Marie-CLaude Thomas Lacan, lecteur de Melanie Klein

Suivi de « Sevrage » texte inédit en français de Melanie Klein Érès, 2012

 

Laurent Cornaz exerce l’analyse à Paris. Ancien membre du comité de rédaction de la revue Littoral et de celui de Quid pro quo, il participe actuellement au lancement de Spy (Epel). Parmi ses publications : 789 néologismes de Jacques Lacan (avec M. Bénabou, D. de Liège et Y. Pélissier, Epel, 2002) et L’indifférence à la psychanalyse. Rencontres avec François Jullien (avec T. Marchaisse, puf, 2004).

Ce livre est né de la pratique. D’une révolte. Du refus d’entériner la façon dont la détresse de certains sujets est, généralement, psychopathologiquement, accueillie par les professionnels de l’enfance. Né de la résistance d’une praticienne qui, parce qu’elle se situe en psychanalyste, pense possible un autre accueil de cette détresse, une autre écoute, une autre pratique. Un livre qui ne devrait pas laisser indifférents les praticiens donc, et particulièrement les analystes.
            Pour autant, jamais l’auteur ne se laisse aller à la polémique. Le travail qu’elle nous livre – travail de longue haleine – va bien au-delà. Porté par une question, toujours vivante, inquiète, exigeante : comment accueillir, d’une place d’analyste, ces enfants qu’on disait, à la fin du siècle dernier, « psychotiques » ? Et d’abord, est-ce seulement possible ? Que sa question, Marie-Claude Thomas l’ait posée à Melanie Klein signe une option : aux yeux de la praticienne débutante qu’elle était alors, la psychanalyste anglaise représentait au mieux – pratique et théorie indissociée – ce qu’auprès des enfants qui lui étaient confiés, elle cherchait elle-même à incarner. Un problème, pourtant, se posait. Les « lacaniens » d’alors, ceux qui faisaient de Lacan leur maître à penser, dénigraient la théorie kleinienne : au mieux, elle aurait maladroitement conceptualisé certains points élucidés par Lacan ; au pire, elle se serait tout simplement fourvoyée. Avait-elle raison de faire de Melanie Klein son interlocutrice ? Elle voulut en avoir le cœur net, choisit de ne pas faire l’économie du débat de fond que reflétait cette polémique : patiemment, elle se confronta à la lecture faite par Lacan, son analyste, tant de la pratique que de la théorie de Melanie Klein.
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            Dès l’ouverture de son livre, elle met cartes sur table et livre la raison de son choix – de son refus de l’habituelle façon de « prendre en charge » les enfants lourdement perturbés, la façon psychopathologique. Pour Melanie Klein, écrit-elle, « il n’y a pas deux poids deux mesures : la position de l’analyste est la même avec les adultes et les enfants ». Comme le chante Georges Brassens, quand il s’agit de s’extraire d’une jouissance qui rend con, « le temps ne fait rien à l’affaire ». M.-C. Thomas fait valoir l’ambiguïté de l’étymologie du mot « enfant » : in-fans, ce mot est traduit, le plus souvent, par « celui qui ne parle pas ». On en déduit un peu rapidement que l’infans en question resterait plus ou moins longtemps à l’abri du langage – vierge du signifiant – dans ce qu’on appelle le « pré-verbal ». Et Melanie Klein serait celle qui, s’avançant hardiment avec ses petits patients, aurait commencé à explorer, à cartographier ce no mans land du pré-verbal.
            C’est avec Lacan que M.-C. Thomas déconstruit l’impasse de cette lecture qui laisse croire que le temps – le développement biologique – « naturellement » sortirait l’enfant d’un prétendu chaos préverbal. Lecture béhavioriste dont il est juste de dire que, si elle n’est pas celle de Melanie Klein elle-même, du moins l’aura-t-elle rendue possible. C’est celle, en effet, de René Spitz, de John Bowlby, de Jacques Hochmann, de Gilbert Diatkine, bref du courant kleinien. Ce que ces kleiniens appellent « la clinique » – la pratique qu’induit leur lecture trop fidèle, trop fascinée – est une façon d’interpréter avec le mythe d’Œdipe les réactions du très jeune enfant aux stimuli d’un « univers sans langage ». L’objet de leur attention est un sujet  qui, du fait de son immaturité, ne maîtrise pas encore la langue qu’on parle autour de lui. Sujet de la connaissance, donc – celui des philosophes, des psychologues. Ceux-là vont lire l’œuvre de Melanie Klein comme le carnet de voyage d’une aventurière s’avançant au pays fascinant de cette enfance infans et qui rendrait compte de l’univers d’un sujet appréhendant sans le langage le monde qui l’entoure. Et ils vont s’émerveiller de constater, à ce stade pré-verbal de son développement, une férocité œdipienne sans mesure. Tel est l’écho que leur renvoie, en effet, l’enfant dont ils font parler le comportement.
            Tout autre est la lecture que fait Lacan. L’expérience dont fait part cette « femme de génie » – comme il l’appela le jour même où il la qualifia de « tripière  » – est, pour lui, précieuse en cela qu’elle a affaire à un autre infans. Le sujet auquel elle a affaire, soutient Lacan, n’est pas ce vivant sans langage sur qui les kleiniens projettent les affects que doit provoquer – imaginent-ils – l’incapacité à nommer ce que l’on ressent ; c’est celui qui, là où c’était, doit advenir, comme le dit Freud. C’est le sujet qui rêve, qui symptôme, qui bévue. Nous entrons là dans le vif du sujet – c’est le cas de le dire –, du sujet de ce livre sans équivalent, qui réveille et qui bouscule les idées les mieux reçues aujourd’hui encore, y compris par nombre d’auteurs se réclamant de la psychanalyse. Le sujet auquel a affaire un psychanalyste est, pour Lacan, effet de langage – « ce que représente un signifiant pour un autre signifiant ». Rien donc de ce qu’on imagine qu’il est – chez un adulte comme chez un tout-petit.
            Comment comprendre cette déroutante « définition » du sujet auquel a affaire le psychanalyste ? Le 5 février 1956, dans son séminaire Les structures freudiennes dans les psychoses, Lacan part de cet exemple : « C’est parce qu’il [l’être humain] pose le jour comme tel que le jour vient à la présence de jour, sur un fond qui n’est pas un fond de nuit concrète mais d’absence possible de jour, où la nuit se loge inversement […] La nuit et le jour sont là très tôt comme signifiants et non pas comme alternance de l’expérience ». Dans le champ de l’inconscient, régi par le langage, la mère – celle dont parle tant Melanie Klein – n’est pas, pas d’abord, cette femme concrète qui s’occupe – plus ou moins bien – du bébé qu’elle a mis au monde ; elle est d’abord, pour le sujet à venir qu’est son enfant, « l’absence possible » d’être. Et c’est au niveau de l’impossible à être où se situe le nouveau-né que cette femme-là vient à briller de l’alternance de son absence et de sa présence. À être située, sur le plan de l’inconscient, comme le lieu du désir de l’Autre. « Je suis en train de vous dire – c’est Lacan qui parle à son séminaire, le 27 février 1957 – que la mère est primordialement toute-puissante […] Que ce soit possible, c’est ce que Madame Melanie Klein nous a génialement montré, mais elle a toujours été fort embarrassée pour expliquer comment c’était possible […] Le fait n’est possible que par une projection rétroactive dans le sein du corps maternel de toute la lyre des objets imaginaires. Ils y sont bien en effet puisque la mère constitue un champ virtuel de néantisation symbolique dont tous les objets à venir tireront chacun à leur tour leur valeur symbolique ».
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            M.-C. Thomas s’adonne, dans cet ouvrage, à un extraordinaire travail de petite main : elle déplie la lecture lacanienne de l’œuvre de Melanie Klein jusqu’à la plus petite couture. En trois périodes. Nous sommes ici dans la première qui embrasse les quatre premiers séminaires de Lacan et qui se termine, le 3 juillet 1957 – c’est la dernière séance de La relation d’objet et les structures freudiennes –, par cette déclaration : « Que l’enfant soit lié à une mère qui, d’autre part, est quelqu’un qui est lié sur le plan imaginaire à ce phallus en tant que manque, voilà la relation que Freud introduit comme essentielle ». Cette relation inconsciente enfant/mère sera au centre des deux prochains séminaires, Les formations de l’inconscient et Le désir et son interprétation, ceux où « l’on assiste à un gonflement de la référence à Melanie Klein » et qui constituent la deuxième période. C’est durant cette deuxième période que Lacan parvient à élaborer clairement sa lecture critique : « le phallus comme signifiant, écrit M.-C. Thomas, va faire grincer la machine kleinienne ». Rien ne saurait remplacer la lecture de ces pages où le lecteur suit pas à pas l’élaboration d’un Lacan toujours respectueux du texte kleinien. Où il assiste, ce lecteur, au démêlement du nœud du symbolique, de l’imaginaire et du réel restés enchevêtrés dans l’approche kleinienne.
            Nous ne tenterons pas ici d’en résumer le cheminement. Nous ne donnerons que cette citation du 17 juin 1959 où se lit le travail accompli, la capacité où se trouve désormais Lacan de traduire les intuitions kleiniennes dans le ternaire S.I.R. : « C’est pour autant que l’image de l’autre donne au sujet cette forme de l’unité de l’otre comme tel que peut s’établir quelque part cette division du dedans et du dehors par rapport à laquelle vont se reclasser les bons et les mauvais objets : les bons pour autant qu’ils doivent venir au-dedans, les mauvais pour autant qu’ils doivent rester au dehors ». « Eh bien, poursuit Lacan, ce qui arrive ici [chez Melanie Klein] à se définir de la façon la plus claire parce qu’imposée par l’expérience, c’est la même chose que ce que nous pourrions dire dans notre discours à nous [nos italiques]. C’est à savoir que le discours qui organise réellement le monde des objets, je dirais selon l’être du sujet, au départ, déborde celui où le sujet lui-même se reconnaît dans l’épreuve narcissique, l’épreuve dite du stade du miroir, à savoir où il se reconnaît comme maîtrise et comme « moi » unique ».
            Ce « débordement », c’est au lieu de ce que Melanie Klein nomme le « mauvais objet » qu’il s’opère. Objet paradoxal puisqu’à la fois « mauvais » et « interne ». Lacan : « C’est au niveau du mauvais objet que le sujet expérimente, si je puis m’exprimer ainsi, la servitude de sa maîtrise. C’est que le maître vrai – chacun sait qu’il est au-delà de tout visage, qu’il est quelque part dans le langage, encore qu’il ne puisse y être nulle part – le maître vrai lui délègue l’usage limité du mauvais objet comme tel, c’est à savoir d’un objet qui n’est pas situé par rapport à la demande, d’un objet qu’on ne peut pas demander ». Autrement dit – et Lacan le précise le 1er juillet 1959 – un objet qui n’est « absolument pas distinct de ceci : il est le signifiant du désir de désir ». À savoir le phallus désormais clairement distingué, grâce à la lecture de Melanie Klein (et de Shakespeare), de l’objet du désir.
            Quelques mois plus tard, au colloque international de psychanalyse d’Amsterdam sur la sexualité féminine, Lacan résumera d’une phrase l’écart qu’il aura réussi à creuser avec ce qu’il épingle comme « la parfaite brutalité » avec laquelle Melanie Klein présente ses concepts : « entendons, précise-t-il, l’insouci où Melanie Klein se tient, – à inclure les fantasmes œdipiens les plus originels dans le corps maternel –, de leur provenance de la réalité que suppose le Nom-du-Père. » Insouci d’une réalité supposée par un Nom.
            M.-C. Thomas donne ensuite les « échos réfractés » de l’œuvre de Melanie Klein dans l’élaboration lacanienne qui, polarisée par ce réel, se poursuit : c’est la troisième période. Lui apparaît ceci, qui fait l’objet du dernier chapitre du livre : que « l’interprétation kleinienne est du registre du mythe ». Le statut de la psychanalyse par rapport à la science n’est pas problématisé par Melanie Klein, qui procède, écrit-elle, « comme si entre les mythes et la psychanalyse il n’y avait pas la science moderne ». C’est cet « insouci » de la science – du réel qu’elle évacue – au profit du mythe qui, pour M.-C. Thomas, « fait retour » et laisse la porte ouverte à une lecture béhavioriste – en pratique, comportementaliste – de son œuvre. Par cette porte ouverte, la déferlante de l’autisme se sera engouffrée. C’est du moins l’hypothèse que, dans le prolongement de son travail sur la lecture de Melanie Klein par Lacan, propose M.-C. Thomas : c’est la science comme discours du maître – ce que le kleinisme, et peut-être bien la psychanalyse dans ses autres variantes, aura négligé – qui, pour elle, fait retour dans le foudroyant succès rencontré par ce terme . Le rapport du psychanalyste avec la science, parce qu’il ne saurait être réglé par une démarche philosophique, reste un « problème crucial » : toute paresse à cet endroit compromet l’analyse du transfert, affadit l’analyse, la rend – au mieux – inopérante.
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            Alors, revenons à la question initiale : l’analyse est-elle possible avec un enfant ? Que M.-C. Thomas publie aujourd’hui le fruit d’un travail qu’elle mène depuis le début de sa pratique vaut preuve qu’elle n’a jamais abandonné son option première. Mais qu’il soit possible de soutenir avec un enfant une position d’analyste n’entraîne pas que les choses – l’analyse du transfert, précisément – se passent comme avec un adulte. Infans, l’enfant l’est non parce qu’il évoluerait dans un monde pré-verbal – qui n’existe que dans l’imagination de ceux qui parlent –, mais parce qu’il n’aura pas encore fait sienne lalangue, celle dans laquelle toute chose, autour de lui, est dite. Pour contourner l’incapacité des enfants qu’elle rencontrait à verbaliser – donc à l’exercice de l’association libre –,Melanie Klein avait recours à ce qu’elle appelait « play technique ». Ce qualificatif de « technique » apparaît, à M.-C. Thomas, gros d’une contradiction non-levée chez les kleiniens : « tenir à la fois qu’il y a un psychisme spécifique à l’enfant et que la conduite de la cure des enfants est la même que celle des patients adultes ». Or ce que fait valoir l’ensemble du travail qu’elle nous livre mène à faire un sérieux pas de côté : d’une part, il n’y a pas un psychisme spécifique à l’enfant mais une dominance métonymique et d’autre part, si la conduite d’une cure d’enfant se règle, comme toute cure, au cas par cas, sa fin est un suspens. M.-C. Thomas laisse entrevoir cette « solution » en recourant, dans un chapitre passionnant, à la problématique complexe de l’interruption d’une partie démontrée par Pascal. Ce pas de côté a des conséquences pratiques : il permet d’envisager le jeu, celui que pratiquait Melanie Klein, comme  l’espace de l’association libre d’une parole infans.
            Adulte ou enfant, c’est à la castration que le sujet en analyse s’expose. Il a à « mordre le signifiant », le signifiant « qui le mord », écrit M.-C. Thomas. « Or il y a des cas, poursuit-elle, où ça ne mord pas, et ça donne ces enfants dits psychotiques – ou, maintenant, dits de ce vaste terme d' »autistes » –, des enfants qui, en fait, sont « pas faits », ni mordus ni mordants, par rapport au langage (les morsures avec les dents en sont des tentatives) ». Eh bien, le jeu peut être « l’officine de la métaphore », soutient M.-C. Thomas, il peut être le lieu où arrive la morsure langagière : « Ce type d’arrêt [quand « ça ne mord pas »], le jeu l’embraye et l’articule : le jeu du signifiant, le rébus, le rêve et, dans le travail avec les enfants, le jeu. » Ce que M.-C. Thomas appelle simplement ici « le jeu », c’est un passage effectif, réussi de la métonymie à la métaphore. Passage que tout « parlêtre », tout vivant dans le langage, a à traverser. Exemple, donné par Lacan : « un petit garçon de deux ans et demi attrapa sa mère qui lui souhaitait bonne nuit, près du lit, pour lui murmurer : « Ma grosse fille pleine de fesses et de muscles » » et qu’il commente: à cet âge, dit-il, les enfants « n’en sont pas encore à la métaphore, mais à la métonymie ».
            C’est là, au lieu de ce passage, que M.-C. Thomas avance ce qu’elle appelle une « thèse » qu’elle formule ainsi, en italiques : « entre les mots du mot-à-mot, le jeu est ce qui fait office de métaphore », là où une « symbolisation », une opération métaphorique, est en panne. L’enfant n’est pas poète, pas encore, mais déjà il peut être joueur. Ce qui là peut faire office de métaphore c’est, écrit-elle, qu’il y ait « transport de jouis-sens à un sens chiffré ». Un sens chiffré qu’il s’agit de recevoir : entre les mots – « grosse », « fesses », « muscles », glanés on ne sait où –, incognito, éros peut se glisser.
            Ce chiffrage d’une jouissance – qui échappe au sujet –, Melanie Klein le lui restitue dans les mots du mythe, celui d’Œdipe, celui de la mère. Elle masque ce faisant, en le déplaçant dans l’imaginaire, le fait qu’une métaphore soit une « association organique », que le corps y résonne, en soit mordu. M.-C. Thomas évoque un effet physique, organique de la métaphore réussie, un peu comme le rire s’empare de celui qu’un mot d’esprit surprend, signant sa réussite : « il y a une résonance, une vibration du corps à cet égard, il y a une absorption du corps et par le corps, écrit-elle, au moment de cette opération métaphorique ». C’est cela, la morsure d’une métaphore – et de la métaphore paternelle en premier lieu : « mordre le signifiant, avance-t-elle, c’est ce que Freud a inventé avec le meurtre du père et le repas totémique ». Jouer avec l’enfant, ce n’est pas glisser avec lui dans le mythe, c’est s’arrêter avec lui à l’entre-deux des mots, c’est-à-dire au jeu. C’est déchiffrer cet entre-mots qu’il produit avec insistance par ses gestes, ses émissions vocales, ses déplacements d’objets, ses traces sur la feuille de papier. C’est laisser vibrer, résonner dans son corps la morsure du signifiant pour que la métaphore ait lieu, et qu’au lieu du suspens, du vide de jouissance qu’elle crée, naisse un sujet singulier.
             M.-C. Thomas interrompt là son propos, au moment où, dans les « fragments d’une cure d’enfant » qu’elle nous livre, le jeune Frédéric passe « de l’image d’un « corps morcelé » à l’image du corps désirant ». Interruption qui est la marque d’une analyse d’enfant, remarque-t-elle. Le jeu qui permet une opération métaphorique réussie s’accompagne, note-t-elle, d’une cessation des symptômes …et du jeu lui-même. Et, ajouterons-nous, d’une amnésie dont aura témoigné le premier enfant entraîné dans un jeu analytique : Herbert Graf revenu, jeune homme, visiter Freud. Cette interruption des cures d’enfants n’est pas le bouclage d’une analyse : l’analyste n’y étant pas délaissé en place de déchet, d’objet a.
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            Livre né de la pratique, disions-nous en commençant. Livre pour praticien pouvons-nous conclure, pour praticien dont l’enjeu est l’advenue du sujet, là où le corps, immergé de langage, demeure inmordu, en proie à une métonymie infinie. Enjeu de l’analyse : de quel prix se paye un consentement à la métaphore ? De quel amour ?

Laurent Cornaz

    « La psychanalyse et son enseignement », communication présentée à la Société française de philosophie le 23 février 1957, repris dans J. Lacan, Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 448.
    Nous adoptons ici – ce que ne fait pas M.-C. Thomas – l’écriture « otre » proposée par Jean Allouch pour conserver l’ambivalence entre « autre » et « Autre » (la mère concrète et la mère inconsciente) que Lacan ici ne lève pas – ce qui lui arrive de faire (quand il le juge nécessaire) dans l’oralité du séminaire. Les deux lectures sont en effet compossibles (ce qui n’est pas le cas pour le premier « autre » de cette phrase).
    M.-C. Thomas, L’autisme et les langues, Paris, L’Harmattan, 2011.

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