L’Invité 10 mai 2011

Erik Porge pour son livre "Lettres du symptôme" Versions de l'identification Editions érès 2010 Présentation Jacqueline Massola.

Point de résumé de ce livre mais quelques lucioles peut-être, repérées ça et là, pourraient en baliser le chemin?
Non qu’il n’y soit repérable un fil, et même de ceux auquel facilement on s’accroche, de concerner la sublime question de la fin de l’analyse pas sans un relevé de terrain des multiples conceptions de ladite question, chez Lacan tout spécialement. L’enjeu de cette fin est l’identification poussée à son comble comme identification au symptôme.
Une certaine évidence serait donnée à cette fin par le contexte institutionnel en tant que s’y pratique la passe.
Dans la zone lacanienne quand la théorie se déploie dans le contexte de la passe, dans le contexte nettement institutionnel de la passe, une interrogation vient: Cette vectorisation de la théorie de la fin de l’analyse vers la passe ne rétroagit-elle pas? N’oblige t’elle pas à forcer la lisibilité d’une procédure dès lors fortement explicative, à gauchir vers ce qui fait savoir au détriment de ce qui ouvre et laisse ouverte la question subjective?

Comment Erik Porge traite l’affaire, qui ne va pas sans risques?
Dès qu’il s’agit de symptôme il y a une brise du côté du médical, voire du psychiatrique, pour définir ce qu¹est un symptôme.
Mais, champ lacanien oblige, c’est comme métaphore que le symptôme s’introduit, arrimée à la problématique de la nomination .En cela consistance est d’emblée donnée à cette métaphore du nom du père qui n’est jamais que la reprise lacanienne de la question de l’œdipe, c’est-à-dire de la structure, subjective, comme oscillation de la nomination entre nomination de l’objet et nomination du sujet.
Cette métaphore située du désir de la mère institue une limite: Pas la mère mais tout ce qui en bonne logique, logique de substitution signifiante, vient en tenir lieu. Cette logique de substitution signifiante, fait fond à un premier abord de la métaphore, métaphore comme limite d’où s’incarne la mère comme interdite.
A cette métaphore comme limite vient faire doublure (topologie moebienne oblige) la limite de la métaphore:
Là même où la métaphore fonctionnait en sa logique de substitution signifiante, cette limite à la métaphore énonce la dimension de l’insubstituable. En surgit le réel, le savoir en tant qu’il ne se sait pas. Le réel se fait insistance, permanence en la structure, borroméenne des trois consistances RSI. Réel subjectif qui en appelle à nomination. Car la question vaut, insiste Porge, là où elle fait problème: D’être nommé le réel s’efface. «On s’en interdit l’accès» Mais c’est cela même qui vaut dans la pulsation de l’inconscient. Ca vaut comme «coupure toujours disparue dès qu’entraperçue»
La limite de la métaphore tient à l’existence de l’objet freudien (qui n’est jamais que retrouvé) situé par Lacan comme reste «a» de l’opération de la nomination, reste qui relance. Cette limite à la métaphore n’est pas univoque Elle ne peut se donner à entendre que dans le jeu des trois consistances. Si nomination subjective il y a, le sujet éprouve la continuité moebienne de la coupure et les scansions de cette limite comme inhibition symptôme et angoisse, comme limite féconde de la dynamique psychique.
Erik Porge entend là introduire un symptôme généralisé .L’écriture s’y impose comme nouage des nominations réelle symbolique et imaginaire. Car c’est au regard de la nomination subjective, de l’appel a nomination qui anime le sujet que inhibition symptôme et angoisse peuvent s’entendre comme structuralement équivalents.
Joyce à exemplariser un sinthome qui serait insistance, «limitation» à la nomination symbolique est tenu pour désabonné à l’inconscient.
La question de la nomination se redouble, d’être considérée comme attachée à chacune des consistances: Nominations symbolique réelle et imaginaire. Si la nomination symbolique prend valeur particulière c’est de faire symptôme.
Cette nomination impose que ça ne va justement pas de soi, qu’il s’agit de considérer, de lire à la lettre, les ratages qui ne sont jamais qu’inversion des dessus dessous. Un ratage ne va jamais sans réparation, suppléance et est constitutif du noeud borroméen. Rien là que lettre de noblesse rendu à l’acte manqué, au lapsus, par Freud et Lacan. Acte qui réussi en son ratage ou -et- rate en sa réussite d’être en un tel déploiement l’espace psychique «et» son temps. Porge en traite entre homophonie et anagramme en un paragraphe très dansant. S’y entend ce qui se déploie comme surface de la temporalité subjective de l’après coup, ce que cette temporalité implique de surface. C’est assurément là un des bonheurs de ce livre.
Peut on regretter que les enjeux du symptôme généralisé s’effacent (nécessités institutionnelles obligent?) de se reprendre en «identification au symptôme, identification sexuée, écriture du rapport sexuel, que celle-ci soit impossible entre hommes et femmes ou possible, quand c’est le cas, entre générations voisines» et d’introduire une liste schématique des pratiques d’analyse d’enfant?
Le symptôme répond au réel de la division subjective, répond au réel de cette coupure.
Peut-être en garde t-on nostalgie de Bossuet qui déshabille la mort de sa parade symbolique et imaginaire pour que le réel entre en fonction.
«Approchez vous donc…voyez…» Et que le sujet sache que c’est de là qu’il répond.

Jacqueline Massola

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