Sous la direction de
Pierrick Brient et Benoit Maillard
Variations de l’humeur, L’affect dans la clinique contemporaine

Psychologie Clinique, nouvelle série, numéro 48 Éditions EDP Sciences, 2019, 255p.

Le présent ouvrage se propose d’interroger les différentes variations du phénomène de l’humeur et les renversements des affects dans la clinique, face au succès grandissant des nouveaux diagnostics et des classifications du DSM. Le terme de « bipolarité », auquel fait aujourd’hui référence la psychiatrie et le langage courant, relève -t-il d’un état pathologique ? Associé la plupart du temps à la manie et à la mélancolie, le mot « bipolarité » vient en effet chambouler les références de fond que l’on avait sur les névroses et les psychoses. Les troubles thymiques ne seraient-ils pas plutôt à saisir dans leurs logiques subjectives ? Avec la prise en compte de la singularité du sujet.

Un fil clinique et théorique anime ce livre collectif autour de ces questions.

L’enjeu de ce dossier est de donner des réponses à travers les différents thèmes développés par les auteurs : la douleur chronique, l’addiction comme rempart à la dépression, la « psychose à bas bruits », la parole répétitive du sujet déprimé, la clinique du sujet âgé…

François Duparc, psychiatre, psychanalyste, membre de la Société psychanalytique de Paris, explique dans son texte « Mauvaises humeurs (de la décharge des émotions aux humeurs blanches), que « la théorie des humeurs renvoie l’analyste à une histoire de l’affect avant la lettre, plongeant dans les émotions primaires mal symbolisées, comme celle des sujets peu névrosés, en deçà de l’affect relié au langage ». L’angoisse, dit-il, la tristesse, la colère ou la joie, peuvent exister hors langage et former le noyau traumatique des névroses actuelles : la neurasthénie, la névrose d’angoisse, l’hypocondrie ou la psychose blanche.

Dans son texte « Humeurs sénescentes : la question narcissique dans le vieillissement », Franck Rexand-Galais, psychanalyste, maître de conférence en psychologie clinique et psychopathologie à l’université d’Angers, donne au narcissisme un rôle central dans le fonctionnement psychique sénescent. L’auteur se réfère à la pensée de Balier, qui emprunte principalement la notion de soi à E. et J. Kestemberg (1966).

Avec l’article «  La conquête du désir : pas sans le deuil », Pierrick Brient, psychanalyste, psychologue, pose la question de la place du désir dans les approches centrées sur les troubles thymiques.

Dans leur intervention « L’alexithimie : historique, recherche et perspectives psychopathologiques », Benoit Maillard, psychologue clinicien, et Eckhard Frick, psychiatre, psychanalyste, examinent la notion clinique d’alexithimie, qui désigne l’absence de mot pour l’expression de l’humeur. L’une des questions soulevées dans l’article est de comprendre si l’absence d’affects peut être impliquée dans des modalités de type défensif.

Renaud de Portzamparc, psychiatre, psychanalyste, aborde, dans son texte « Objet a et manie », la clinique de la manie sur les « Mémoires d’un névropathe » de Daniel Paul Schreber. « Je suis Dieu et je suis porté par Dieu » serait le message du maniaque, observe-t-il. Ce qui, dans l’énoncé, correspond à l’Idéal du moi et au moi idéal.

Publiée deux fois par an, Psychologie Clinique est une revue ouverte aux praticiens et aux chercheurs en psychologie clinique, comme aux psychanalystes, aux psychiatres, et aux spécialistes des sciences humaines, notamment aux anthropologues. Le directeur de publication et rédacteur en chef, Olivier Douville, psychanalyste, psychologue clinicien, maître de conférence des universités, met en œuvre une écoute dont l’intention est de promouvoir une clinique du lien social.

Annik Bianchini Depeint

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