Ouvrage collectif sous la direction de
Fabian Fajnwaks et Clotilde Leguil
Subversion lacanienne des théories du Genre
Éditions Michèle, 2015, 165 p.

Le présent ouvrage se propose d’établir un vrai dialogue entre les études de genre et la psychanalyse lacanienne afin d’éclaircir les confusions qui peuvent exister entre ces deux champs d’étude.  Ce livre est  le fruit d’une contribution collective pour répondre, donc, aux différentes interrogations sur les questions de genre, de sexe et de psychanalyse, posées par  le contexte contemporain : le Pacs en 1998, l’adoption de la loi sur le « mariage homosexuel » en 2013, les débats sur la loi d’identité de genre.

Subversion lacanienne des théories du Genre  fait suite àun séminaire qui s’est tenu à l’Ecole de la Cause freudienne pendant l’année 2013-2014.  Le livre  issu de ce  séminaire a pour ambition, en répondant aux gender studies,  de faire émerger les enjeux éthiques et politiques dont la psychanalyse lacanienne est porteuse,  et de re-situer ses positions  théoriques à partir de ce que la clinique enseigne.

Ce texte a été tissé par six auteurs psychanalystes, qui ne promeuvent pas des recettes « pour tous »,  mais plutôt  une approche de la sexualité faisant appel à ce qu’il y a de plus singulier  pour chaque être parlant.  Car si la cure analytique gravite autour de questions comme « Qu’est-ce qu’être une femme » ? » ou « Comment être un homme »,  le sujet en analyse n’est pas pour autant renvoyé à des assignations normatives.

Dans le chapitre intitulé « Sur le genre des femmes selon Lacan », Clotilde Leguil  observe : « Le genre en psychanalyse commence là où les normes font défaut, là où aucun savoir ne convient plus pour répondre à l’angoisse, là où chacun est seul sans plus trouver l’Autre qui lui révélera le secret de son être».  Selon Clotilde Leguil, la féminité doit être pensée dans le  rapport du sujet à son être et à la langue. Pour répondre à Judith Butler sur ce que Jacques Lacan entend par  le signifiant « femme »,  elle écrit : « C’est précisément l’originalité de la position de Lacan, depuis le début de son enseignement, que de donner un statut à ce signifiant “ femme ”, qui n’a rien à voir avec le statut que lui donnent les féministes ou les anti-féministes. »  Clotilde Leguil est psychanalyste, maître de conférence au Département de Psychanalyse de l’Université de Paris VIII et agrégée de philosophie, membre de l’ECF.

Fabian Fajnwaks explique dans son article  « Lacan et les théories queer : malentendus et méconnaissances », que l’enseignement de Jacques Lacan permet d’aborder l’expérience de la sexualité de l’être parlant comme étant « structurellement non essentialiste ni anatomique ». Il rappelle que la célèbre formule lacanienne « Il n’y a pas de rapport sexuel », traduit un fait qui tient place de réel pour Lacan : « qu’il n’y a pas d’inscription pour l’être parlant d’un côté ou de l’autre de la sexuation, surtout pas à partir de la rencontre sexuelle et de ce qui pourrait assigner chaque être à un genre ou à un ensemble quelconque par rapport à la sexualité ».  Fabian Fajnwaks est psychanalyste et maître de conférence au Département de Psychanalyse de l’Université de Paris 8, membre de l’ECF.

Dans cet ouvrage riche en réflexions,  Eric Laurent observe, dans le chapitre « Genre et jouissance », que la psychanalyse met en évidence la différenciation des modes de jouissance. Il indique que ce qui est essentiel pour le sujet homme ou femme, c’est de pouvoir s’identifier à son symptôme  : « Le sujet ne peut pas plus s’identifier à son Inconscient qu’à sa jouissance. Elle restera Autre, et c’est cette dimension que rappelle le discours psychanalytique dans son rapport aux questions ouvertes par les théories du genre. » Eric Laurent est psychanalyste, docteur de IIIè cycle en psychanalyse, ancien président de l’Association Mondiale de Psychanalyse et enseignant de l’Université de Paris 8.

Annik Bianchini

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