Robert Levy
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Le livre que nous propose ce soir Robert LEVY – « L’infantile en psychanalyse. La construction du symptôme chez l’enfant » – fait état d’un travail continué sur plusieurs décennies concernant la pratique de la psychanalyse avec les enfants. Je suis attentif aux termes ici : Robert LEVY ne parle jamais de « psychanalyse d’enfant » (comme le fait maladroitement le préfacier) car cette formulation paresseuse laisse croire sans précaution à l’existence d’une cure analytique pratiquée avec un enfant comme analysant. C’est un peu plus compliqué et le livre de Robert LEVY en témoigne. On pourrait dire d’ailleurs sans craindre l’erreur que la cure analytique n’a pas d’autre pratique qu’avec cet enfant auquel l’analysant laisse enfin la parole ! Alors si la psychanalyse c’est la cure avec l’enfant absenté, que peut être une analyse avec l’enfant présent ? |
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Serge Sabinus
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Bien sûr les références ne manquent pas ; d’Anna Freud à Françoise Dolto en passant par Mélanie Klein et D. W. Winnicott… mais j’aimerais avoir ton avis ! 1ère mise en évidence, la limite d’âge de 6 ans. Cette période de la vie ainsi repérée, Robert LEVY l’appelle « infantile » exhaussant un terme englué dans sa signification commune de petite enfance au rang de concept opératoire et de stade de développement. Nous voilà ainsi muni d’un nouveau « calendrier » qui tient compte – on va le voir- de la psychanalyse et non plus de la maturation intellectuelle per exemple : « On aurait alors l’infans (jusqu’à l’acquisition du langage), l’infantile (de l’acquisition du langage jusqu’à la constitution du complexe d’Œdipe), l’enfance (de la période pré pubère jusqu’à la puberté), enfin, l’adolescence qui dure parfois bien plus qu’on ne l’imagine. » (p106) L’hypothèse de travail de l’auteur s’appuie sur Freud évidemment – le Freud des 3 essais, le Freud qui découvre le sexuel chez l’enfant – et sur les avancées de J Lacan à propos de l’effet de structure par la parole, le Nom-du-Père comme métaphore, l’objet a, le Lacan des Nœuds borroméens et celui, capital ici, du sinthome. 1 La sexualité infantile : 2 Le refoulement : Suivant fidèlement l’enseignement de Lacan, le refoulement est une opération de substitution d’un signifiant pour un autre, opération dite de métaphore. Le temps de l’infantile est donc exactement, si l’on suit Robert LEVY, celui de l’installation de la métaphore du Nom du Père, selon la formule qui substitue au signifié du désir de la mère – auquel l’enfant s’est identifié – le signifiant du Nom du Père. Ce processus donc, s’inscrit dans le temps, et ce temps nécessaire, travaillé, chiffrable dans sa durée, plein des amours et des apprentissages enfantines, contemporain de l’acquisition de la maîtrise du langage, c’est l’infantile. Et cette maîtrise du langage, c’est la langue colletée à son Maître, dans le symbole du Père par son signifiant, le Nom-du-Père. Robert LEVY prend un soin tout particulier à détailler cette opération de la Métaphore qui occupe le temps de l’infantile. Son fonctionnement est remarquable en tant qu’elle inscrit par une opération logique la place et la fonction du père, et en tant qu’elle fait de ce père une fonction langagière, signifiante. Robert LEVY suit précisément Lacan lorsque celui-ci déploie le père à travers les 3 champs du Réel, de l’Imaginaire et du Symbolique. Il y a donc une double substitution – propre au champ de l’inconscient d’ailleurs – le mot pour la chose (le père symbolique pour le père de la réalité) d’une part et, d’autre part, le signifiant du Nom-du-Père en lieu et place du signifié du désir de la mère : « Le Nom du Père est donc une symbolisation au second degré, une symbolisation de symbolisation, c’est-à-dire que l’on passe d’une première symbolisation qui correspond à la présence/absence de la mère binaire à une seconde symbolisation qui fait passer au ternaire. » (p75) Cet éclairage autour de l’infantile, de la métaphore qui nous conduit à l’idée du symptôme infantile comme manque de refoulement ne laisse aucunement dans l’ombre la difficile question du refoulement originaire. Robert LEVY fait appel à d’autres auteurs (Berges, Balbo) pour préciser sa pensée : le refoulement originaire est constitué des refoulements maternels « comme autant d’énonciations venant de la part de la mère, porteuses des signifiants que l’enfant introjectera ». La bonne qualité de la relation de nourrissage (« mother good enough » de Winnicott que Robert LEVY traduit par « mère suffisamment quelconque ») produit une juste « transmission » de signifiants remplissant le grand Autre. L’infans est parlé et cette 1ère formation de l’inconscient peut être dite avec Lacan « sans sujet ». Le passage d’un 1er refoulement –originaire- au refoulement secondaire constitutif du champ symbolique semble ressortir cependant aussi du champ de la métaphore… On entend là au plus près l’intérêt du travail de Robert LEVY dans le champ clinique. La proposition de faire du sinthome le nom de ce qui noue le symptôme de l’enfant à celui des parents conduit alors à spécifier le repérage de l’acte analytique avec l’enfant : « la tâche sera justement pour l’analyste d’amener à ce que le refoulement soit enfin possible » à savoir produire ce que Lacan nomme refoulement symbolique. Ce qui ne va pas sans risque : « …toucher au symptôme de l’enfant, c’est faire courir au sinthome des parents le risque d’être déstabilisé » (p71) La question de l’analyse avec l’enfant est en jeu. On voit clairement que l’action de l’analyste est en direction du sinthome des parents. Sa mobilisation est – si je comprends bien – la condition suffisante et nécessaire pour que le processus de refoulement reprenne son cours structurant (jusqu’à quel achèvement d’ailleurs ?). Il ne s’agit plus « d’être là sans raison d’être » mais de mettre en œuvre des moyens qui risquent d’inscrire l’acte analytique dans une sorte de rééducation thérapeutique du refoulement. De plus, et non le moindre, qu’en est-il alors du transfert, ce moteur premier (au sens d’Aristote) de la cure ? Serge SABINUS |
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Richard Abibon
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L’Invité : mardi 12 mai 2009
Robert LEVY pour son livre "L'infantile en psychanalyse" La construction du symptôme chez l'enfant Editions érès Présentation Serge Sabinus