L’Invité 11 janvier 2011

Jean Broustra pour son livre "Traité du bas de l'être" Editions érès 2010 Présentation Delia Kohen


Jean Broustra

Sur les pas d’Ulysse dit le rusé et « polytropos », celui qui est en de nombreux lieux, Jean Broustra passe d’un champ à l’autre avec allégresse. C’est un « Homme promenade », titre d’un de ses romans pour lequel en 2006, il a reçu le prix Charles Brisset.
Enseigné chez les jésuites, notre auteur a une belle culture. Les citations très nombreuses dans ce livre témoignent de la correspondance profonde et du dialogue intime que Jean Broustra entretient avec ses auteurs de références. Ses compagnons de route sont  poètes, philosophes, écrivains, artistes : Baudelaire, Montaigne,


Delia Kohen

Bossuet et bien d’autres. Ses amis en psychiatrie François Tosquelles, Jean Oury, Fernand Deligny. Il a des affinités particulièrement avec certaines psychanalystes, Catherine Millot dans « Abîmes ordinaires » et Monique Schneider dans « Don juan ou le procès de la séduction ».
Son modèle de pensée est en forme de rhizome. Il écrit « La vie rhizome, le bord de l’eau » en 2002.
A propos du « Traité du bas de l’être » Jean Broustra écrit « ce traité n’est en rien systématique, son agencement est plus proche de l’exécution d’une peinture, d’un texte littéraire, intuition d’un itinéraire possible, un bâti à tâtons…. ». Il pratique  l’écriture mais aussi la danse et la peinture.
Pour tenter  de rendre lisibles et audibles les contrées éloignées de la psyché, des modes d’expression multiples se sont imposés à lui.


Jean Segalen

Son expérience clinique de psychiatre, psychanalyste le conduit à faire une place essentielle au corps et à la mémoire sensorielle, socle sur lequel se construit l’inconscient, ce qu’Yves Bonnefoy appelle notre « arrière pays ».
Sa pratique le rend particulièrement attentif aux ravages des clivages violents du corps et de l’esprit dont souffrent les patients.
Il y a dans ce livre des pages tout à fait remarquables sur l’écriture ou le métier d’écrivain. Le corps encore une fois dans l’écriture et selon l’expression de Joseph Delteil : « L’écriture c’est le just’aucorps ».
C’est un livre sensible et sensuel, une écriture de soi discrète et pudique qui laisse deviner les passions qui traversent l’auteur. La quête d’un site, d’un lieu habitable en lisière, sur les bords instables du symbolique où le vertige n’est pas loin mais où de l’invention est possible.


Francis Cohen

Le livre est traversé par un souffle de vérité, un ton juste, comme Lacan a pu l’écrire « la vérité s’y avère complexe par essence, humble en ses offices et étrangère à la réalité, insoumise au choix du sexe, parente de la mort et à tout prendre plutôt inhumaine ». Il témoigne d’une écriture du manque de « l’impossible, qui, misérable, s’obstine… » notation tirée des carnets de Jean Broustra. Comment composer avec « l’insuffisance centrale de l’être » comme dirait Artaud, l’écriture de ce livre s’y risque avec succès et élégance.
Par les temps qui courent tenter cet effort de pensée et de culture dans ce champ des maladies de l’âme est  particulièrement bienvenu. Un livre à lire et à relire

Delia Kohen

 

     
 

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