Françoise Hermon Psychologue clinicienne et psychanalyste membre du Cercle Freudien exerçant à la consultation médico- psychologique de Chaville a publié dans la revue Patio N° 3 L’inconscient à l’œuvre, « Trajectoire orale ». |
|
Que recouvre ce nom commun qui sans déterminant semble un prélude à l’invocation? Citant le poème La Jeune Parque, l’un des auteurs de la revue écrit« Que serions-nous sans la présence de ce qui n’existe pas ?» Cette assertion sous forme de question résume avec pertinence ce champ énigmatique que douze écrits sillonnent; cet ensemble de textes qui tentent de circonscrire cet espace plein de vide, borde le trou de ce qui s’impose aux humains comme le domaine du sacré et de l’inconnaissable. Le père comme boussole, (qu’il soit divin, prophète ou bien humain), la jouissance du capitaliste ou celle du Djihadiste, la science et les fétiches, la force de nos rêves et le déclin de nos valeurs, les mythes et les mythologies, voilà quelques mots clés de cet ouvrage. Des trouvailles fécondes, ainsi pourra-t-on lire « À Lacan sa lacune » dont l’ironie du titre recouvre le sérieux du propos. Le thème choisi a permis à chaque auteur de donner libre cours à sa propre inventivité et la lecture des articles nous offre le plaisir d’apprécier le style spécifique de chacun. Deux articles me paraissent pouvoir représenter l’extrême diversité des abords rencontrés. « Séjourner dans le mythique », dont le style flamboyant nous conduit tambour battant à travers les guerres du religieux dans ce qu’il a de plus terrorisant; une analyse concise et détaillée des désastres sociétaux et psychiques magiquement solutionnés par le déchaînement de croyances lapidaires. Dans un style radicalement opposé, « Credo quia absurdum », oser croire à ce qui est impossible, absurde, et scandaleux, voilà selon Tertullien, nous dit l’auteur de cet article à travers un style tempéré, délicat, précis et on ne peut plus efficace, l’essence du pouvoir d’enrégimenter les humains à travers l’aveuglement salutaire de la foi chrétienne. Croire est certainement une nécessité pour vivre et pour apprivoiser la mort, mais la déclinaison des formes que revêt ce besoin, (croire à quoi, où, quand, et comment), nous aide à morceler pour mieux l’analyser le pouvoir de cet irrationnel. Divinités quel joli nom mais de quelle violence est-il tissé? « La vie est lente et l’espérance est violente, » ce vers d’Apollinaire, je le cite pour accompagner tous ces auteurs dans leur quête de vérité, quête d’une folle lenteur mais non dépourvue de la passion nécessaire au travail des psychanalystes. Il faut noter que nombre de ces écrits n’abordent pas de front « l’ordinaire du psychanalyste » mais c’est peut-être ce qui participe à l’intérêt de cet ouvrage dont le travail se situe aux entours du sujet, comme pour mieux le respecter Françoise Hermon Vinerbet |