Ce un livre procède par petites touches, treize chapitres en tout, autour d’une problématique commune sur la Lettre. Treize commentaires très divers à propos de nombreux auteurs, du tatouage à la vie d’Aby Warburg ou Jean Michel Basquiat, qui à chaque fois abordent la question de la Lettre dans l’inconscient, selon les dires de Jacques Lacan, mais aussi de Platon, à travers la figure de Diodime dans le Banquet.
Simone Wiener travaille avec une perspective assez novatrice qui va de l’œuvre à la vie et non l’inverse « suivre le chemin d’un travail sur l’œuvre comme éclairage de la biographie, et non l’inverse » (p 48). Ainsi, si le livre est très hétéroclite, il reste toujours pertinent et assez rare. A part quelques figures incontournables, Simone Wiener s’intéresse à des auteurs peu connus, voire méconnus ou oubliés, notamment les premières femmes introduites à la psychanalyse, Margarethe Hiferding par exemple, première femme à être introduite à la société du mercredi qui ressemblait les premiers psychanalystes autour de Freud.
Plane cependant, tout du long aussi, la question du deuil, de la mémoire et surtout de la mémoire des camps nazis. Il en reste le sentiment d’une rupture dans la transmission de la psychanalyse, toujours sensible que ce livre cherche à dépasser, ou du moins à en apaiser le tranchant : trouver un « au-delà possible à la perte du deuil », avec Pirandello, en guise de conclusion.
Jeanne Lafont, psychanalyste, psychothérapeute.
Mes livres : Chez Point hors ligne, Topologie ordinaire de Jacques Lacan, 1986; Topologie lacanienne et clinique analytique, 1990. Les pratiques sociales en dette de la psychanalyse, 1994. Chez EFEdition. Les dessins des enfants qui commencent à parler, 2001; Six pratiques sociales, (livre collectif), 2006; La langue comme espace, 2015