Marie José Sophie Collaudin | Au fil des paroles : le verbe

Essai de psychanalyste

Éditeur, La rumeur libre, Hors collection, 2025

Article rédigé par : Jeanne Lafont

Dans ce livre, c’est bien une psychanalyste qui nous écrit : elle parle à la première personne de sa clinique, tout au long du livre : quarante ans tout de même, une bonne partie dans les services publics, et dans son cabinet depuis 1984. Et elle a une manière bien à elle de convoquer la théorie, présente bien sûr, mais selon des sentiers très originaux.

Je l’ai lu dans le désordre, et finalement je crois que je peux donner ce conseil de lecture. Vous pouvez commencer n’importe où. Ce n’est pas le fil d’une démonstration logique qui rassemble tous ces textes, mais plutôt le témoignage d’une dimension de l’écoute, de sa nécessaire singularité, de son lien avec la culture et sa richesse. L’inconscient est un pays que nous arpentons tous, chacun à sa manière bien sûr, mais chacun peut faire témoignage pour les autres.

Elle s’intéresse aux processus, aux moments féconds d’une prise en charge, autant pour des parents que pour des bébés ou des enfants nous dit-elle et ces moments sont reliés à toute sorte de (j’allais écrire « comparaisons », mais ce n’est pas tout à fait ça) faits issus de domaines très différents : des psychanalystes reconnus (bien sûr) mais aussi le peintre Jackson Pollock, Rembrandt, les mégalithes de Corse, la poésie de Rilke, Pascal Quignard, Joël Vernet … et j’en passe. Ainsi l’histoire des mégalithes de Corse (deux pages précises d’historienne, photos à l’appui) lui sert à expliquer, et à étendre, voire à universaliser, le processus de sublimation par « identification à l’agresseur » qu’elle noue avec les dessins d’un petit garçon.

Pour moi, topologue, l’ensemble laisse une sensation d’espace ouvert, large, comme une aventure en haute mer, ou aux sommets des montagnes : cette impression d’infini d’une part, et d’autre part de la description d’une nature humaine partagée par nous tous : la langue, les paroles et ses effets. On en a « plein les yeux » et là les « oreilles » !

Jeanne Lafont, mes livres : Chez Point hors ligne, Topologie ordinaire de Jacques Lacan, 1986; Topologie lacanienne et clinique analytique, 1990. Les pratiques sociales en dette de la psychanalyse, 1994. Chez EFEdition. Les dessins des enfants qui commencent à parler, 2001; Six pratiques sociales, (livre collectif), 2006; La langue comme espace, 2015.

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