L’Invité 12 octobre 2010

Guy Dana pour son livre "Quelle politique pour la folie? Le suspense de Freud" Editions Stock, Paris 2010 Présentation Philippe Beucké


Guy Dana

D’entrée de jeu Guy Dana donne le ton de son travail avec cette proposition centrale : que la psychanalyse puisse orienter  un traitement de la folie, en ces moments où le tout sécuritaire, la réponse médicamenteuse envahit le champ de la « santé dite mentale ». Ce qui laisse entendre une dégradation vertigineuse, observable ces dernières années.

A l’hypothèse de l’auteur d’un défaut d’élaboration, d’un espace d’élaboration suffisant dans le traitement de la psychose, Guy Dana va s’employer à y répondre en pensant que l’espace, lorsqu’il est structuré par le dispositif


Philippe Beucké

institutionnel, fait alors naître le langage. Dispositif institutionnel tel qu’il permettra de penser la tiercité, l’écart, l’intervalle et laisser au « Soll ich werden » sa possibilité d’advenir.

Pour des commodités et une logique d’exposition inhérente à ce travail, l’auteur construit son travail en deux parties.
D’abord, ce qui concerne l’inventivité de la psychanalyse avec ses trois piliers que sont l’association libre, le conflit psychique et son mode de traitement spécifique, puis le transfert (son utilisation).

Puis partant de ce mouvement psychanalytique, de ce qu’il opère, il devient possible de construire une politique de la folie. Soulignons là la rigueur clinique de ce travail et son inscription nécessaire dans le champ du politique. Par les temps qui courent, nous mesurons l’intérêt d’un tel travail. Il va s’agir d’organiser  un  temps, un espace autre dans la cité pour favoriser, inventer avec chacun la singularité d’un parcours thérapeutique, utilisant les dispositifs du secteur. Ainsi il est possible de permettre des passages, des temps de pensée dans ces intervalles topographiques.

Présenter ainsi cet ouvrage, nous ne sommes point dupes, c’est aplatir le propos de Guy Dana car il nous faut préciser qu’il ne s’agit point de plaquer de la psychanalyse au champ de la psychiatrie, mais bien plutôt de laisser la surprise psychanalytique venir là subvertir les structures institutionnelles. Une psychiatrie référée à la psychanalyse dans un appui sur ce qui a été promu par la thérapie institutionnelle. Mais aussi une différence liée au parti pris par l’auteur d’aller de la psychanalyse vers la psychiatrie. Mouvement subtil que Guy Dana soutient fermement dans ses pages, des éclats cliniques illustrant son travail.

Si le discours actuel, tout comme la psychose, ont un point commun, ce serait  celui de la clôture, du refus de la discontinuité, de la séparation pour promouvoir de l’Un, de l’unique à l’inverse de la psychanalyse qui s’appuie sur l’imprévisible, l’inattendu, la rupture.C’est faire avec la pulsion de mort, pas uniquement en terme de destruction, mais comme possibilité d’ouverture. Le rapport espace temps affirmé là, sur lequel l’auteur s’appuie dans sa pratique suppose une correspondance, voir une équivalence entre les espaces géographiques et l’intervalle entre les mots. Guy Dana pose là une équivalence entre articulation des lieux et articulation entre les signifiants. N’est-ce pas ce qu’il nous dit : « En nouant espace, langage, transfert, il est possible à certaines conditions de renouer avec du lien social supportable ».

Une proposition de travail bien simple, c’est-à-dire pour nous sans prétention mais rigoureuse, exigeante, construit ce texte, proposition essentielle quant à l’abord clinique de la psychose dans l’institution mais aussi dans le privé. Guy Dana relance avec pertinence la question des conditions nécessaires pour reconstruire ce refoulement originaire qui a failli.

Philippe Beucké 


Bernard Balavoine

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.