L’Invité : mardi 9 octobre 2001

Jacques NASSIF pour son livre "En face, confessions d’un psychanalyste" Editeur Aubier-Montaigne Présentation par Francis Cohen et Delia Kohen

 

Il n’y a plus de mystère ! Aujourd’hui présent ici au « Salon d’Œdipe », et « En face » en même temps, Jacques Nassif se reconnaît l’auteur de ce livre qu’il n’a pas signé 

En face, confessions d’un psychanalyste. Paradoxe d’un acte de courage, ces confessions dévoilent ce que le psychanalyste n’a pas coutume de livrer au public, mais qui ne peut être versé au crédit de l’auteur si son nom n’est pas révélé. Pourtant, l’entreprise est passionnante, suivre l’histoire subjective qui a produit l’analyste, ses analyses « personnelles » sa formation, ses symptômes et ce qu’il en a fait et fil rouge de ce récit, ses engagements et les écueils qu’il a rencontrés dans la société des analystes. Il faut mesurer l’originalité comme la difficulté d’une telle approche, qui doit affronter les risques d’un dévoilement interminable ou faire le choix de fragments nécessairement arbitraires. C’est le pari de Jacques Nassif d’en mener à bien l’écriture et finalement il témoigne d’une belle générosité à partager qui engendre immédiatement des effets. Résonance de l’écrit qui implique le sonore, tressage dans les langues multiples que l’auteur maîtrise, de la voix et de la musique qui sont omniprésentes.

A emboîter le pas de l’auteur, entrer dans sa vie, partager sa mémoire, le lecteur à son tour participe, effet de vérité, c’est analysant, donc suscite de fortes défenses, mais comment l’éviter à plonger ainsi dans l’intime de l’autre fût-il public ? Il ne peut s’agir ici d’un compte rendu détaillé du livre, il faut seulement noter que l’auteur et le public du « Salon » ont pu se rencontrer, que J.Nassif a su transmettre son indignation devant « les abus incontrôlés » à propos desquels il organise toute sa démonstration, que la dimension tragique à laquelle se confronte l’analyse est apparue. Il reste que le livre et le débat coïncident avec d’autres moments de la vie des institutions d’analystes, ainsi la rencontre lors de la journée organisée par « Essaim » le 7 octobre qui vit un ancien analysant devenu psychanalyste, revenir en public sur sa cure devant son ex-analyste ! Quelque chose passe là d’une nouvelle clinique de l’analyste, dimension présente dans « En face » qui pourrait ainsi ouvrir à un nouveau genre littéraire.

Francis Cohen

   

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