La peinture de Danielle Marie Lévy invite à user d’oxymores. Elle est calmement rageuse. Sereinement agitée. Placidement véloce. Virilement féminine.
Son pinceau construit des sédimentations qui veulent en découdre sur la toile. Ce pugilat des masses et des traits engendre un maelström soit vertical, soit horizontal. Parfois il accouche de rondeurs sensuelles qui évoquent plus qu’elles n’imposent une force apaisée.
Les zébrures épaisses percent la masse avec des fulgurances que signale la couleur. On songe à une sorte d’électrocardiogramme effectué par un météorite dans l’angoissante densité d’un ciel.
Avec un grand talent, Danielle Marie organise son tumulte pictural par la force de son tempérament. C’est très beau, pas seulement parce que c’est puissant, mais aussi parce que c’est sensible.
Victor Haïm
La peinture était inexistante dans ma famille tout comme autrefois dans la vie culturelle des villes de Province avant que les musées ne soient dépoussiérés, réhabilités. Cependant, la bibliothèque paternelle contenait quelques livres magnifiquement illustrés : Les fleurs du mal les contes licencieux de La Fontaine ou Musset. A regarder plus qu’à lire …en cachette.
C’est vers les études de lettres (Œdipe oblige) que je me suis tournée puis vers le professorat et la psychanalyse auxquelles elles peuvent mener, tout comme la philologie mène au crime (Ionesco).
La littérature, les lettres, c’étaient les mots. Vint s’y adjoindre l’image avec la production et animation d’émissions de télévision éducatives. La peinture devait venir plus tard.
Il m’a fallu du temps pour oser. Oser utiliser les pinceaux, oser les couleurs oser persévérer avec l’appui de ceux qui ont bien voulu m’enseigner quelque chose de leur art, dont le peintre Ben Ami Koller. Peindre donc, mais est-ce travail de peintre ou de psychanalyse que de chercher par grattages l’élément disparu, mettre en évidence l’enfoui, le non visible, le vestige, les reliefs de teintes passées, puis couvrir de nouveau avec le blanc rageur du silence et de l’oubli, avec le noir de la violence… « Peindre, c’est aimer à nouveau », Pour Henri Miller, peut-être. Pour moi cela a été chercher, découvrir, masquer, et dire et s’étonner.