Luis Izcovich La parole, ses limites et son au-delà

Editions Stilus, Collection Nouages 2020

 

Anne-France Chatiliez Porge
Psychologue clinicienne, psychanalyste, membre des Forums du Champ Lacanien.

Dans “La parole, ses limites et son au-delà”, Luis Izcovich explore la position du sujet par rapport à la prise de parole. En mettant l’accent sur la structure et la singularité, il montre qu’il existe différentes positions subjectives par rapport à la prise de parole.

La parole a des effets sur le sujet et sur les autres. L’auteur pose la question de ce qui change dans le rapport du sujet à la parole à partir de l’expérience analytique.

Il met en exergue la place et la fonction que vont prendre certains mots dans l’enfance. Ces mots que Lacan a désignés comme des “signifiants maîtres” influenceront la façon dont un sujet va diriger sa vie. Il souligne que l’une des visées de l’analyse sera d’isoler ces signifiants qui ont plus de poids que d’autres sur et pour le sujet afin de lui permettre de s’en séparer. C’est à cette condition que le sujet pourra accéder à un désir qui lui soit propre. Ainsi, si le dispositif analytique vise à libérer le sujet de ce qui fait obstacle à son désir, il vise aussi à produire un désir inédit.

D’autre part, si la psychanalyse est une pratique de libération de la parole par la parole, l’auteur insiste sur le fait qu’elle ne se limite pas à laisser parler. Il pointe que la façon d’énoncer la règle de l’association libre sur laquelle repose l’expérience analytique détermine la façon dont le sujet prend la parole en analyse et il revient sur la distinction opérée par Lacan entre la « parole vide » et la « parole pleine ». Il rappelle que pour s’orienter et diriger une cure, l’analyste prend appui sur le savoir sur la structure et le non-savoir du singulier. La dimension du silence en analyse est aussi abordée dans ce livre avec une définition de la pratique analytique comme une “éthique convertie au silence”. Le silence de l’analyste est soutenu par la pulsion invoquante et vise à faire émerger le dire de l’analysant.

Luis Izcovich aborde la dimension de l’indicible et ce à quoi se confronte chaque sujet dans l’analyse ; tenter de dire ce qui ne peut pas se dire.

Il développe aussi le rapport entre parole et violence en montrant que la violence a un lien avec l’absence de parole qui, réduisant le sujet à s’exprimer par l’action, révèle un ratage du symbolique.

Anne-France Chatiliez Porge

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