L’Invité : mardi 8 mars 2005

Gérard POMMIER pour son livre "Comment les neurosciences démontrent la psychanalyse" Editions Flammarion Présentation par Philippe Beucké

Comment les neurosciences démontrent la psychanalyse et non pas comment elles démontent !!, même si, à la faveur incessante des progrès concernant les recherches sur le cerveau, les neurosciences ne peuvent que renforcer leur résistance à la psychanalyse. Enfin pour certains scientifiques, vous nous montrez combien l’opposition neuroscience /psychanalyse n’est pas aussi fondée.

Qu’il y ait résistance à la psychanalyse peut s’entendre à la mesure de ce qu’il est plus facile de prétendre à un corps machine, lequel innocente le sujet et ce d’autant que les idéaux scientifiques prennent le relais des idéaux politiques et religieux. Théorisation plus tranquille que de prendre conscience que nos désirs sont tordus et que nos pensées peuvent nous rendre malades ! Désirs tordus car notre civilisation, notre civilité ne sont jamais bien loin d’une barbarie.

Vous appuyant sur les recherches récentes des neurosciences, et le matériel ne manque pas dans votre ouvrage, vous dépassez cette opposition pour la retourner et nous montrer comment les hypothèses des neurosciences ne font que valider le discours psychanalytique.
Il n’est guère possible de s’en tenir à l’idée d’un corps machine, d’un corps ordinateur, ordonnateur de nos désirs, de nos émotions et pensées. Si pour certains les désirs restent une affaire d’hormones, dans l’ensemble ce qu’amènent les chercheurs infirme ce schéma.

Ainsi les neurosciences pensent que le premier groupe de neurones du langage précède et conditionne tous les autres apprentissages (C’est votre premier exemple), langage qui ne se développe qu’au sein d’un environnement (présence maternelle). Voire plus, les premiers neurones qui ne seraient pas utilisés au tout début de la vie, dégénéreraient et perdraient toute fonctionnalité.
Nos capacités neuronales, de plus sont en perpétuelle évolution, notre cerveau étant soumis en permanence aux excitations de l’extérieur.

Ces sciences découvrent des processus qui restent incompréhensibles sans l’apport de la psychanalyse. Impossible de comprendre la conscience sans l’inconscient. La conscience n’est pas une donnée d’emblée ; c’est dans son lien à l’inconscient auquel elle se confronte, qu’elle peut émerger. Il faut un sujet pour mettre en route la donne tout autant génétique qu’elle soit ! Un sujet qui se définit dans son rapport à la parole ;
Mais serions-nous alors le jouet de notre inconscient comme nous pourrions l’être de par notre bagage génétique ?
Il n’y a jamais eu de déterminisme pour Freud mais surdétermination. La psychanalyse laisse une marge de liberté même si elle est une liberté contrainte ; preuve s’il en faut de l’ambivalence pulsionnelle (rappelons que la découverte majeure de la pulsion chez Freud est un concept à la limite du soma et du psychique ;elle infirme toute opposition mental /cérébral) cette ambivalence laisse le choix au sujet.

Que la structure psychique procède de la façon dont un sujet dit non au désir de l’Autre, voilà notre liberté en dépit de la science de l’inconscient. Au-delà d’un enjeu théorique, il y aurait un enjeu politique , car si J.P. Changeux dans son  » homme neuronal  » nous affirme :  » Les Tables de la Loi sont inscrites dans l’ A.D.N. et les chromosomes  » à une telle disparition du sujet il y a de quoi s’inquiéter. Quand le discours du bio pouvoir prend le pas, nous savons qu’il gère alors des corps ! Euh !! des citoyens voulais-je dire Des lendemains bien sombres s’annoncent.

Je vous laisse la parole, Mais juste une question : Qu’est-ce qui vous a amené, Gérard Pommier, et ce au regard de vos écrits antérieurs, à vous coltiner un tel sujet ?

Philippe Beucké

 

   

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