Catherine Petiteau |
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Avec simplicité et dans une belle qualité de présence, l’auteure développe une réflexion instruite et pragmatique qui propose des repères pour comprendre et dénouer l’emprise traumatique. Elle se situe en dehors d’une pensée victimaire qui figerait et ne permettrait pas une historisation à partir du présent de l’individu. Cette clinique est « transnosographique ». On la retrouve dans la plupart des thérapies, dans son lien avec des événements issus de la guerre ou du totalitarisme, mais aussi dans des violences extrêmes et perverses commises dans l’espace domestique (violences qui parfois découlent des traces enfouies au sein des lignées par les précédentes). Les manifestations peuvent en être discrètes, lorsque le drame ancien semble avoir été surmonté au prix d’intenses efforts psychiques. Mais à la faveur d’un fait extérieur, la catastrophe resurgit, intacte, sous la forme d’états émotionnels et sensoriels autonomes. Le trauma a continué en silence sa destruction. Yaelle Sibony-Malpertu montre comment reconnaître et se saisir de ces manifestations, expliquant aussi pourquoi le savoir traumatique ne peut être distingué du fait de ne pouvoir être dit à un autre. Cette mémoire est non inscrite car non symbolisée, forclose du connaissable, « retranchée « , selon le terme utilisé par Françoise Davoine et Jean-Max Gaudillière pour qualifier cet inconscient qu’on ne peut ni se remémorer ni oublier. Catherine Petiteau |
Yaelle Sibony-Malpertu Se défaire du traumatisme
Symptômes post-traumatiques et transmissions familiales Editions Desclée de Brouwer, 2020