Luis Izcovich L’identité, choix ou destin ? Essai de psychanalyse.

Collection Nouages, éditions Stilus, 2019

 

Vanessa Brassier

Psychologue en CMP, psychanalyste à Paris, docteure en psychopathologie psychanalytique (Paris VII). Membre des Forums et du Collège Clinique de l’EPFCL. Auteure d’un ouvrage sur « Le ravage du lien maternel » (L’Harmattan) et d’articles publiés dans les revues de l’EPFCL.

 

A cette époque inédite de l’histoire où la fragilité des frontières met sur la sellette la question de l’identité, quel éclairage propose la psychanalyse et quel peut être son apport aux débats de société actuels ?

La question de l’identité et des identifications qui la forgent noue le destin individuel au collectif, dans une mise en tension permanente entre l’Un et l’Autre. Comment s’écrit la destinée d’un sujet déterminé par la « constellation fatidique » de son histoire familiale et la prise aliénante dans les signifiants de l’Autre au regard du « choix inconscient » de la structure et de l’absolue singularité de son dire ?

C’est ce qu’interroge Luis Izcovich dans cet essai clair et didactique où le thème de l’identité est abordé à partir des théories freudienne et lacanienne non sans une référence constante à la clinique et à l’actualité. La distinction des registres de l’imaginaire, du symbolique et du réel et les modalités de leur nouage permettent de repérer plus finement les différentes strates de ce qui constitue l’identité d’un sujet. Identification œdipienne, identité de semblant, identité sexuelle, identité de dire : l’auteur décline et détaille chacune de ces « armatures » identitaires qui constituent les parlêtres que nous sommes.

Mais au-delà des lumières qu’apportent nos concepts psychanalytiques sur cette question plurivoque, c’est la psychanalyse elle-même comme pratique et comme discours qui est ici convoquée et interrogée. Pour le sujet qui s’y soumet, l’expérience de la psychanalyse produit-elle à son terme une nouvelle identité, voire un nouveau réel ? C’est là un point de débat au sein de la communauté psychanalytique sur lequel l’auteur prend parti, s’appuyant tout particulièrement sur le dernier enseignement de Lacan et la clinique borroméenne.

Si l’analyse a pour visée non seulement d’élucider un réel insu mais aussi d’en produire un nouveau, quelles en seraient les conséquences sur la direction de la cure, le maniement du transfert et la pratique de l’interprétation ?  Se posent alors des questions éthiques, celles de la responsabilité de l’analyste, de la finalité de la cure, de la spécificité de notre pratique lacanienne et de sa transmission aujourd’hui. Ainsi, à l’heure des crises identitaires, l’auteur nous interpelle dans ce qui fonde notre désir et nous invite à réinterroger voire à réinventer notre pratique afin qu’elle garde son tranchant, sa subversion mais aussi sa légitimité dans notre civilisation.

Vanessa Brassier

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