L’Invité : mardi 12 mai 2005

Nazir HAMAD pour son livre "La Langue et la Frontière" Double culture et polyglottisme Editions Denoël Présentation de Delia Kohen

 

Bienvenu Nazir Hamad,

J’ai eu d’emblée, avant même d’avoir lu tout votre livre, le désir d’en faire l’objet d’une soirée du Salon et je suis contente que nous ayons pu ensemble avec mes collègues du groupe de préparation le retenir.

Affinité avec vous sur plusieurs plans- proximité régionale mais surtout le rapport aux langues. Destinée à faire interprète et traducteur, j’ai été pendant un temps persuadée d’avoir fait un tout autre choix. Il m’a fallu bien sur passer par l’analyse pour retrouver, ce que je refusais obstinément, déplacée ailleurs « l’Inconscient est polyglotte » dites vous et le psychanalyste dans sa pratique passe constamment d’une langue à l’autre, nous y reviendrons tout à l’heure.

Il y a pour commencer dans le livre de Nazir Hamad un souci qui porte sur l’Islam et le devenir des populations arabo-musulmanes. Vous abordez ce malaise très actuel, a la lumière de votre expérience clinique.

Votre livre à des proximités et des correspondances avec des auteurs et des livres qui font parti de notre bibliothèque, celle que nous nous sommes constitués depuis une quinzaine d’années ici au Salon. Je pense à deux auteurs principalement : Jacques Hassoun et Fethi Benslama. Je pense à « Fragments de langue maternelle -Esquisse d’un lieu – et « Les contrebandiers de la mémoire » de Jacques Hassoun » avec lequel vous partagez une expérience de l’exil et des langues .Certainement, tous les exils ne sont pas équivalents, mais comme vous, il insistait sur le caractère toujours singulier de cette expérience de l’expatriation.

« La psychanalyse à l’épreuve de l’Islam » aussi de Fethi Benslama qui a été ici notre invité en 2003. Nous l’avions également invité pour la revue « Intersigne » qui réunissait des intellectuelles des deux rives.

Vous prenez aussi vivement parti pour dénoncer l’idéologie de l’éthnopychiatrie dans l’approche clinique des populations migrantes. Votre approche reste résolument psychanalytique, celle de la méthode freudienne qui s’appui sur le signifiant et les lois de la parole. Vous insistez sur la nécessité de ne pas confondre « culture » et « savoir inconscient »

D’une manière originale et probablement rare ,vous montrez comment la psychanalyse subvertit les frontières, les signifiants passent d’une langue à l’autre et rusent avec les résistances –« L’inconscient franchit les frontières lexicales des langues, procédant par homophonie, traduction, translittération ou distorsion. »

C’est une invitation à la lecture qui nous est proposée dans le livre de Nazir Hamad, lecture fidèle à la méthode inaugurée par Freud dans « La sciences des rêves » et ces prolongements avec Lacan.

Delia Kohen

 

 

 

   
     

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