L’Invité : mardi 9 octobre 2007

Jean ALLOUCH pour son livre "La psychanalyse est-elle un exercice spirituel?" Réponse à Michel Foucault - Editions Epel Présentation Jacqueline Massola

 

 

 

Il s’agit de répondre à la  fondamentale et permanente question : Qu’est-ce que la psychanalyse? Il s’agit que, pour chaque psychanalyste, ce soit et reste une question. Qui ne se prête à aucun dogmatisme.  Et vous ne vous dérobez pas, Jean Allouch. Et Léo Barsani d’en dire « Mais ça, c’est de la psychanalyse! Il n’y ajoute rien de nouveau! ». Ce que vous recevez justement comme un hommage.

Qu’est-ce que la psychanalyse, un psychanalyste répond à la remarque insistante de Michel Foucault :
« Vous retrouverez dans ces formes de savoir (psychanalyse et marxisme) les questions qui sont les très vieilles, très fondamentales questions de l’epimeleia heautou (souci de soi) et donc de la spiritualité comme condition d’accès à la vérité. »

Invitation pressante à reconnaître une généalogie spirituelle, à se reconnaître exercice spirituel. Invitation que vous reprenez : « Se pourrait-il que les transformations auxquelles Foucault convie la psychanalyse soient précisément celles qui lui conviennent désormais? »

S’agirait-il de réveiller la théorie psychanalytique actuelle et les modes de sa transmission?

Et ce avec rien moins que « ce geste de doubler Lacan par Foucault »

Nous est connu le travail de Foucault sur le savoir qui ne peut être réduit à l’évidence de son existence mais doit être abordé comme constitution de champs de savoir. Il soumet la notion de subjectivité à ce même questionnement de son évidence et en débusque les émergences (Herméneutique du sujet).

C’est d’abord Foucault, critique de Descartes, de la réduction à ce qui, de la rationalité cartésienne, s’imposerait comme subjectivité, comme rapport du sujet à la vérité. En résumé, ce qu’il en est du sujet est à chercher non du côté de la philosophie mais de celui des spiritualités, spiritualité qu’il précise tenir pour  « la recherche, la pratique, l’expérience par lesquelles le sujet opère sur lui-même les transformations nécessaires pour avoir accès à la vérité. » Tout psychanalyste peut y reconnaître ce que la cure implique de modifications du rapport au savoir et à la vérité; ce que Freud a mis en avant dès le premier texte d’ « Introduction à la psychanalyse ».

Ce rapport à la vérité, vous l’entendez d’une inscription moebienne, d’un exercice (spirituel?) d’inscription moebienne : Ce n’est pas ce qui vient se produire de savoir, d’accumulation de savoir qui importe, mais le mouvement même de la subjectivité, mais une subjectivité qui, de fait, n’existe que de ce mouvement.
Dès lors, il vous importe  de différencier (avec Foucault) le « connais-toi toi-même »  philosophique,  du « souci de  soi » spirituel. Le « connais-toi toi-même » s’accommode fort bien d’un sujet qui aurait accès à la vérité (une, rationnelle, cartésienne) sans avoir à se transformer. À la différence du « souci de soi » où la vérité n’est concevable qu’en tant qu’elle passe par le sujet, par les transformations du sujet lui-même.

Dès lors, vous proposez de reconnaître le processus de subjectivation en jeu dans la psychanalyse (wo es war, soll ich werden.) Comme exercice spirituel. Et pour le dégager de la gangue dite fonction psy, vous vous fendez d’une nomination : LA SPYCHANALYSE. Et de repérer en elle comme en tout exercice spirituel la mise en jeu des mêmes éléments : la transmission, l’argent, en passer par un Autre, le salut, la catharsis, le flux associatif. La liste en paraît un peu arbitraire. Reste l’essentiel : comment, dans la trace lacanienne, garder les deux cordes, science et spiritualité?

L’exercice, essentiel, y est toujours d’une inscription du sujet  dans le présent, là même où il se détache de la présence de l’objet et s’égare dans l’anticipation du futur ou le regret du passé.

Exercice donc qui ne peut être que de l’articulation, dans le fil du double jeu platonicien, de la rationalité cartésienne, de la logique du signifiant, et des modalités topologiques (« tendre vers un inatteignable »)
Exercice donc et qui ne vaut que dans son mouvement, son actuel, et pas pour ses résultats sauf s’ils portent trace, s’ils sont la trace de ce mouvement. Ce que la psychanalyse est en passe d’oublier.

Est-ce ce souci qui vous a fait vous intéresser depuis quelque temps déjà aux  gender studies? De vouloir ranimer la théorie lacanienne confite dans le dogmatisme d’une formulation de la sexuation? De trop souvent entendre la fixité d’une bipartition sexuée, a priori là où devrait s’entendre le mouvement  subjectif dans une bi-spatialité sexuée?

Il reste que Foucault envisage un fonctionnement structural tel que ne se pose pas la question des générateurs. A ce titre il peut, il doit considérer la psychanalyse comme ce, vis-à-vis de quoi, il tient  à se démarquer. Et il entend dénoncer comme arbitraire la répartition sexuée.

A suivre Foucault, se peut-il que ce soit jusque-là? La psychanalyse peut-elle faire l’économie de la bi-spatialité sexuée pour soutenir son exercice spirituel, pour qu’un sujet soit tel, d’accepter de s’inscrire en son nom dans la part, c’est-à-dire sur le mode, dans le style qui lui convient?
C’est à des questions de cette importance qu’invite votre texte.

Le contexte implicite et explicite de travail, de référence à la théorie psychanalytique, à Lacan, est essentiel : Vous y dites, jusqu’à faire valoir l’argument thomiste d’autorité, votre rapport  à Lacan, pas sans  la mise à l’épreuve de ses énoncés.

Vous le dites avec un art consommé du bord : « De la nomination Lacan dit que c’est la seule chose qui fasse trou. Mon savoir ne va pas jusque-là. Je lui laisse la responsabilité de ce propos que je n’ai pas admis en ma créance faute de l’avoir effectivement éprouvé. »

Un exercice  spirituel ?
Jacqueline Massola

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 

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