L’Invitée : mardi 8 janvier 2008

Vannina MICHELI-RECHTMAN pour son livre "La Psychanalyse face à ses détracteurs" Editions Aubier Présentation Philippe Beucké

 

 

Répondre aux détracteurs de la psychanalyse qui mettent en cause sa pertinence, son efficacité, sa validité scientifique, voilà à quoi vous vous coltinez !

Trois champs de critique essentiels et actuels : Critiques de sa validité scientifique sur le modèle des sciences dites naturelles, expérimentales, physiques, il y aurait une impossibilité de tester, d’évaluer ses hypothèses. Critiques liées aux découvertes des neurosciences opposant au sujet parlant, le sujet cérébral.

Tentatives de psychologisation, celle de la pente herméneutique limitant le champ théorique de la découverte freudienne.

 Votre fil conducteur sera alors l’étude du statut de l’interprétation dans la psychanalyse, faisant ainsi un pas de côté pour éviter le piège d’une nouvelle controverse. Vous en reposez les termes initiaux, l’interprétation en faisant partie puisque ce concept philosophique et psychanalytique permet de questionner les fondements de l’épistémologie freudienne. Freud s’est séparé de l’herméneutique, vous en montrez la rupture, l’interprétation est constitutive et de la théorie et de la pratique. Le contexte naturaliste est entendu par vous dans un sens bien différent de celui prôné par les sciences cognitives qui revendiquent une « naturalisation du mental ». Enfin Freud s’est éloigné des philosophes du langage, l’exemple majeur étant Wittgenstein.

 Avec rigueur vous tenez le fil, traversant non seulement l’histoire de la psychanalyse dans son contexte intellectuel, ce qui influença Freud et le fit s’en démarquer mais également de nombreux auteurs. Evidemment cela ne va pas sans établir des ruptures ; ainsi il n’est pas possible de concilier phénoménologie et théorie freudienne (je renvoie à votre lecture de Paul Ricœur). L’ épistémologie proprement freudienne telle que vous la soutenez serait, je me permets de vous citer : « Au fond il ne s’agit pas d’accorder même avec bienveillance le bénéfice de la science à l’ensemble du corpus pour effectuer secondairement une sélection parmi les hypothèses, concepts qui relèveraient d’une assimilation à des énoncés scientifiques mais de partir de la théorie elle-même, de son mode de construction pour ensuite faire émerger les énoncés qui en son sein, organisent le type de connaissance qu’elle produit ».

 Avec Wittgenstein, vous dégagez la psychanalyse de ce qu’elle pourrait, sous couvert de l’intérêt du logicien pour Freud être  » jeu de langage » ; le projet matérialiste de Freud n’est plus ce qu’il était et un fossé existe entre la scientificité de la psychanalyse telle que son fondateur l’a comprise et comment nous pouvons la comprendre aujourd’hui. Sans doute l’arrivée de Lacan a participé de cet écart (Un Lacan un peu muet dans votre livre !!) Pour le coup je pense aux quatre discours et à leur pertinence pour répondre au mieux à ce que vous soutenez.

Je pense que votre pari de redéfinir l’épistémologie freudienne pour en dégager une autonomie dans sa pratique et sa théorisation, de montrer son originalité au travers et en dehors de ses influences, notamment celle de la clinique psychanalytique, est réussi. Réussi parce que vous reformulez ce que la psychanalyse inaugure dans la science et la philosophie : l’invention de la notion d’inconscient et sa conception alors de l’interprétation. Mais aussi réussite parce que vous évitez de revendiquer son efficacité thérapeutique.

Philippe Beucké

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.