition, enfin topologique, des catégories RSI : l’imaginaire, c’est la surface le symbolique c’est le trou, et le réel c’est ce qui ex-siste au trou, ce que j’entends comme ce qu’on ne peut pas représenter puisque le réel est défini par ailleurs comme l’impossible à saisir, c’est-à-dire à représenter. 

Cette nouvelle façon de définir l’articulation RSI permet une réinterprétation féconde des schémas antérieurs. Ainsi, ce que Lacan nomme « trou » dans le schéma I, c’est une disfonctionnement de la fonction symbolique, dont l’effet serait un « trou » dans le tissu imaginaire. A la lumière de ses développements ultérieurs, si le symbolique, c’est le trou, il ne peut s’agir, dans le schéma I, d’un trou dans le symbolique, ou alors il faut entendre un trou dans le trou, le décalage de place du même signifiant lui attribuant dans son deuxième usage le sens contraire de celui du premier. En remontant du schéma I au schéma R, on se rend compte alors de la position privilégiée qu’occupaient les lettres P et  : à l’extérieur de la forme fermée qui délimite le schéma, autrement dit, dans le trou qu’il y a autour. C’est ce trou à deux entrées, P et , qui permet le tenue du schéma, c’est-à-dire de cet appareil qui permet la mise en relation d’un sujet et d’un autre. C’est ce double trou qui cesse de fonctionner dans le schéma I.

Ainsi, en raboutant m et M, i et I, on ne laisse pas tomber P et , au contraire : c’est leur présence même, si on veut bien les lire comme présence d’un trou fonctionnel qui permet ce raboutage. Il en est de même pour A et S ; on aurait pu les lire comme surface, dans leur opposition à P et , mais ce n’est qu’une autre façon d’appréhender le trou de la fonction. Christian Fierens ne lit la fermeture du schéma R en bande de Mœbius que comme une réduction de la structure au stade du miroir, ce qu’elle n’est pas si on veut bien considérer une différence graphique entre l’écriture de la fonction signifiante (trou et bord) et l’écriture de son objet (surface et bord). L’examen du schéma optique aurait pu tempérer son interprétation par le constat de la nomination de A, la fonction langagière, comme étant le miroir lui-même, fonction opérant le passage identificatoire de l’image réelle à l’image virtuelle. De même, dans le graphe, cet opérateur A est à l’origine de la division du parcours signifiant, et finalement de sa courbure visant à la recoupe en s(A).

Je n’adresse ces critiques à l’analyse de Christian Fierens qu’avec prudence et respect. Peu d’auteurs donnent ainsi matière à remise en question des concepts. On ne peut que lui être reconnaissant de nous ouvrir ainsi des voies de travail ; ce que j’ai pu mettre à profit, comme on vient de le voir. 

Nous nous retrouvons (presque), lui et moi, dans l’analyse qu’il produit du schéma I et dans sa conclusion : (p. 123) : « Ces tiraillements de suppléance décrits par le schéma I ne sont que les conséquences de la structure du schéma L applicable à tout un chacun (« névrose », « perversion », « psychose »)(…) ». En effet, et il suffisait pour cela d’être freudien, puisque Freud rapproche le rêve de la psychose, ou lacanien puisque Lacan compare l’analyse d’abord à une paranoïa dirigée, puis à un autisme à deux. Il suffit de lire l’hyperbole du schéma I comme caractéristique du discordantiel, en tant que courbe qui ne se recoupe pas elle-même, et de ce fait, n’isole pas une zone de surface (contrairement au carré du schéma R) : le chemin du signifiant ne parvient pas à produire un signifié, ce qui est la caractéristique des formations de l’inconscient, rêve, acte manqué, symptôme, lapsus. La lettre reste lettre volée. Les moments de manifestation de l’inconscient, chez tout un chacun, sont des moments de psychose.

Toutefois, dans cette conclusion, Christian Fierens emploie beaucoup le mot « trou » sans en être passé par l’analyse que je viens d’en proposer. Bien que, dans une note, il récuse –avec raison – la répartition de Vappereau en trou réel, trou imaginaire, et trou symbolique, il n’en vient pas au concept de trou comme équivalent de la fonction symbolique. Cette conception me semble non seulement celle du dernier Lacan, mais encore, correspondre à une définition donnée à la fin du séminaire II, « la pulsion de mort, c’est le symbolique en tant qu’il est muet », définition qui renvoie selon moi tout simplement au fort-da de Freud : en jetant un objet au loin, l’enfant creuse en trou définitif entre lui et la Chose, ce qui est bien l’action du symbolique.

J’en reviens donc à la proposition que je fais d’une topologie qui écrit, dans le réel de l’écriture, la caractéristique des concepts qu’elle décrit en tenant comte de ce que l’écriture nous offre comme moyens de différenciation littérale, par un usage raisonné des dimensions. Car faute de cela, on en arrive aux malentendus et contre sens que j’ai déjà signalé, d’un schéma à l’autre de Lacan, entraînant ses successeurs à de bien inutiles manipulations. Par exemple, Christian Fierens en vient à écrire les six lettres du schéma R sur un hexagone, en examinant toutes les possibilités de collage deux à deux de quatre des six points, dans le but de former un plan projectif. C’est poursuivre dans la voie inaugurée par Lacan où ce sont les nominations extrinsèques qui distinguent les différents points d’un schéma et non les propriétés intrinsèques de leur écriture.

Cependant, cette trituration de toutes les éliminations possible d’un couple de deux points l’amène à poser une fondamentale interrogation : « en quoi le phallus répond-il au Nom-du-Père ? » (p. 118). Autrement dit : pourquoi cette correspondance entre deux points ? Car c’est bien d’une part cette correspondance-là qui semble « tenir » le schéma R, d’autre part cette élimination-là qui représente le concept de forclusion au schéma I. Je répondrais, car il ne me semble pas que Christian Fierens propose de réponse :

* dans le cadre des supports nominaux le phallus correspond au Nom-du-Père parce que, le phallus qu’est l’enfant pour la mère se trouve dépossédé de sa place par un autre centre d’intérêt, le père en tant qu’il serait porteur de phallus.
* dans le cadre d’une logique topologique, parce qu’il faut que la coupure () se recoupe (P) c’est-à-dire s’applique à elle même pour isoler un morceau de surface qui sera aussi bien le signifié que l’image du corps, nécessaire à l’éprouvé d’un dedans et d’un dehors, soit la nécessaire distinction entre représentation (dedans) et perception (dehors).
* dans le cadre d’une autre logique topologique, parce que la perception suppose la perte d’une dimension (3-1=…) afin de mettre en mémoire les représentations sous forme d’écriture (…=2) (langage de l’inconscient), et que la validation de ces représentations doit passer par un rapport nécessairement parlé à l’autre (2-1 = 1), sous la forme d’un accord sur le perçu permettant de dépasser la subjectivité pour accéder à la réalité, c’est-à-dire selon C. Fierens au langage de la connaissance.

Ainsi notre réflexion sur les concepts nous amène à concevoir une différence en termes de nombre de dimensions, entre d’une part les 4 points MmIi, qui sont de l’ordre de l’image, de la lettre, du signifié, et donc de la surface, et d‘autre part les points (A, P) et (S, ) qui sont de l’ordre de la fonction signifiante, et donc du trou. La tentative de Lacan de passage du schéma R à la bande de Mœbius était une intéressante approche de cette conception, à condition de repenser les surfaces A et S en termes de trou fonctionnel, son bord devenant le signifiant comme tel, distinct de la surface et distinct du trou.

Forclusion

Il faut dire un mot de la mise en question du concept de forclusion. C’est sans doute là que s’avère le plus pertinent scieur de long dans la langue de bois. L’auteur opère tout simplement par les voies indiquées par Lacan : le retour à Freud, mais sans se conformer à la modalité empruntée par Lacan, qui a malheureusement fait dogme. Je ne vais pas recopier ici tout cet intéressant développement, me contentant d’en reprendre un point qui m’apparaît décisif. « Eine Verdrängung ist etwas anderes als ein Verwerfung », écrit Freud. Un refoulement est autre chose qu’un jugement qui rejette et choisit. Christian Fierens prend parti pour cette traduction vivement critiquée par Lacan. J’ai pu vérifier par moi-même que, lorsque Freud emploie ce terme ailleurs dans son œuvre, ce qui est assez fréquent, c’est bien dans ce sens-là, au sens exposé par Freud dans la Verneinung  : un refus dans le cadre du refoulement (« … er von ihr nichts wissen wollte im Sinne des Verdängung« ). La Verneinug est bien un jugement conscient qui rejette, au service du refoulement. Lacan a voulu sortir la forclusion du cadre du refoulement, parce qu’il avait besoin d’un mécanisme spécifique pour expliquer la psychose.

C’est là que porte le contentieux : la forclusion est-elle ou non un des outils du refoulement ? Pour Freud, oui, pour Lacan non. 

Pour ma part je pense que le litige est ailleurs ; précisément, sur le concept de jugement (Urteil). Et c’est la suite de ce passage de « L’homme aux loups » qui nous donne les moyens d’en juger.

Freud repère trois courants chez son analysant : l’un qui admet la castration, l’autre qui l’abhorre, et un troisième, (sans doute le plus ancien, ajoute Freud) pour lequel la question n’est même pas posée.(1) C’est ce dernier qui est qualifié de rejet, mais comme Freud le précise, un rejet du jugement : il n’est même pas question d’admettre ou de rejeter la castration. Le deuxième courant est au contraire un jugement de rejet : celui par lequel la castration est jugée inacceptable. A mon sens, ces trois courants se retrouvent chez tout le monde, à des degrés divers. Nous sommes d’accord sur le fait que les deux derniers courants sont au service du refoulement, et cela va dans le sens de l’inutilité des diagnostics. Simplement, le jugement de rejet est une opération de la fonction portant sur un objet, tandis que le rejet du jugement est un rejet de la fonction comme telle.

Topologiquement, cela correspond exactement à l’écriture (mise à plat) de la bande de Mœbius, qui distingue trois zones :

Le rêve et la psychose sont des moments d’envahissement du troisième courant, vérifiant le constat de Freud : l’inconscient ignore la contradiction. La bande de Mœbius homogène (toutes les torsions de même sens) en propose l’écriture :

Discours et psychose

Je suis gré à l’auteur d’avoir resitué les 4 discours dans leur rapport impossible à la psychose : il n’y a pas de discours psychotique, écrit-il, puisque chaque discours se base sur l’impossibilité et l’impuissance qui est la manifestation de cette impossibilité. Je ne comprends pas trop cette dernière formule, mais elle ne me choque pas, dans la mesure où il me suffit de lire, en précision, qu’il s’agit de l’impuissance à atteindre la vérité. Le corolaire de cela, c’est qu’il n’y a pas non plus de discours scientifique puisque la science se base sur la possibilité. Je pourrais demander malicieusement, à partir de là, si la science et la psychose sont une seule et même chose, et il y a de ça, d’un certain point de vue : la science traque le réel, qui est le lieu d’où revient le symbolique lorsqu’il est forclos. Mais la science, si elle élabore des certitudes, base néanmoins cette élaboration sur la discussion entre scientifiques, c’est-à-dire avec des autres dont se passe fort bien la psychose, qui est discussion seulement avec l’Autre.

Une nuance encore, par rapport à un propos de Christian Fierens : « il est faux, écrit-il, de parler « d’inconscient à ciel ouvert » pour le délire psychotique ; il vaudrait mieux parler « d’inconscient à bureaux fermés » puisque toute nouvelle bascule est a priori exclue. » Il veut parler de la bascule d’un discours dans un autre, dans le cadre de la théorie des 4 discours. Je ne peux souscrire à la première partie de l’assertion, tant j’ai entendu de gens me parler de leur Œdipe très facilement et très tôt dans le début d’une cure, comme si tuer le père et coucher avec la mère était de l’ordre de l’actualité, du réalisable, voire du réalisé. Moi-même ayant osé le rêver, beaucoup plus tard dans ma propre cure, je me dis que, en effet, le rêve est une modalité de la structure qui montre l’inconscient à ciel ouvert, et c’est sans doute ce qu’on peut appeler psychose, pour l’analysant précoce comme pour le rêveur. De même la seconde partie de l’assertion ne paraît pas justifiée, étant donnée que, lorsque un analysant me fait part des voix qui lui disent d’aller tuer son père, il est le plus fréquent qu’à ce moment là, il n’entend pas ses voix. Il m’en parle comme d’un phénomène extérieur à la séance comme le rêveur que je suis raconte son rêve, qui n’a pas lieu dans la séance.

Entre les deux, il y a bien eu une bascule. Mais il est vrai que ce ne peut pas être la bascule d’un discours dans un autre, car un rêve ou un moment de psychose n’est pas un discours. Donc, bascule non, mais réveil, sûrement. Cependant, exclure toute nouvelle bascule semblerait confiner la psychose dans son enfermement derrière ses bureaux, facilitant un diagnostic dont l’usage est par ailleurs fortement contesté par Christian Fierens sur ce problème. Au point que je me dis qu’il a sans doute voulu dire autre chose que je n’ai pas compris.

Un peu plus loin enfin, « on sait les dégâts provoqués par les interventions du psychanalyste sur l’homophonie, notamment dans la cure des psychotiques »(p. 150). Je suis malheureusement obligé de constater un problème logique dans cette phrase : si on savait, il n’y aurait pas de problèmes ; s’il y en a c’est que, justement, on ne sait pas. Et personnellement je dois humblement avouer que, en effet, je ne sais pas. Ici, nous nous heurtons à un problème récurent en psychanalyse, qui est le rapport de la théorie à la pratique. Une telle assertion suppose une transcription d’un savoir acquis dans la pratique. Mais nous devons croire les yeux fermés à ce qu’on nous dit. Ceci dit, que serait une « vérification » qui devrait de toute façon se baser sur les récits du praticien ? 

Certes, il n’est pas facile de parler de sa pratique. Mais comment alors justifier sa théorie, sauf par l’assertion péremptoire que, faire de la théorie, c’est cela, la clinique ? Tautologie. Comment, par exemple justifier la critique vigoureuse du diagnostic, et la nécessité d’oublier ce que l’on sait si, comme ici, un savoir s’avance, pas oublié du tout et parfaitement péremptoire, comme venant de la clinique, à propos des « psychotiques » (n’est-ce pas un diagnostic ?) ? Je suis bien d’accord que l’interprétation ne doit pas s’arrêter à l’homophonie, et que grammaire et logique, comme Lacan l’énonce dans « l’Etourdit », sont les deux mamelles qui pétrissent le pain du discours, dont la psychanalyse théorique abreuve ses enfants.(2) Mais l’interprétation dans le registre analytique ne doit–elle pas prendre en compte cette nécessité du non savoir si brillamment démontrée par l’auteur ? La sortie de la référence médicale n’est-elle qu’un vœu pieu tout théorique, lorsqu’on continue à parler ainsi des « psychotiques » et ailleurs des « hystériques », et de « l’obsessionnel » ? Comment, dans ces conditions, accueillir l’analysant comme toujours exceptionnel, ce que Christian Fierens démontre avec brio en prenant appui sur la logique des modalités (nécessaire, impossible, possible, contingent) et les quadrants de Pierce revisités par les formules de la sexuation de Lacan ? Comment ne pas faire du pas-tout un simple fétiche à agiter dans les congrès ? Comment donc, simplement donner cohérence à la théorie, et, partant, ne pas toujours retomber dans les mêmes ornières théoriques et médicales ?

La logique, fut-elle de l’inconscient, n’y paraît pas suffisante, notamment lorsque, dans un ouvrage théorique, on ne cesse d’emprunter le langage de la connaissance. « C’est le nom et le concept de psychose qui résistent à la psychanalyse, plus que l’analysant « psychotique » » (p. 173). Personnellement, je m’efforce de ne jamais employer ce vocable de « psychotique », avec tout ce qu’il implique de généralités, pour conserver à chaque analysant autant que possible tout son caractère exceptionnel. L’exception, Christian Fierens en montre toute la fécondité pour la psychanalyse

Je dis bien « personnellement » car je crois que, pour cesser de résister au nom et au concept de psychose, en deçà de toute position éthique, il n’y a que la solution de reconnaître en soi ce qui émarge à cette modalité qui, pour moi, s’assimile tout simplement à l’inconscient ; comme le disait Freud, dans l’inconscient, il n’y a que des représentations de choses, et de ce fait, dans un rêve nous sommes comme dans une psychose hallucinatoire, nous prenons toutes les représentations que nous voyons ou entendons pour la chose elle-même. C’est la définition de Freud : le « psychotique » prend les mots pour des choses. Le réel fait référent princeps, contre l’autre. Dans les périodes d’éveil de tout un chacun, il y a aussi des moments semblables dans lesquels nous perdons tout rapport à l’autre, et où, quoi qu’on nous dise, nous continuons mordicus sur notre raisonnement en le tenant pour seul véridique et en même temps pour seule réalité. Il n’est que de participer à un colloque de psychanalystes pour s’en rendre compte. Faute de cette reconnaissance, la résistance se manifestera toujours en situant la psychose exclusivement dans l’autre, et le retour du « naturel » diagnostique se produira au galop. Elle n’est pas autre chose que mode de défense contre l’inconscient, contre la folie que tout retour du refoulé manifeste en chacun de nous. L’inconscient, n’est-ce pas, c’est le discours de l’Autre (« c’est pas moi, c’est l’Autre »). Parfois la bascule est possible, parfois elle est impossible, mais je tiens toujours cet impossible pour momentané. Si c’est possible pour moi, pourquoi ne le serait-ce pas pour l’autre, quelles que soient les difficultés et les blocages rencontrés dans une analyse ultra longue avec quelqu’un qui est aux prises avec ces moments plus ou moins longs de psychose.

C’est au nom de cela même que je ne saurais poser une telle opinion comme la meilleure et l’universelle, encore moins la situer contre ce qu’amène Christian Fierens, en lequel j’ai reconnu bon nombre de mes réflexions, et qui par l’originalité des siennes, m’a enseigné autant qu’il m’a poussé à élaborer. A part l’usage du mot « psychotique », même entre guillemets, je me retrouve parfaitement avec lui lorsqu’il énonce : « La question du traitement de la psychose est toute entière d’offrir au « psychotique » l’occasion de se laisser aller à la parole, notamment dans l’articulation subjonctive du possible et de l’impossible. » Et aussi lorsque, dans son dernier chapitre, il rappelle que le psychanalyste « doit pratiquement ignorer ce qu’il sait », ce qui fait argument pour justifier l’absence de référence à la pratique, ce que je conteste. Ce n’est pas parce que la théorie ne s’applique pas qu’il ne faut jamais faire référence à la pratique. Mieux : je considère qu’il faut inventer une nouvelle façon de se référer à la pratique dans un optique d’après-coup qui n’empêche nullement que cela puisse faire, du même coup, avant coup.

Topologie des nœuds

Car Christian Fierens ne dédaigne pas cet avant-coup dans le cadre d’un « affutage » de l’esprit de l‘analyste. Il le voit possible dans le travail topologique sur les nœuds. Je ne suis pas sûr que cela soit compatible avec le « oublier ce que l’on sait », mais quant au savoir sur les nœuds, j’ai encore une dernière remarque. L’auteur nous livre un travail précieux en tentant un rapprochement entre le travail psychanalytique et la topologie des nœuds. Ce n’est pas si souvent qu’un auteur s’interroge ainsi sur ce que représente un fil, un croisement, un nœud. Ainsi, je tombe d’accord avec lui sur le fait que le fil soit le fil signifiant. Mais alors qu’en serait-il de la lettre, dans la mesure où le signifiant, nous a-t-il dit au début de l’ouvrage, représente finalement tout élément langagier ? Le signifiant y perd sa spécificité saussurienne d’élément sonore (p.42) pour y trouver, certes, la richesse de ce qu’il porte d’inconscient, mais avec en prime, la confusion avec la lettre, ce qui le ramènerait au signe si cette précision de différence diachronique ne venait rattraper l’affaire. 

Ainsi p.29, l’auteur n’hésite pas à nous donner, comme exemple de signifiant, la lettre W de l’homme aux loups. Et bien que cette lettre chez cet homme soit porteuse d’une formidable compilation de significations inconscientes, l’auteur est obligé pour rester conforme à Freud, de rappeler, p. 57, que le signifiant n’est pas l’inconscient, puisqu’il est clair que c’est ce que Freud appelle la représentation de mot, l’inconscient étant formé des représentations de choses seules. Le choix de la terminologie, pour le moins pose problème, et ce n’est pas le constant rappel de la diachronie qui peut sauver l’affaire. Car comment alors être en accord avec la définition donnée au début de l’ouvrage selon laquelle « le terme signifiant serait désormais réservé à tout élément de langage pour autant qu’il mette en jeu la structure complexe de l’inconscient (p.24) ? » Certes, la lettre de l’inconscient n’est connue qu’à travers le signifiant : il faut bien que l’homme aux loups en parle, de son W et de ce que ça lui évoque, pour que nous puissions dire, après-coup, en quoi cette lettre non seulement représentait beaucoup de choses qui se déplient dans la parole, mais encore, qu’elle bloquait le processus signifiant. 

Il faut dire à la décharge de l’auteur que Lacan et les lacaniens à sa suite ont tout fait pour noyer ce poisson-là. À cela il faut excepter « Lituraterre », l’article dans lequel Lacan énonce qu’il n’a jamais prêté à confusion quant sa distinction entre lettre et signifiant ! C’est évidemment faux.

Cette confusion aboutit donc à de grands problèmes théoriques et, partant, à de grandes difficultés dans la compréhension entre analystes. Et cela envoie des ramifications jusque dans l’usage de la topologie.

Ainsi, nous dit-il, on peut considérer le fil comme le signifiant (p. 203 à 207)… mais quelques pages plus loin, il s’agit du « fil linéaire et unique de l’écriture » (p. 212). Il est exact que si Lacan a pu dire que l’inconscient était à lire dans ce qu’on entendait, c’est en ceci que la mémoire écrit ce qui des paroles s’envole. Que ce soit chez le locuteur ou chez l’entendeur, c’est cette mémoire qui peut permettre que des signifiants dans l’énonciation se recoupent avec d’autres précédemment énoncés, mais devenus lettres depuis leur écriture dans les caveaux de la mémoire. La lecture dont parle Lacan s’exerce donc à ce niveau là.

On voit encore ici ce que peut apporter de clarté une topologie liée au concept de dimension. Le fil signifiant, si on s’en tient à la définition qui correspond à la représentation de mot de Freud, puis à la définition d’élément acoustique de Saussure, ce fil doit être considéré à une seule dimension. Mais, en se tordant, il occupe de la surface et notamment s’il repasse sur lui-même dans ce qu’on appelle un croisement. C’est cette surface enserrée par les fils signifiants qu’on peut nommer lettre, et c’est ce qui est à lire, car c’est là l’écriture dans laquelle, à côté d’une partie préconsciente, une partie inconsciente s’offre à l’entendement. Elle restera toujours virtuelle, car ce qui est écrit dans la mémoire consciente ou inconsciente ne peut être connu, encore une fois, que si l’on en parle. Mais c’est de cette façon que nous pouvons nous rattacher à la définition beaucoup plus large dont Lacan a usé pour le signifiant et à laquelle Christian Fierens a emboité le pas, en appelant aussi « signifiant » cette surface écrite en deux dimensions par la trace que le signifiant laisse dans la mémoire.

Cette clarification du vocabulaire engendre la nécessité d’une autre précision. L’auteur prend soin de nous indiquer ce qu’un croisement métaphorise : le recoupement d’un même thème qui revient dans le discours de l’analysant. Il n’est même pas très loin de ce que je propose lorsqu’il écrit : « Le texte tourne d’abord sur lui-même et est en soi détaché de toute connaissance de la réalité. Le texte comme un délire singulier, se recoupe lui-même en de multiples croisements pour former une trame tissée d’un seul fil signifiant. Cette trame fournit à elle seule le champ de « « l’interprétation » du texte. (p.212) Le mot « trame » est fort bien venu ici, venant recouvrir ce que j’appelle tout simplement surface, puis lettre. L’auteur en vient à distinguer trois niveaux d’interprétation en fonction du nombre de fils :

    • le texte serait ainsi constitué d’un seul fil signifiant qui se croise avec lui-même. 
    • le fantasme, qui nouerait deux fils. C’est le nœud de Whitehead, présenté ainsi par Lacan lui-même.
    • la subjectivité apparaitrait avec la multiplicité des fils différents, ce qui commence à trois. 

Mais comme le note pertinemment l’auteur, ceci est « un point de vue extrinsèque fort éloigné de la docte ignorance du psychanalyste ». Il en vient à préférer ce qu’il appelle « l’atome d’interprétation », soit, le triskel alterné, concernant chacune des trois figures évoquées à l’instant, soit, le trèfle, le Whitehead et le nœud borroméen. L’interprétation serait alors, selon lui, ce qui opère sur l’atome d’interprétation, en révélant la structure de la figure complexe (texte, fantasme, subjectivité) pour la réduire à du plus simple.
La logique de distinction de la lettre et du signifiant qui m’a servie de guide jusqu’à présent se trouve à désaccord avec cette conception. Je considère en effet le texte comme texte, en tant qu’il s’agit des écritures de la mémoire, les lettres comme telles. On y a pas accès sans lecture, c’est-à-dire sans un passage dans le tamis qui lie un sujet et un autre, en en passant par l’Autre. Il ne s’agit donc pas d’aller à du plus simple, mais au contraire de toujours complexifier en parvenant à transformer le narcissisme du « texte », en fantasme (dans lequel le rapport à un objet est conservé, même s’il s’agit d’un objet imaginaire), puis en amour d’objet (transfert) qui opère le passage de la lettre au signifiant c’est-à-dire à la parole qui s’entend. Autrement dit, il ne s’agit pas de se contenter d’un triskel alterné, il faut s’assurer de ce que les trois brins élémentaires de ce triskel soient issus de trois fils différents, ce qui ne se rencontre que dans le nœud borroméen, nécessitant la congruence de six triskels.

On l’aura compris, en cela, je suis la répartition freudienne de la libido entre le narcissisme et l’amour d’objet. Et il n’y a pas d’objet dans le trèfle, puisque le fil unique ne fait que se croiser trois fois lui-même. C’est la situation du rêve et de la psychose. Il ne s’agit donc pas d’en revenir là, puisque le symptôme, s’il y a symptôme, est une des manifestations de l’impossibilité d’accéder à l’autre, c’est-à-dire au signifiant. Le symptôme est une lettre qui, certes, se donne à lire, mais qui n’est pas lisible, étant donné son encodage. L’interprétation est donc ce qui va permettre de couper judicieusement ce trèfle symptomatique afin de rendre le fil multiple, en passant logiquement d’abord à deux, puis à trois. Ce « deux » intermédiaire peut se lire comme l’inclusion de l’un dans le fantasme de l’autre (psychanalyste et analysant). Le trois sera l’accès au signifiant, qui seul, peut s’écrire avec trois brins distincts. La diachronie sur laquelle insiste l’auteur pour caractériser le signifiant, je l’écris de cette nécessaire hétérogénéité. Cet accès au nombre trois sera corollaire de l’accès à la 3ème dit-mention, soit la dit-mention propre au signifiant tel qu’il s’énonce dans une énonciation adressée à un autre ;

C’est pourquoi je ne peux trouver pertinente le recours au mouvement nœud que Christian Fierens emprunte à JM Vappereau, cette opération ayant pour but de défaire tous les nœuds. On aboutit à un, deux, ou trois ronds, détachés, dépourvus de croisement, ce que je rapproche de l’autisme : aucun rapport d’un rond à un autre, aucun rapport d’un rond avec lui-même. Heureusement, l’auteur détourne quelque peu le but du mouvement nœud, en en faisant une opération qui peut faire et défaire : « les interprétations dans une analyse devraient toucher ces trois registres dans un ordre quelconque »(p.220). Des allées et venues entre ces trois nouages, voilà qui me convient mieux. Car le but d’une analyse n’est pas de supprimer tout narcissisme (éradiquer le trèfle) ni tout fantasme (effacer le Whitehead), mais bien de rendre les passages plus souples, le nœud borroméen étant le seul qui écrive le passage à l’autre, par le biais de l’Autre.

Conclusion

Je ne discuterai pas dans le détail le reste du livre, l’ayant fait là où ça me tenait le plus à cœur. J’ai laissé beaucoup de choses de côté dans cet ouvrage que je considère comme un des fondamentaux de l’après-Lacan. Dans ce reste, j’ai beaucoup plus appris que je n’ai trouvé matière à critiquer, mais c’est aussi une critique, positive, même si je ne conçois pas mon propos précédent comme de l’ordre du négatif. Il était plutôt du registre de l’effet pousse-au-travail dont je ne peux encore une fois que remercier Christian Fierens. La pertinence de ses mises en question m’a donc positionné sur les points qui me posaient le plus de problèmes. Je les ai discutés non dans l’idée d’avoir raison, mais simplement pour élaborer plus avant la solidité de mes propres constructions. J’espère ainsi avoir donné envie de lire ce livre, susciter une réponse de son auteur et pousser à un débat avec tous ceux qui auront lu l’ouvrage et éventuellement la présente critique.

Richard Abibon

mercredi 9 avril 2008

(1) Freud, Cinq psychanalyses, PUF p. 389. GW XII Fischer Verlag p.117. les autres citation de cette page sont issues de la même page de Freud ?

(2) Citation détournée du maire de Champignac. (« Les aventures de Spirou et Fantasio », par Franquin, tome ? je sais plus.

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