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UNE SEULE REFERENCE |
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Rien n’est plus loin des propos de Christian Fierens. Bien sûr il précise tout de suite : ce n’est «pas l’organe»… Mais quand même? La prégnance de la représentation imaginaire peut recouvrir même la formalisation. Il faut se souvenir du célèbre article, pour Octave Mannoni «Je sais bien mais quand même», recouvre le déni. Le déni (du phallus maternel) structure la réflexion de Freud sur le fétichisme, et c’est d’ailleurs l’une des rares occurrences de l’utilisation par Freud du terme phallus. Pour Lacan, dès le début c’est avec le phallus corrélé au voile, propice au surgissement des religions à mystère, qu’il reprend et prolonge la réflexion de Freud sur le fétichisme. A la fin de son enseignement, dans «Le moment de conclure», il énonce : «L’initiation c’est ce par quoi on s’élève au phallus», et il faut rappeler que depuis le séminaire «Les non-dupes errent» l’initiation renvoie au rapport sexuel qu’il n’y a pas. Le phallus est nécessairement équivoque «ça rêve, ça rate et ça rit». Il y faut de l’écriture, l’instance de la lettre, la structure de relance en dépend. Le phallus c’est le mouvement formel propre à notre structure de langage. Ce que le rêve à travers la Traumdeutung permet de découvrir et qui doit être mis en jeu dans la cure. Ramener le phallus à l’origine que représente le livre de Freud sur les rêves est le choix théorique dont procède l’ouvrage. Le travail auquel procède Christian Fierens opère un déplacement qui importe le concept lacanien à l’origine, au sein même de la Traumdeutung. Le phallus «implique une structure en mouvement», au commencement est le rêve et le rêve est mouvement. Il s’en établit un compromis original entre les thèses antinomiques de Freud pour qui, selon la formule de Goethe «Au commencement était l’acte», et celle de Lacan qui fait sienne la formule de l’Ecriture «In principio erat verbum». Il en résulte une position radicale, le phallus devient la seule référence. Lacan avec son élaboration de la fonction phallique avait depuis longtemps détaché le concept de phallus de l’organe masculin mais Christian Fierens va plus loin, la disparition de toute référence au père et surtout au Nom du Père n’implique pas seulement une éradication complète du patriarcat et de tout fondement phallocentrique. Elle prolonge sa proposition de départ, le phallus est relance, toujours en mouvement. Au contraire le Nom du Père tel qu’il est introduit à l’origine par Lacan est un point de repère stable, se servir du Nom du Père comme point de relance coïncide finalement avec l’énonciation de Lacan dans le Sinthome : «Le nom du Père on peut s’en passer à condition de s’en servir.» Kant avec Lacan Le phallus s’impose à partir de l’étude de la perversion, ce que plus tard Lacan dans son enseignement va écrire «père-version». L’équivoque encore une fois est du registre de l’interprétation «L’interprétation ne peut consister à pointer une signification possible; pour éviter toute fixation et garder la structure de relance, elle doit nécessairement jouer de l’équivoque» et là implique à travers la connotation le déclin du Nom-du-Père. «Le rêve, la cure, la psychanalyse» l’ouvrage comporte aussi ce sous-titre, dont la police très modeste souligne peut-être encore l’ampleur de la visée. L’agencement du livre, l’ordre de ses parties en découle strictement à l’exception du court préambule «L’objet» qui est très singulier. La chanson de Charles Aznavour qui en ouvre la lecture contraste plaisamment avec le ton général de l’ouvrage, dont le style convient à une réflexion rigoureuse sans exclure cependant ce parfum d’érotisme que Lacan signalait déjà à deux reprises à propos des ouvrages de Kant «Critique de la raison pratique» et «Critique de la raison pure» La relance du phallus impliquerait ainsi une relance de «Kant avec Sade», Kant avec Lacan? Primum movens, la structure du rêve est d’abord mouvement : «Ecriture, effacement, écriture», sur l’écriture le propos de Christian Fierens encourage : «écrire est en soi facile, c’est écrire encore une fois ce qui est déjà écrit.» (page 19) Pourquoi cette question finale : «D’où nous viendra le point qui ne dénature pas la ligne du mouvement?» (P294). Résonne-t-elle avec l’exclamation du poète (Baudelaire, La Beauté) : «Je hais le mouvement qui déplace les lignes» ? Lacan dans une séance (15 Mai1977) de son séminaire «L’Insu que sait de l’Une- bévue s’aile à mourre» s’amuse de cette formule : «Je ne suis pas poâte assez». L’acte de l’analyse réside dans la différence entre ces points hors ligne et cette ligne sans point poursuit pour sa part C. Fierens. Francis Cohen |
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L’Invité : mardi 10 févier 2009
Chistian FIERENS pour son livre "La relance du phallus" Le rêve, la cure, la psychanalyse. Editions érès Présentation Francis Cohen