Ecrit au printemps 2021, Laurence Joseph, psychanalyste, saisie la « macroscopie » que la pandémie livre sur ‘’intime lors du premier confinement à l’échelle planétaire. Cette focale élargie est inhabituelle pour un concept plus souvent approché par le prisme d’une narration singulière. Désormais s’entend un discours cloné, alors que le chez-soi est devenu réclusion.
Décryptant subtilement le mythe de Mélusine, l’auteur fait parvenir jusqu’à nous son écho pour en déployer ses interprétations et rendre visible les conditions élémentaires à l’émergence de l’intime. Il y a le temps de l’action, et le temps de la narration. Lié à notre condition de Parlêtre, le temps de retrait où l’intime se tisse dans une totalité signifiante.
La chute de l’intime est ce point de bascule où instantanément, le regard de l’autre pèse et enjoint une séparation par laquelle peut avoir lieu une réparation des dommages de la honte. Entre alors un dialogue entre soi et l’autre. Le lieu de l’autre et un lieu à soi. Le lieu de l’Autre est un lieu à soi, le lieu intérieur de Saint Augustin. Se décrit l’écart, l’abri, protégé, où pourra s’élaborer une parole, celle de la différence acceptée. Sans l’autre plus d’intime.
Les questions sont posées d’emblée. Etayées par Freud et Lacan sont élaborées des hypothèses sur les conséquences psychiques d’un intime malmené, dévalorisé et sur les risques politiques d’une mélancolisation du discours. Au delà de la pandémie, le rapport à l’intime est structurant dans la Cité. Pour chacun, pour les enfants, la pédagogie, le savoir être et le savoir vivre. En dialogue avec des points de vues sociologiques, philosophiques l’auteur cerne une topologie de l’intime, de ses ordonnées et de leurs mouvements.
Alors que l’actualité étire une temporalité où s’entend bruyamment ou dans un silence assourdissant l’effondrement des certitudes, des croyances, des structures, l’effacement des frontières topologique de l’intime fragilise la possibilité d’une parole opérante entre soi et l’autre. Le geste de l’essai est d’alerter comme d’apprendre à lire les constellations psychiques de la révolte, à les considérer.
Christelle Ducasse Psychanalyste à Paris