L’Invité : mardi 11 octobre 2005

Francis HOFSTEIN pour son livre "L’AMOUR DU CORPS" Editions Odile Jacob Présentation par Delia Kohen

 

Dans ce livre de Francis Hofstein, pas de nœud ni de tore ni de schéma optique, très peu de référence directe aux concepts théoriques de la psychanalyse. Un souci de « lisibilité » caractérise l’écriture de ce livre. Il s’adresse, au-delà du cénacle des analystes, à un public plus large. Francis Hofstein est préoccupé par la transmission de la psychanalyse et par l’avenir de la psychanalyse.

Il commence par interroger avec beaucoup de pertinence, la nécessité pour certains analystes d’écrire des livres alors que les structures institutionnelles de l’analyse pourraient suffire à leur travail. Ceux qui écrivent des livres sont tenus par une nécessité vitale de témoigner et de prolonger leur travail d’analysant et se retrouve dans ce curieux embarras qui les décale de leur position d’analyste, qui ne demande rien, à la position paradoxale d’être en demande et dans l’attente.

« C’est un pari, qui institue chaque lecteur en sujet supposé savoir » nous dit-il.

Dans le corps du livre, il tente de faire entendre le malaise dans la civilisation avec ce que Freud et Lacan nous ont enseigné, des conditions de survie de notre humanité. Il pose avec vigueur la question : Que fait-on de notre corps, à quoi est-il réduit ? Marchandise, instrumentation du corps, soumis aux techniques médicales de plus en plus sophistiquées, à la chirurgie esthétique avec une préoccupation majeure de perfection et de beauté, qui priment sur le souci de soi et le plaisir. C’est un régime des jouissances avec ses effets ravageurs. Une critique sévère est adressée aux politiques qui ne font pas leur travail « Et la politique a fait de l’administration des corps son objectif, au dépens d’autres objectifs réellement politiques, c’est-à-dire de gouvernement. Comme si à corps content, satisfait, repu, citoyen silencieux ». Le psychanalyste rencontre ce malaise chez ses patients en cure mais aussi comme citoyen aux prises avec le bruit et la fureur dans la rue, sur le trottoir, dans sa voiture. Tout ce qu’il entend et voit autour de lui l’affecte et le heurte, et c’est avec une écriture alerte et vive qu’il manifeste sa désapprobation et son irritation face à la marche du monde.

Delia Kohen

 

   

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