« Notre visée est de montrer comment l’orientation lacanienne a ordonné le rapport à l’urgence, à partir des propositions de Freud, mais en ajoutant une autre dimension, celle de la satisfaction » (page 6), indique Luis Izcovich. L’ouvrage associe deux termes, urgence et satisfaction. L’auteur mène une réflexion sur l’urgence traitée du point de vue de la psychanalyse, ainsi que sur l’efficacité de celle-ci lorsqu’elle est portée à son terme et qu’elle produit une satisfaction nouvelle.
Il existe une critique, celle que la psychanalyse s’intéresse trop au passé des sujets. Dans le contexte actuel, où l’on cherche à obtenir tout de suite ce qui compte, on vit dans l’urgence. Notre société est une époque qui a vu généraliser l’homme pressé, avec une urgence d’être satisfait selon l’identité de jouissance à laquelle on a affaire par rapport à cette pression sociétale. Tout le début du livre traite de la question du temps qui, selon Jacques Lacan et selon la psychanalyse, apparaît très différente du temps institué par Kant ou par Saint Augustin. La psychanalyse propose ainsi un traitement de l’urgence particulier, qui peut se résumer à une formule : prendre le temps, il est urgent de prendre le temps.
L’ouvrage traite de l’expérience analytique dans son début, son cheminement et sa fin. A travers la clinique psychanalytique des cures, Luis Izcovich évoque la fin de l’analyse et la question du S1. Dans le chapitre Le symptôme fondamental, en référence à Lacan, l’auteur s’interroge : « Qu’est-ce qu’un événement de corps ? » Est-ce qu’un événement de corps peut devenir une signification pour le sujet ? Une signification implique que le sujet peut dire : « Ça veut dire ça » (page 133). C’est à partir du corps que l’on peut circonscrire le rapport du sujet à la jouissance.
Luis Izcovich se rapporte à la proposition de la passe, l’une des premières conceptions importantes que Lacan a consacré à la fin de l’analyse : « L’analyse est une mise en mouvement, faite par la hâte introduite par la cause du désir. Le sujet se hâte. La hâte se dirige vers l’hâ(c)te. Ce développement trouve un intérêt spécial car il se connecte au dispositif de la passe inventé par Lacan pour évaluer le désir de l’analyste » (page 161).
Cet essai porte sur l’efficacité de l’analyse, qui inclut la satisfaction pour un sujet, qui implique aussi la satisfaction de l’analyste. « La sortie de l’analyse, c’est le choix tout court et donc la responsabilité du sujet est d’autant plus engagée. Ce serait aussi à verser au dossier de la satisfaction. Plus on est responsable, plus on est dans la certitude de la réponse, et plus on est satisfait » (page 173).
Annik Bianchini-Depeint