Avec ce joli titre, « Le souvenir d’une enfance oubliée », Frédéric de Rivoyre, psychanalyste, et membre d’Espace Analytique, rend hommage à ceux et celle auprès de qui il s’est formé, à savoir Sandor Ferenczi, Melanie Klein et Donald Winnicott. On notera que Frédéric de Rivoyre tient un séminaire de recherche autour des textes de ce dernier depuis de longues années.
A partir de sa longue et patiente expérience de travail clinique avec les enfants et avec leurs parents, Frédéric de Rivoyre approche de près l’histoire de ceux qui ont, malgré les réticences de Sigmund Freud, défriché le terrain de la psychanalyse d’enfants.
Au cours d’un récit, construit comme un feuilleton, il nous entraine dans la vie quotidienne des intellectuels et des psychanalystes à Budapest, puis à Londres. C’est une véritable mine d’informations, nourrie d’une rigueur théorique rare, et qui passionnera tous ceux qui savent que le travail avec les enfants permet de prêter son corps et sa psyché dans des rencontres singulières, propices à la créativité et à l’inouï.
Tour à tour, Rivoyre se fait passeur d’histoires, romancier, scénariste, conteur, et en virtuose, manie le suspense jusqu’aux dernières pages, témoin d’une rencontre capitale, mais chut, on n’en dira pas plus… Tout est vrai, vrai de vrai, même si tout pourrait être inventé, à vous de voir.
On retiendra également dans cet ouvrage le style de l’auteur, qui sait écrire, avec tendresse, des dialogues savoureux, des portraits à la Balzac, le tout illustré de pointes d’humour et d’un soupçon de polar.
En cadeau, ces quelques lignes, qui illustrent la profonde intimité avec l’analyse que Frédéric de Rivoyre porte tout au long de son récit:
« Une cure analytique, c’est l’histoire d’un trajet vers le nouveau, une enfance qui n’existe pas encore. On ne découvre pas son enfance perdue, on crée à chaque avancée du travail, une enfance inconnue. »
Emma Franck