Marc-Léopold Lévy
Éclats de jouissance. Éthique et psychanalyse

Éditions érès, Coll. Point hors ligne, 2018, 264 p.

Que tes principes de morale ne t’empêchent jamais
de faire ce qui est juste
Isaac Azimov, Fondation

Pour faire suite au livre intitulé Critique de la jouissance comme Une, le présent ouvrage s’attache à tenir compte de la répartition des divers aspects de la jouissance dans tous les trous du corps, c’est-à-dire dans tous les circuits pulsionnels qui existent. L’auteur développe les conséquences éthiques que l’on peut tirer de cette démarche, et souligne les liens que la psychanalyse entretient avec la pensée juive.
Selon Marc-Léopold Lévy, ce sont les effets de la parole sur les trous du corps qui provoquent le passage de l’instinct à la pulsion, ainsi que celui de la satisfaction à la jouissance. La jouissance est ce qui vient en plus, en trop. « Je souffre mais faites que je jouisse plus! », telle est la demande des analysants. Les névrosés se soutiennent d’un surréel de la langue. Le sujet jouit trop, remarque l’auteur, car on ne jouit qu’en tant qu’effet de signifiant. Et il y a mille et une façons de jouir. L’obsessionnel répétera à qui veut l’entendre : «C’est moi ou les mots! ». De son côté, le phobique essayera d’éliminer les mots rebutants et de les restituer dans un style plus pur. Quant à l’hystérique, elle cherchera à érotiser les mots, en souffrant, en se plaignant.

Le psychanalyste tend à essayer de baisser la jouissance du patient, toujours en excès, afin de permettre d’accéder au désir qui lui est propre, propre à son circuit pulsionnel.

Marc-Léopold Lévy est psychanalyste, directeur de l’EPL (École de psychanalyse laïque), membre du Cercle freudien, de l’APM (Association Psychanalyse et médecine), de la FEP (Fédération européenne de psychanalyse). Il a publié Critique de la jouissance comme Une, Leçons de psychanalyse, aux Editions érès en 2003.

Dans le chapitre intitulé « La pratique analytique », sont abordés différents thèmes : « Des petites coupures ou de la demande de paiement comme acte ». « A quel prix l’être parlant s’introduit-il comme sujet? ». Ou encore : « La psychanalyse, une médecine douce? ». Dans le chapitre « Clinique », l’auteur donne des éléments de  réponse à certaines interrogations : « Pourquoi les hommes bandent? » et « Pourquoi les hommes ne bandent pas? ». « Comment sortir l’anorexique de la jouissance? ». Ou « Pourquoi, comment se drogue-ton? ».

Prendre en considération les éclats de jouissance dans leurs diverses modalités relève d’une éthique. L’éthique de la psychanalyse, observe Marc-Léopold Lévy, se rapproche de la pensée juive car si la psychanalyse s’interroge sur « qu’est-ce qu’un sujet vivant- parlant? », la pensée juive se réfère aux  mêmes conséquences, du fait d’être un vivant- parlant. Le judaïsme, de même que la psychanalyse, ont emprunté à des pensées qui existaient avant eux, et toutes deux ont tenu une ligne spécifique. La psychanalyse et le judaïsme écoutent la lettre, ceux qui étudient la religion écoutent la Torah, comme les psychanalystes écoutent les patients et leurs rêves. Concernant la Loi, le judaïsme propose, comme toutes les religions, une régulation  commune pour tous les individus, alors que la psychanalyse, elle, adapte les individus à la loi, c’est-à-dire dans la « castration », par rapport à leurs signifiants propres. «  Comme le judaïsme, la psychanalyse, elle aussi, aide le sujet à opter malgré tout pour la vie du désir plutôt que de se laisser envahir par la jouissance mortifère. Et ce renoncement à la jouissance, imposé par la Loi et qui permet la vie, le psychanalyste l’appelle “castration” », remarque l’auteur. Cependant, Marc-Léopold Lévy rappelle que la psychanalyse désaliène alors que les religions favorisent la névrose obsessionnelle.

Annik Bianchini Depeint

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