Sous la direction de
Laurie Laufer, Thomas Lepoutre et Guénaël Visentini
Ecrire le cas

Psychologie Clinique, nouvelle série, numéro 44 Éditions EDP Sciences, 2017, 272 p.

« Le simple est toujours faux. Ce qui ne l’est pas est inutilisable. »
Paul Valéry (Œuvres)

Le présent ouvrage est dédié à l’écriture du cas en psychanalyse. C’est aussi la revue de l’Association Psychologie Clinique, dont les objectifs tendent à développer les fondements et les enjeux principaux de cette discipline. Ce numéro ouvre une série de questions sur les écritures cliniques, en renouvelant l’inventaire de ses problèmes actuels, tout en prenant en compte l’ouverture à l’interdisciplinarité.

Ce livre est issu d’une série de réflexions à l’occasion d’un séminaire de recherche sur « La question du cas », où sont impliquées à la fois la pensée psychanalytique, sa pratique et sa transmission. D’où les différentes interrogations :  « Quel effet le passage par l’écriture a-t-il sur les cures ? » ; « Un compte-rendu de cas répond-il aux problèmes de son patient ou à ceux de son analyste ? » ; ou bien « Qu’a t-on le droit de faire de ces traces ? » ; ou encore « Avec quels filtres interprétatifs les aborder ? »

Fondée autour des années 1980, Psychologie Clinique est une revue scientifique de dimension internationale, dirigée par Olivier Douville, psychanalyste, maître de conférence à l’Université Paris VII. Ouverte aux praticiens et aux chercheurs, la revue publie deux fois l’an des dossiers thématiques, des textes rares, des écrits originaux, des comptes-rendus de manifestations scientifiques, des analyses de livres.

Cet ouvrage rassemble une série d’articles dont l’ensemble se compose d’une introduction et de trois sections : « Interdisciplinarités », « Histoire et épistémologie de la psychanalyse », « Cliniques ». Dans la section « Interdisciplinarités », Dario Compagno, sémioticien et maître de conférences en humanités numériques à l’Université de Lorraine, propose de relire le cas clinique freudien de l’Homme aux loups, et met pour cela en évidence l’apport des outils forgés par les sciences du langage. En pointant la tension qui peut exister entre le témoignage d’un cas réel et son interprétation, l’auteur invite à une réflexion sur les spécificités de la relation thérapeutique en psychanalyse et sa communication.

Un fil clinique et théorique anime le livre autour de la fabrique du cas. Dans « Histoire et épistémologie de la psychanalyse », Thomas Lepoutre, maître de conférence à l’Université Aix-Marseille et psychologue clinicien, se propose de réinterroger les spécificités de l’écriture du cas en psychiatrie et en psychanalyse, en se basant sur le constat fait par Freud que « les récits de cas » psychanalytiques tiennent davantage du « roman » que du « certificat » psychiatrique. Tandis que le texte de Paul Laurent Assoun, professeur à l’Université Paris VII et psychanalyste, situe le cas à la fois comme cas et comme chose, en plaçant le statut  du sujet en son lien au réel du symptôme. De son côté, Beatriz Sandoz, maître de conférence à l’Université Paris VII et psychanalyste, s’appuie sur une analyse renouvelée du cas Dora, et confronte la problématique de l’écriture du cas clinique à la question de la spécificité des textes analytiques, dans ses effets transformateurs sur le lecteur.

La section « Cliniques » rassemble des articles écrits plus particulièrement à partir de la praxis analytique. Dans son texte, Guy Le Gaufey, psychanalyste, regrette l’abondance des vignettes dites cliniques dans la transmission actuelle de la psychanalyse, qui peuvent être une menace pour la pratique analytique dans son rapport au transfert. Pour Florent Gabarron-Garcia, chercheur associé en philosophie à l’Université Jean-Jaurès (Toulouse), rendre compte de la psychanalyse par la construction du cas ou par la narration d’un récit de cure ne ressort pas du même exercice ; l’un se confondant avec le clinicien ; l’autre pensé à partir du patient, dans sa rencontre avec l’analyste. Pour clore ce numéro, Eva-Marie Golder, docteur en psychologie clinique et psychanalyste, présente une approche inédite de travail en groupe à partir de la clinique infantile.

Autour de la question ici évoquée, le lecteur trouvera, page 185, des hommages à Michel Guibal, avec les signatures de Elisabeth Roudinesco, Jean-Jacques Moscovitz, Huo Datong et Olivier Douville.

Annik Bianchini Depeint

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