La formulation du titre du livre que nous propose ce soir Malvina ZALCBERG « Qu’est qu’une fille attend de sa mère ? » laisse supposer une sorte de demande tranquille, légitime, déjà socialisée qui laisse les sujets à l’intérieur d’une relation contrôlée, égale et égalitaire. Un peu comme « qu’est ce le public, ici, au Salon attend de vous, Malvina Zalcberg ? », ou encore : « Qu’est ce que vous, Malvina Zalcberg, attendez de moi dans cette présentation ? ». Mais le contenu du livre, sa matière, est bien au delà de cette interrogation policée ! Il y a, entre mère et fille, les éclats toujours menaçant de ce que Freud appelait « catastrophe » et Lacan plus tard, « ravage ». |
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Il y a là quelque chose de tout à fait spécifique à la relation entre une fille et sa mère et, dans votre travail, vous articulez ce ravage, cette catastrophe, à la demande (au sens anglais de « demand », exigence), la demande que la fille adresse à sa mère ? Et cette demande concerne rien moins que l’identité de femme. Comment la fille devient elle femme ? Comment, demande la fille à sa mère, deviendrai-je femme ? Et vous soulignez comment cette identité ressortit précisément d’un DEVENIR et non d’une forme stable, acquise. C’est un aléa majeur de la différence des sexes. |
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Le livre est préfacé par Aldo Naouri qui, me semble-t-il, n’évite pas l’écueil de la psychologisation. Je cite « J’ai entendu ce titre comme celui d’un livre que j’aurais voulu mais que je n’aurais pu écrire? Pour la simple raison que, même après une psychanalyse, je ne pouvais pas, en tant qu’homme, fils et père, aborder cette problématique avec la sensibilité requise pour l’intégralité de ses dimensions. » (page 10). Voilà une affirmation que j’aimerai transformer en question : Y a-t-il donc une « sensibilité requise » pour être autorisé (et plus encore, s’autoriser) à aborder la question de la femme et du féminin. J’avance – sans risque – que votre travail évite parfaitement cet écueil, ce glissement psychologique, et garde sa juste tenue psychanalytique. |
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C’est là, si l’on suit l’auteur pistant Freud puis Lacan, la qualification majeure de la relation indéfinie fille-mère. L’accent est alors porté sur la réussite chez la mère de son identification à la femme (identification trouée, marquée par le manque de signifiant de la féminité). Serge SABINUS |
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L’Invité 8 mars 2011
Malvine Zalcberg "Qu'est-ce qu'une fille attend de sa mère" Editions Odile Jacob Présentation Serge Sabinus