L’Invité : mardi 8 janvier 2002

Colette SOLER pour son livre "L’aventure littéraire ou la psychose inspirée Rousseau, Joyce, Pessoa" Editions du Champ lacanien Présentation par Philippe Beucké

 

Intérêt d’un tel travail car il y a peu de travaux parus à ce jour abordant les dernières avancées de Jacques Lacan. Le texte de Colette Soler s’inscrit dans le droit fil de ce qu’il nous proposait lors du séminaire « le sinthome ».

En quoi la psychanalyse est-elle autorisée à parler d’une œuvre d’art, d’une œuvre littéraire ? Pour Jacques Lacan, ce n’est pas le texte qui doit être analysé mais la psychanalyse qui devrait mieux lire. Donner un sens est possible mais n’a rien à voir avec la création de l’œuvre elle-même ; c’est pouvoir se dégager de la psychobiographie.

Pour envisager la création comme symptôme, symptôme spécial qui fait dire que l’artiste est un sans père. L’œuvre n’a pas de filiation, l’auteur est toujours « fils de ses œuvres ». La création : le symbolique fait du vide dans le réel.

Le sinthome, clinique de la suppléance dont un des intérêts est de réinterroger le concept de forclusion : se passer du nom du père à condition de savoir s’en servir. Colette Soler interroge les affinités entre la création et la structure psychotique.

Tentative donc pour Joyce, Rousseau, Pessoa, de se faire un nom. Faute d’un père qui fasse nouage c’est du passage du Nom du père au Père de nom dont il s’agit. Nomination qui instaure du lien social, passage du privé au public (la reconnaissance de l’artiste). Nomination : l’opération analytique renommant la fiction de jouissance qu’est le symptôme en le sanctionnant comme nom propre du sujet. Joyce a pu faire face à un père carent, défaillant, se faire un nom, il s’est fait Père de nom.

Le symptôme Joyce ferme aux effets de sens, J. Lacan voyait là le modèle de ce qu’il devrait advenir en fin d’analyse « se dégager de la glu du sens. »

Le psychanalyste ne peut se concevoir autrement que comme sinthome, le quatrième rond. En fin d’analyse, il faut s’en passer, s’en passer du nom du père, du père de nom, plus précisément, place occupée par l’analyste pour l’analysant.

Philippe BEUCKE

 

   

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