Manuel MONTERO (Décembre 2007 – Janvier 2008)

  Montero peint la beauté des femmes. À même le sol, souvent à mains nues, sur toile ou sur papier kraft dont il affectionne la souplesse et lui permet cette rapidité du geste qui fait vibrer son tracé. Femme déesse, femme amante, femme entrevue, rêvée, aimée, prostituée, dessinée avec tendresse et sensualité. Sa peinture interroge l’éternel féminin et les mythes idéalistes. Mais son rapport au mythe ancien ou classique est celui d’un sorcier ; il partage ses rêves du soir avec dieux et planètes pour, dit-il, «les consulter» et déclare en souriant : «C’est un peu ça la raison d’être des peintres : permettre aux êtres humains de prier avec le regard.»

Son travail oscille entre deux pôles : «un classicisme – parfois provocant – et une avant-garde que l’on retrouve dans l’archaïque, le populaire et un folklore international de base, a-historique. Je vais et je viens, explique-t-il, d’un pôle à l’autre, un peu au hasard des intensités». C’est ainsi que, dans ses séries d’encres, Montero met en place des dispositifs de bon goût, tels les clairs-obscurs, dont il se sert d’une façon postmoderne, tout en revendiquant son appartenance à ce qu’il appelle «l’avant-garde chaude».

«L’avant-garde est chaude quand elle représente la pointe d’une percée de la réalité sociale, quand elle vient d’un folklore. C’est cela qui apparaît, par exemple, dans la façon dont je fais mon autoportrait dans Last Coffee.»

Messianique, Montero annonce la fin de «l’avant-garde froide». À ses yeux, «la meilleure matière, pour faire l’art, c’est la vérité, mais cela implique de ne plus pouvoir vivre avec la garantie d’être blanc.»

In Montero, selected paintings 2002-2005, Eve Livet, Paris 2005 ©

Quelques mots à propos de cette exposition et de ses thématiques. Pour ce qui concerne l’usage du crayon couleur sur des grands papiers, l’influence de Pierre Klossowski est, chez moi, très ancienne. C’est son essai Le Bain de Diane, lu à 19 ans, qui m’a fait abandonner l’abstraction pour une exploration plus risquée de la peinture figurative. Par la suite, durant mes études de doctorat aux Beaux Arts en Espagne, l’Université a publié mon texte à son sujet : Maquinaria del cuerpo klossowskiano.

Se dessinent ainsi, tels les simulacres revendiqués par Klossowski, des icônes de la Médecine, emparée du signe de la croix, ou de l’Analyse, sous une imagerie de calembour. L’une et l’autre des voies d’accès au corps, à l’intensité et, parfois, à la substance.

Cela resterait froid s’il n’y avait dans tous mes projets le retour d’une seule image, une thématique de longue durée, celle de l’amour. La seule mise en scène que j’ai pu trouver pour la donner à voir est le nu et le portrait féminin ou de couples homme-femme (avec quelques cas exceptionnels de femmes à deux ou trois têtes ou de couples femme-Dieu).

Pour ceux qui s’intéressent aux tendances contemporaines, je dois dire que je me trouve à l’aise de rencontrer des échos chez des artistes de mon âge tels Jonathan Meese, Valérie Fabre ou Stéphane Pencreach.

Dans le cadre de l’exposition au Salon Oedipe circuleront plusieurs publications ayant pour sujet ma peinture. La première est la monographie que m’a dédiée Eve Livet, (en couleur et en trois langues anglais, espagnol et français). Les six autres sont mes romans, illustrés de vingt encres ou dessins dans chaque volume, plus de brefs albums photos dans trois d’entre eux. Ils ont une forte composante autobiographique mais aussi fictive. Donc, ne les lisez pas comme la Bible, même s’ils sont en espagnol, langue inquisitoriale et jésuitique par excellence.

Manuel Montero
novembre 2007

Bibliographie

Vampirismo estructural, roman, Université de Grenade, 2003 (épuisé)

Montero, selected paintings 2002-2005, Eve Livet, Meligrana éditions, Paris 2005

El proletariado en apuros 1, El descaro, roman, Meligrana éditions, Paris 2007

El proletariado en apuros 2, Branding, roman, Meligrana éditions, Paris 2007

El proletariado en apuros 3, Berthe y yo, roman, Meligrana éditions, Paris 2007

Desde el hotel 1, Santa Maria la Perdida, roman, Meligrana éditions, Paris 2007

Desde el hotel 2, A proposito de la vanguardia , roman, Meligrana éditions, Paris 2007

Desde el hotel 3, Pranayama imperial, roman, Meligrana éditions, Paris 2007

 
 
 
 
 
 
   
    cliquez ici pour voir les photographies: http://avantgardechaude.blogspot.com

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