Jean Allouch | Lettre pour lettre

Transcrire, traduire, translittérer

Édition essais Epel, revue et augmentée, 2021

Article rédigé par : Émilie Berrebi

Postface : L’altérité littérale.

Parue en 2021 soit plus de trente ans après sa première publication épuisée, cette reprise de Lettres pour lettre fait état des avancées de la pensée de l’auteur, après une longue pratique associée à la lecture de Lacan, de Michel Foucault, son histoire de la sexualité et Folie, Langage, et littérature (1919).

Certaines positions de 1984 sont revisitées et nuancées voire modifiée : Ainsi est réduite la portée attribuée à la cause ; sont introduits le chiffre et le signe plutôt que le signifiant, l’altérité littérale, qui renvoie de la lettre à la lettre, du chiffre au chiffre ; est récusée qu’une interprétation puisse jamais venir à bout d’une parole insensée ; est affirmée que la folie invente son propre code, (elle a son chiffre en elle-même, ) ; qu’avec la littérature moderne, (Artaud, Roussel, Blanchot) elle développe un code dans le code, un peu comme la relation entre les oiseaux du ciel et les jeunes filles vont permettre à Freud de déchiffrer la langue fondamentale de Schreber ; est diminuée l’importance de l’objet ; est redonnée sa place dans la pratique à la liberté de l’analysant, au soulèvement, à la volonté à côté du désir ; l’intersubjectivité est récusée ainsi que la structure, de même la traversée du fantasme en fin d’analyse.

En 2017, dans Pourquoi y a-t-il de l’excitation sexuelle plutôt que rien, Jean Allouch avait différencié dans l’analyse deux analytiques du sexe : la première une analytique de l’objet et du lien, la seconde célibataire ou du lieu. C’est ainsi qu’il en est arrivé à relativiser l’importance de la cause en psychanalyse, la première analytique ayant affaire à l’objet a, la seconde à l’absence logique et formelle de rapport sexuel.

La puissance de l’image va être alors développée avec la lecture de désirer désobéir de Georges Didi-Huberman, ainsi que le soulèvement. Associée aussi à l’objet a, l’image est érogène, suscite le désir et constitue une défense contre le sexe et la seconde mort. C’est avec la chute de l’objet dans la seconde analytique que va se faire l’analogie avec la peinture et surtout la naissance de la peinture abstraite. Kandinsky affirmait que l’objet était un obstacle à l’acte de peindre.

« De même, la focalisation de l’analyse sur l’objet a est un obstacle à l’acte analytique et à son bouclage »

Émilie Berrebi, psychiatre, psychanalyste, membre de l’école lacanienne de psychanalyse. Publication : Étant donné l’Amour Lacan, Paris, EPEL 2012. Lacan 66, Réception des écrits, avec Danielle Arnoux, Monique Boudet et Janine Germond, Paris EPEL 2016.

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