Pierre Daviot | James Joyce et la Bible

érès éditions, 2022.

Article rédigé par : Martine Glomeron-de Brauwer

Après le séminaire LeSinthome Lacan a eu le projet d’un séminaire de lecture de La Bible conjointement à celle de Finnegan’wake dans lequel Joyce, par une écriture singulière, ouvre la question du père et de Dieu.

Pierre Daviot cherche dans l’enseignement de Lacan ce qui aurait pu amener ce dernier à ce projet surprenant. L’obstination de Lacan à chercher dans la logique de Cantor lui permettait, avec le transfini, de donner un sensau système circulaire de l’écriture de Joyce, mais pas seulement.

Pierre Daviot, avec le mot « Divinité »nous fait voyager, tout au long de ce livre, dans sa lecture du texte poétique de Joyce et dans son retour à l’enseignement de Lacan. Au fur et à mesure de ses différentes leçons, avec ses chapitres numérotés et non titrés, une logique se dégagepropre, peut-être, ànous faire entendre des liens.

L’unique leçon du séminaire Les Noms du Père a laissé à Lacandes ouvertures pour dire, plus tard, « ce qu’il lui avait fallu taire » en 1963, se souvenait René Bailly auprès de Pierre Daviot. L’adhésion à Hegel, fortement relayé par l’enseignement de Kojève que Lacan avait suivi, lui avait ouvert la possibilité d’entendre la position de l’Autre non sans lien avec les Noms du Père et avec Dieu, celui du Discours de la philosophie et celui qui parle, le Dieu de la Bible. Sans ses références, écrit Pierre Daviot, Lacan n’aurait pu formaliser les structures au moyen de la logique comme il le fit et éloigner, ainsi, la psychanalyse d’une conception religieuse etlui donner un statut scientifiqueavec le transfini de Cantor et le dernier théorème de Gödel.

Néanmoins, l’auteur, après avoir précédemment écrit Jacques Lacan et le sentiment religieux, fait l’hypothèse que la psychanalyse peut devenir un mouvement religieux. Et si Lacan a « eu la conviction que son enseignement risquait d’être compromis par la fondation d’un lien social de type religieux » et insistait sur le non-rapport sexuel comme départ du nœud social, c’est que la réalité psychique entendue dans les cures et le fonctionnement des institutions psychanalytiques (scissions, disputes, controverses)  témoignent d’un fondement religieux.

Pierre Daviot termine son livre en citant le Lacan de D’un Autre à l’autre et nous invite à continuer à faire vivre la psychanalyse dans ces temps contemporains où « le Nom du Père n’[y] est plus reconnu comme le support de la fonction symbolique qui, depuis l’orée des temps historiques, identifiait sa personne à la loi ».

Martine Glomeron-de Brauwer

Psychanalyste à Paris, membre de L’instance lacanienne. Transcription avec Marguerite Charreau du séminaire Les noms du Père de Lacan.

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