C’est un livre collectif de pas moins de 16 auteurs, autour des travaux de Jean Jacques Rassial notamment sur l’adolescence et les états limite qu’il présente comme « un état transitoire du synthome ». Ce concept lacanien, le synthome issu de la formulation du nœud borroméen est ainsi omni présent. L’adolescence aussi devient « le passage adolescent ». Cet ensemble remarquablement homogène est marqué par ce maitre mot de transformation, passage, changement, révolutions, très loin des stabilités de la structure. L’Autre sert le plus souvent de pivot, autant dans les réflexions sur la direction de la cure, que dans ses déploiements théoriques jusqu’au « manifeste déiste d’un psychanalyste juif » : « aux athées je répondrais que Dieu laisse au moins une place vide, celle de sa non-existence, là où il nommait le lieu de l’Autre, de l’altérité elle-même – lieu alors barré, vide de toute incarnation imaginaire. »
C’est la qualité la plus remarquable de tous ces articles : on entend le témoignage d’une communauté de travail centré sur des concepts à l’œuvre, loin des politesses et des compromis. Il y a ainsi des récits de véritablement retournements dans les évolutions de thèses sous la direction de Jean Jacques Rassial. Il préférait « orientator » (en portugais c’est le nom d’un directeur de thèse) et même « desorientateur » explique Mélanie Fakheur. Cet homme ne s’appuie pas sur l’autorité d’une fonction universitaire, mais sur une rigueur conceptuelle et une exigence de liberté.
Du coup, tout est intéressant.
Jeanne Lafont Psychanalyste, psychothérapeute. Mes livres : Chez Point hors ligne, Topologie ordinaire de Jacques Lacan, 1986; Topologie lacanienne et clinique analytique, 1990. Les pratiques sociales en dette de la psychanalyse, 1994. Chez EFEdition. Les dessins des enfants qui commencent à parler, 2001; Six pratiques sociales, (livre collectif), 2006; La langue comme espace, 2015