Erik Porge La sublimation, une érotique de la psychanalyse

Éditions érès, 2018

Jeanne Lafont.

Mes livres : Chez Point hors ligne, Topologie ordinaire de Jacques Lacan, 1986; Topologie lacanienne et clinique analytique, 1990. Les pratiques sociales en dette de la psychanalyse, 1994. Chez EFEdition. Les dessins des enfants qui commencent à parler, 2001; Six pratiques sociales, (livre collectif), 2006; La langue comme espace, 2015.

C’est un livre difficile. Quand on arrive à la conclusion, on se dit : mais pourquoi n’a-t-il pas commencé par-là ? Mais c’est peut-être toujours l’effet d’un livre difficile. Quand on accepte de suivre le trajet proposé par l’auteur, on s’approprie ce qu’il propose en voulant modifier, à tout le moins le trajet !

Il s’agit de démontrer que la pulsion, selon Lacan, devient le fantasme fondamental, ou le contraire ! Le nouage du fantasme « fournit au sujet un support pour soutenir son désir d’interroger l’Autre, toujours à partir du code de la pulsion ».

La sublimation est un des destins de la pulsion selon Freud, et Erik Porge s’attelle à en faire un destin courant, pour ne pas dire, habituel, voire nécessaire à la vie pulsionnelle. Il récuse l’idéalisation, comme croisée avec la sublimation, mais non identique. Il revient beaucoup sur l’amour courtois que Lacan prend comme modèle de la sublimation, sur le travail de Lacan sur le ravissement de Lol V. Stein de Marguerite Duras, en redoublant la sublimation à l’œuvre.

Le travail de références est très précis, et exhaustif, la topologie régulièrement présente et questionnée, la division harmonique, l’apport des théories quantiques abordé, … avec un souci de comprendre des phrases difficiles de Lacan, notamment  l’autoérotisme « on manque de soi, si je puis dire, du tout au tout » dans le séminaire sur l’angoisse.

Le plus important pour moi, est la présence de l’imaginaire, enfin reconnu à sa place, essentielle : « Corrélativement à toute sublimation, c’est-à-dire au processus de désubjectivation qui en constituerait le phénomène essentiel, on voit toujours se produire au niveau de l’imaginaire, une inversion des rapports du Moi et de l’Autre. Ainsi se « transforme le caractère radical de l’altérité de l’Autre absolu en quelque chose d’accessible par une certaine identification imaginaire», et pour moi pas tant le miroir, comme il le dit, que ce que clamait les Beatles à l’époque dans la chanson « imagine » : « je sais que je rêve, mais je sais que je ne suis pas le seul » !

Un bon livre pour les Lacaniens, intéressant et très original, aventureux même dans sa visée, tout à fait accompli !

Jeanne Lafont

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