Quel magnifique exposé sur les questions des études de genre actuelles. Le point de vue associe une formalisation psychanalytique autour du concept de phallus (son objet de travail depuis longtemps) avec une étude historique du concept lui-même. Qu’est-ce que le Phallus dans l’antiquité ? Puis qu’est-ce que la religion chrétienne en a fait ? Puis l’ère victorienne de la bourgeoisie triomphante, et aujourd’hui ? Cette perspective est dispersée au cours des chapitres rangés sous l’égide d’une formalisation théorique dont le pivot est la logique du tout, de l’Un, opposé à la logique du « pas tout ».
Assez étonnant, et ma foi très convainquant, Gisèle Chaboudez remarque dans l’histoire du travail de Lacan, des véritables zones d’ombre, ou plutôt de « réflexions » qui n’ont pas été entendues, aujourd’hui encore, et qu’elle déroule avec finesse. Remarquable aussi est sa posture « critique » mais sereine des avancées des féministes, en reconnaissant leur efficacité réaliste.
Lacan énonce que «l’inconscient c’est le politique » et Gisèle Chaboudez en fait une utilisation qui cette fois, parcourt tout le livre et lui donne presque une valeur d’augure étonnante !
Enfin, je me suis régalée avec l’impression que, sortie des récriminations, le monde psychanalytique prenait acte sereinement de l’émancipation des femmes dans nos cultures, en exposant la logique des résistances, dans nos rangs tout autant !
Et un petit addenda pour le texte, paru en édition bilingue anglais/français, « the féminine deal » d’une conférence que Gisèle Chaboudez a faite à New York où ces thèmes sont abordés et peuvent presque constitués un résumé !
Jeanne Lafont, psychanalyste, psychothérapeute. Mes livres : Chez Point hors ligne, Topologie ordinaire de Jacques Lacan, 1986; Topologie lacanienne et clinique analytique, 1990. Les pratiques sociales en dette de la psychanalyse, 1994. Chez EFEdition. Les dessins des enfants qui commencent à parler, 2001; Six pratiques sociales, (livre collectif), 2006; La langue comme espace, 2015.