On hésite à savoir si on lit une histoire de la psychanalyse par le biais des « mauvaises filles » (sic) ou s’il s’agit d’une histoire du féminisme ou plutôt des racines des « études de genre » dans le domaine de la psychiatrie et de la psychologie. On y rencontre Madeleine Pelletier plusieurs fois dans des chapitres ordonnés autour de figures comme « la jeune-fille », la prostituée, l’éros lesbien… J’y ai découvert Danièle Messia, Renée Vivien, Véronique Pestel, …
L’ombre de la méthode de Michel Foucault plane tout du long, Freud et Lacan aussi bien sûr : c’est un livre intéressant, où on apprend des tas de choses. Mais il laisse quand même une sensation de décousu, de mélange, de pertinence aussi : Ainsi il y a une étude précise du journal Herculine Barbin (hermaphrodite reconnue) et de sa publication en 1872 par Ambroise Tardieu. Il n’est pas publié en entier : « ce sont précisément ces passages de souffrance que Tardieu va s’employer à censurer ».
Et je ne résiste pas à citer la page 61 une partie de la liste qui circule dans les milieux féministes contemporains :
… Un courtisan : c’est un proche du roi
Une courtisane : c’est une pute
Un masseur : c’est un kiné
Une masseuse : c’est une pute
Un coureur : c`est un joggeur
Une coureuse : c’est une pute
Un professionnel : c’est un sportif de haut niveau
Une professionnelle : c’est une pute
Un homme sans moralité : c’est un politicien
Une femme sans moralité : c’est une pute
Un entraîneur : c’est un homme qui entraîne une équipe sportive
Une entraîneuse : c’est une pute
Un homme à femmes : c’est un séducteur
Une femme à hommes : c’est une pute

Jeanne Lafont, Jeanne Lafont, psychanalyste, psychothérapeute. Mes livres : Chez Point hors ligne, Topologie ordinaire de Jacques Lacan, 1986; Topologie lacanienne et clinique analytique, 1990. Les pratiques sociales en dette de la psychanalyse, 1994. Chez EFEdition. Les dessins des enfants qui commencent à parler, 2001; Six pratiques sociales, (livre collectif), 2006; La langue comme espace, 2015.